Générations Cloclo
ans après sa mort, Claude François est plus que jamais dans les coeurs des Français. L’histoire d’une légende née sur la Côte d’Azur. Les témoignages exclusifs de la mère de ses enfants, de son directeur artistique et son amie parolière.
Il souffre d’une audition défaillante - un comble pour un musicien et père de musiciens. Mais les souvenirs, eux, restent vivaces. A 95 ans, Jeannot Ceccarelli se montre loquace quand il s’agit d’évoquer les débuts à ses côtés, à Monte-Carlo, d’un inconnu nommé Claude François. Nous sommes à la fin des années 50. Claude a dû quitter son Egypte natale avec sa famille. « Il a débuté à l’orchestre Louis Frosio à Monte-Carlo. Il est resté trois ans avec moi », se souvient Jeannot Ceccarelli, joint à son domicile niçois à Saint-Pancrace. « Sa mère était une grosse joueuse. Elle perdait beaucoup d’argent. Elle a rencontré mon chef d’orchestre, qui fréquentait les jeux aussi. Elle lui a demandé s’il n’avait pas de travail pour son fils. Je l’ai vu arriver, avec son petit costume noir étriqué, demander à Frosio de l’embaucher. Frosio ne voulait pas, car on était déjà complets. Finalement, à force d’insister, on l’a engagé. Il était persévérant ! Mais on le payait avec un lance-pierres... » Jeannot Ceccarelli tient alors les baguettes, comme le feront ses fils batteurs André et Jean-Paul. Claude François complète la section rythmique au tumba et aux congas. « Contrairement à ce qu’on raconte, il n’a jamais chanté à Monte-Carlo, insiste Jeannot. J’étais bien copain avec lui. Mais il avait un caractère spécial. Il était emmerdant avec les musiciens. Un jour, il veut chanter. Le bassiste a dit : “Si tu veux, je te fais des arrangements gratuits”. On s’est mis à jouer un morceau. Ça ne lui plaisait pas. Il a pris les partitions... et les a jetées par terre. Je lui ai dit, énervé : “Tu n’arriveras jamais à rien !” Il m’a répondu : “Je te le prouverai”. Et il me l’a prouvé ! »
« Arriviste attachant »
Jeannot Ceccarelli décrit un jeune homme dévoré d’ambition, déjà obsédé par la perfection. « Il était toujours en train de répéter derrière les rideaux, les pas de danse et tout. Il avait du rythme. Il voulait monter un numéro avec des danseuses. » Jeannot décrit l’homme blessé, aussi : « Il était amoureux fou. Il a souffert de la séparation... » Jeannot fera recruter Claude à L’Ali Baba, une discothèque à Beausoleil. Puis la star en herbe décide de voler de ses propres ailes. Jusqu’au jour où Claude François, devenu « Cloclo », invite la famille Ceccarelli à son concert à L’Olympia. « Il nous a bien reçus. Il me disait : “Regarde toutes ces filles qui me suivent”, s’amuse Jeannot. Portrait contrasté. Comme souvent. « C’était un arriviste ! Mais je l’aimais bien, quand même. Il était attachant. »