La rue Félix-Faure et ses sept changements de nom
Retrouvez chaque samedi notre rubrique « Résurgences ». Histoire de faire la part belle à notre patrimoine local, dans les terres comme sur la frange littorale. Patrimoine historique si riche et souvent trop bien caché. L’occasion aussi de faire ressurgir les souvenirs enfouis de nos ancêtres. Un récit hebdomadaire méticuleux de Corinne Julien-Bottoni, passionnante historienne et guide conférencière depuis ans à Cannes, Grasse et même Fréjus. Un rendez-vous agrémenté de clichés anciens présentés en miroir avec une photo du site actuel.
Durant tout le Moyen-Âge, Cannes demeure enserrée dans ses remparts. Sur le Mont Chevalier, la cité domine la mer et peut ainsi appréhender toute éventuelle attaque. À partir du XVIIe siècle, le retour d’une certaine sécurité, permet aux habitants de s’installer dans la plaine, à proximité du rivage. La construction de la « ville basse » qui commence alors se poursuivra sans interruption au cours des siècles suivants.
Une création ex nihilo.
Aménagée, dans les années , la rue Félix-Faure est l’une des premières artères importantes de Cannes. Parallèle à la rue Meynadier, plus ancienne et longtemps considérée comme l’artère principale de la nouvelle agglomération urbaine, elle se déploie, non loin du bord de mer, en longeant les marécages. Sur ces terrains sablonneux seront plus tard aménagés des quais et la promenade des Allées. Vers l’Est, la rue d’Antibes prolonge la rue Félix-Faure. C’est pour desservir les premières maisons érigées au pied du Suquet qu’un nouveau réseau viaire fut conçu ex nihilo. La rue Félix-Faure suit le tracé du grand chemin qui vient d’Italie. À l’origine, cette piste caillouteuse, créée en , se termine rue de la Pompe. Elle est ensuite prolongée jusqu’à gare.
Des demeures fastueuses et ostentatoires
Avec le développement économique de la ville, de nombreux commerces s’établissent aux rez-de-chaussée des immeubles de la rue Faure. Certaines de ces demeures érigées par certains notables, désirant avoir « pignon sur rue » offrent au regard, leur architecture ostentatoire et composite. Au début de la rue, non loin de la façade Nord de l’Hôtel-de-Ville, s’élève un édifice dont l’entrée est décorée d’Atlantes. Les nombreux balcons sont protégés par des balustrades en ferronneries ouvragées. On trouve aussi disséminés le long de cette rue commerçante, des échoppes aussi nombreuses que diverses : drogueries, caves à vins, horlogeries, tabacs et autres marchands de chaussures. Durant la période carnavalesque, les défilés, chars et autres cortèges passent dans la rue. Créées en , ces festivités sont particulièrement appréciées par les hivernants et les autochtones. C’est l’occasion pour les différentes classes sociales de se retrouver en un même lieu. Le corso de est une belle réussite. Après être passé devant la mairie, la parade suit la rue d’Antibes, et revient par la Pantiero et la Croisette. Le tramway emprunte aussi la rue FélixFaure. Une dérivation existe près du terminus de l’Hôtel-de-Ville pour effectuer les croisements. Automobiles, coches, bicyclettes et piétons circulent sans s’incommoder. En , la rue devient la Route Impériale avant de changer plusieurs fois de nom. Voie Royale dès , puis rue du Port, trois ans plus tard, elle devient la rue de la Commune en . Nommée rue Centrale en , on la rebaptise rue Félix-Faure en . En , elle se transforme en Avenue du MaréchalPétain, avant de retrouver le nom de Félix-Faure en , perdu trois ans plus tôt. Elle perd alors son statut d’avenue, pour redevenir une simple rue.