Nice-Matin (Cannes)

Quitte ou double

- de MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

« Un référendum est toujours dangereux, car les Français ne répondent jamais à la question posée mais en profitent pour dire oui on non à ceux qui les gouvernent. »

Voilà qu’au milieu de tant de réformes, de restructur­ations ou de changement­s annoncés, Emmanuel Macron inscrit à la une de son ordre du jour la réforme des institutio­ns. La Ve République fête cette année son soixantièm­e anniversai­re, il est temps, pour le Président qui n’a jamais varié sur ce point, de faire sa toilette. Rien d’inattendu dans cette démarche puisque les principes en étaient inscrits dans son programme électoral. Mais vaste programme, là encore, d’autant qu’il amènera sûrement Emmanuel Macron à un affronteme­nt avec le Sénat – donc avec ce qui reste de l’opposition de droite, quitte à en recoller les morceaux. Dans les propositio­ns qui seront mises sur la table à partir de demain, beaucoup d’entre elles ont un écho favorable auprès d’une majorité de Français, comme la réduction d’un tiers du nombre des parlementa­ires. D’autres sont plus politiques, comme

l’introducti­on d’une dose de proportion­nelle aux

élections législativ­es et répondent à une demande

faite, avant même son élection, par François Bayrou.

D’autres enfin sont carrément insupporta­bles pour les sénateurs surtout maires : d’Emmanuel la selon des limitation communes lui, que à Macron trois les inférieure­s profession­nels mandats est claire à successifs  : rien qui habitants). n’est font (sauf de pire, pour leur en La les volonté politique, mandat du Sénat, un métier celle et limitation pas une mission. est irrecevabl­e Mais, pour : après le Président tout, un élu le ne nombre l’est que des parce mandats que ses serait électeurs en quelque le choisissen­t. sorte s’inscrire Limiter contre la volonté du sacro-saint suffrage universel. Jusqu’où Emmanuel Macron est-il décidé à aller dans ce combat ? Il n’a pu jusqu’à présent convaincre le président du Sénat, Gérard Larcher, qui en fait une « ligne rouge » infranchis­sable. Alors, le président de la République est-il prêt à aller jusqu’au référendum pour faire passer son projet institutio­nnel ? On le sait, un référendum est toujours dangereux, car les Français ne répondent jamais à la question posée mais en profitent pour dire oui on non à ceux qui les gouvernent. C’est pourtant le risque qu’apparemmen­t le Président serait prêt à prendre. Le quitte ou double permanent est dans sa nature.

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