Nice-Matin (Cannes)

Dany : « Il n’était pas accro aux lolitas »

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Belles, belles, belles, Si j’avais un marteau, Marche tout droit, C’est comme ça que l’on s’est aimé, etc, c’est elle ! Vline Buggy, auteure de plus de soixante-dix textes pour Claude mais également pour Sardou, Johnny ou Herbert Léonard et son tubesque Pour le plaisir. Jeune octogénair­e, elle a tout naturellem­ent baptisé de l’un de ses titres - J’y pense et puis j’oublie - son ouvrage sur le vif-argent d’Ismaïlia, connu à ses tout débuts alors qu’«il n’avait rien à bouffer». «Tellement de gens en parlent sans l’avoir connu que j’ai voulu raconter mon Claude ! Tous les deux nous avions des douleurs communes... La complicité a été immédiate même si lors de notre première rencontre, le jeune inconnu qu’il était m’a demandé sans sourciller de réécrire les paroles de ce qui allait devenir Belles, belles, belles », s’amuse Vline. Parolière de renom, elle est la fille de Géo Koger, disparu à Cannes en 1975 et qui signa les plus beaux titres de Tino Rossi, Maurice Chevalier ou Josephine Baker.

« Filles à poil » et lit aspergé d’eau bénite Son affection indéfectib­le pour le chanteur, son sens de la générosité («Il faisait des cadeaux à tout le monde !»), ne l’empêchent pas de titiller son caractère au fil de la conversati­on. « France Gall en a bavé avec lui. Il était Devenue gérante de Manoah Beach à Pampelonne, Dani Borg (alors Dany, photo ci-contre et première à gauche cidessous) fut la capitaine de la troisième équipe des Clodettes, de 1974 à 1978. Rappel d’itinéraire chic et choc.

Où étiez-vous le  mars  ?

Dans le studio des Buttes Chaumont à attendre Claude pour enregistre­r Les Rendez-vous du Dimanche avec Michel Drucker. A un moment nous sommes sorties acheter quelque chose à picorer et des fans nous ont demandé si Claude était vraiment mort... J’ai cru à une mauvaise plaisanter­ie, mais la radio disait vrai. Je n’ai pas pu me recueillir devant son corps avant le lendemain. Lorsque j’ai serré sa main, sous le maquillage, j’ai vu ses doigts brûlés...

Claude, généreux ou pingre ?

Généreux ! Pour Noël il m’avait offert, comme aux autres Clodettes une bague Cartier trois ors puis un autre modèle pour mon anniversai­re, hélas dérobée lors d’un cambriolag­e...

Clodette, un métier qui rapporte ?

C’était correct. tellement jaloux. Un défaut terrible. Je crois aussi qu’il faisait payer à ses conquêtes le fait d’avoir été plaqué par sa première femme, (Janet Woollacott, épousée à Monaco en 1960, Ndlr) qui lui préféra Bécaud », analyse Vline qui jure qu’aucune substance n’expliquait de tels comporteme­nts. « Boire, fumer, se droguer... Jamais ! Il avait peur de ça et il brassait tellement d’affaires...». Pourtant le vernis finira par se craqueler. Sans s’appesantir sur ses déboires avec les « jeunes filles », l’amie de toujours confesse : « Àlafindesa vie, il était devenu dingue. Des serveurs étaient en costume et gants blancs Nous étions mensualisé­es. L’équivalent de  € actuels je pense... Plus les cachets des galas.

Claude et les « jeunes filles » ?

Ces histoires m’agacent. Il n’était pas accro aux lolitas et n’a jamais abusé des femmes ! Concernant la mère de Julie, il était persuadé qu’elle avait  ans... Oui, il enchaînait les conquêtes sans lendemain, mais c’était sa façon de décompress­er. Et les affaires de chanteurs et de groupies ont toujours existé... lorsqu’il recevait au Moulin. Il photograph­iait des filles à poil pour son magazine Absolu, aspergeait son lit d’eau bénite car il rêvait de lui mort... Malgré tout, il continuait à m’écouter... » observe Vline choquée à vie par cet accident du 11 mars 1978.

Applique de salle de bain : la vaine mise en garde... « Mon beau-frère s’était occupé de la décoration de son appartemen­t parisien. Il l’avait sermonné, “Claude, on ne met pas d’applique au-dessus de sa baignoire”... « Quand on vient d’Ismaïlia, si ! », lui avait-il répondu...». Un ange passe. Les collaborat­ions avec d’autres chanteurs se poursuivro­nt. Mais sans jamais retrouver cette complicité et susciter telle admiration. « Herbert Léonard que j’ai produit après la mort de Claude était plus beau, chantait mieux mais n’avait pas cette rage », conclut Buggy qui résida successive­ment à Vence puis aux Hauts-de-Cagnes avant de regagner Paris d’où ces jours-ci elle ne cesse de répondre, étonnée et enjouée à bientôt 89 ans, aux multiples sollicitat­ions médiatique­s.

de Vline Buggy. L’Archipel. 240 pages. 18 euros.

Quel futur pour Claude ?

Il m’avait confié qu’un jour il ne pourrait plus danser et sauter dans tous les sens comme un fou. Il réfléchiss­ait à comment négocier ce tournant avec des chansons plus lentes. Puis il y a eu la vague disco... Je pense qu’il se serait orienté vers son propre concept d’émission télé, co-présenter une émission avec Michel Drucker en  lui avait plu. Il se serait aussi tourné vers la production. Il avait un coup d’avance sur tout. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un d’aussi enrichissa­nt. Brachet en montrant un cliché avec l’une de ces silhouette­s Cloclo en carton qui font le bonheur du fanclub. Et pourtant ce Toulonnais a côtoyé Claude François plusieurs années. Une relation «périlleuse» qu’il narre dans Mes Années Cloclo, ouvrage à paraître prochainem­ent. « Claude pouvait être aussi horrible que charmant. Notre vraie première rencontre remonte à ce concert marseillai­s qui coïncide avec son retour sur scène après son faux malaise... Il m’a alors proposé de l’accompagne­r trois semaines pour un reportage sur sa tournée d’été de  et j’ai accepté !», se souvient Jacques, alors correspond­ant culturel pour Var matin.

Reparti outré !

L’expérience vaudra son pesant de «contrariét­és»... « Ça s’est relativeme­nt mal passé. Il était toujours à cent à l’heure, arrivait au dernier moment sur scène... Impossible de travailler dans ces conditions. Mais le pire, c’était la façon dont il traitait son entourage. Je suis reparti outré !», se désole Jacques qui signera un article à l’avenant... Mais l’histoire est loin d’être finie. Une nouvelle entrevue scellera leurs retrouvail­les. « J’étais de passage dans ses bureaux parisiens. Lorsqu’il m’a reconnu, j’ai eu droit à un tête à tête. Mon article était sur son bureau ! Il s’est justifié sur son attitude, m’expliquant qu’il se devait d’être strict pour que tout fonctionne. Le lendemain nous dînions ensemble et il me proposait une nouvelle tournée à ses côtés. Et cette fois tout s’est très bien passé !», s’illumine le

L’idée de se rapprocher de ses enfants

« Nos derniers échanges se déroulèren­t au Mourillon, en marge d’un concert à Toulon. Claude voulait se refaire une image après ses déboires avec son magazine érotique Absolu en montant un nouveau périodique culturel distribué de Marseille à Nice. C’était aussi un moyen de se rapprocher de ses enfants qui vivaient dans le sud avec leur mère dont il était séparé. Il m’avait demandé de m’occuper de ce projet que nous avions nommé Scoop». Entre les deux hommes le courant passe. Hélas, un autre, mortel, fauchera l’idole en plein vol quelques mois avant la sortie d’un quelconque scoop sudiste... Jacques gardera tout de même l’idée en tête et montera EvasionMag, aujourd’hui en version Internet.

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«C’est la seule photo que j’ai avec lui !», plaisante Jacques Avec Vline Buggy, une complicité jusqu’à la fin. (Reproducti­on N.-M.) Le Toulonnais Jacques Brachet devait piloter pour Claude Scoop, un magazine distribué de Marseille à Nice. (DR) Varois qui gardera un lien jusqu’à la fin.
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 ??  ?? Extrait d’une des nombreuses notes manuscrite­s et dessinées laissées à Dani par Claude François pour les pas d’une future chorégraph­ie.
Extrait d’une des nombreuses notes manuscrite­s et dessinées laissées à Dani par Claude François pour les pas d’une future chorégraph­ie.
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Dani est installée depuis  à Saint-Tropez où elle est gérante de plage à Pampelonne. (Photo H. L.)

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