Nice-Matin (Cannes)

« Claude est devenu un

Chez elle à La Roquette-sur-Siagne, Isabelle Forêt, la mère des enfants de Claude François, partage ses souvenirs émus

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Al’entrée de son jardin à la Roquette-sur-Siagne, deux majestueux oliviers tricentena­ires accueillen­t le visiteur, avec la classe des anciens. Illusion de basculer dans une autre dimension, où le temps se serait arrêté. Il n’en est rien. Pour Isabelle Forêt, 70 ans tout juste, la vie s’est jouée tambour battant depuis les années Cloclo. Isabelle est l’ancienne compagne de Claude François, celle qui partagea le fabuleux destin de la star de 1967 à 1975, qui donna le jour à ses enfants Claude Jr et Marc. Elle est aussi « la pionnière du vin au féminin », fondatrice du site Fémivin, journalist­e, blogueuse, auteur de guides de dégustatio­n. Bref, au plan profession­nel comme privé, l’arrière-petite-fille de vigneron bourguigno­n a eu une vie après «lui». Ces jours-ci, forcément, c’est pour parler « Cloclo » qu’Isabelle Forêt a été sollicitée. Elle a souvent décliné. « La plupart du temps, je garde cela pour moi. Je n’ai pas envie de tout exposer, et je me méfie. J’ai eu une vie tellement riche... Je n’aime pas que l’on puisse s’imaginer que je n’ai existé qu’à travers Claude. » Elle a accepté pour Nice-Matin. Pour le quotidien de cette Côte d’Azur où elle a vécu à Théoule, Pégomas, puis La Roquette. « Il y a toujours eu une confiance, une complicité. Je me sens plus en famille ! » C’est précisémen­t pour évoquer la sienne qu’elle nous ouvre ses portes et sa mémoire.

Qu’éprouvez-vous, à l’heure des  ans de la mort de Claude ?

Je trouve fabuleux que l’on parle encore de lui ! Qu’il soit toujours présent dans les médias, les radios, les discothèqu­es... Comme il y a quarante ans. L’engouement n’a pas baissé au fil des génération­s.

A l’image de Matt Pokora et de son spectacle hommage ?

Je suis allée voir la tournée My way à Nice. J’ai été très frappée de voir dans le public - essentiell­ement féminin - des gosses de  ans comme les gens de ma génération. Quant au spectacle, je l’ai trouvé grandiose ! Mes enfants - mon fils aîné Claude notamment - ont beaucoup travaillé avec lui [Matt Pokora] sur le projet. C’est un garçon très profession­nel, humble, bienveilla­nt... Une belle âme ! C’est un bosseur, un perfection­niste, et un excellent danseur.

Cela vous rappelle quelqu’un...

Oui. C’est d’ailleurs ce que je lui ai dit. Ça l’a fait sourire...

Comment vivez-vous tous ces hommages à Claude François ?

Je trouve cela valorisant. Claude a toujours travaillé avec de grands auteurs. Si aujourd’hui, toutes ses chansons restent d’actualité et audevant des classement­s, c’est parce qu’il y avait un travail considérab­le derrière. Et un talent d’auteurscom­positeurs. Il savait associer à chaque titre la personne adaptée.

À quoi voyez-vous que l’héritage de Claude est toujours vivant ?

Déjà, quand on écoute les titres, ils ne sont pas démodés. Quarante ans après, tous les instrument­aux n’ont pas pris une ride ! Surtout Alexandrie Alexandra, Magnolias... Sans parler de My way, devenu un monument. C’est quand même incroyable qu’on en parle encore ! J’interprète cela comme un mythe. Comme Presley, quelque part.

Comme Johnny un jour ?

On ne sait pas comment ce sera pour Johnny. Pour l’instant, nous n’avons le recul suffisant que pour Elvis Presley et Michael Jackson.

Si le répertoire ’s de Cloclo sonne disco, les orchestrat­ions des débuts sont quand même très marquées yé-yé...

Dans les années , il n’avait pas trop son mot à dire. Il était bridé par le contrat avec sa maison de disques. Par la suite, il est devenu son propre chef d’orchestre, a géré ses auteurs, les arrangemen­ts ou encore les chorégraph­ies.

Cloclo, visionnair­e ? Pionnier ?

Bien sûr. Largement, oui !

Qu’est-ce qui vous touche le plus quand resurgit Claude François ?

Que les gens continuent à s’intéresser à lui, à l’idolâtrer, cela m’épate totalement. Je l’explique par son talent, les chansons, le personnage... Tous les Français ont un souvenir en relation avec une chanson de Claude. Aujourd’hui encore, la plupart des gens se souviennen­t où ils étaient, et ce qu’ils faisaient, au moment de la mort de Claude. Cela a été un choc pour tout le monde !

D’où vient une telle résonance dans l’imaginaire collectif ?

Il a été le premier à innover dans ses shows. Personne n’avait fait cela à l’époque ! Les Clodettes, la qualité du spectacle, toutes les innovation­s qu’il a apportées... On l’aimait ou on ne l’aimait pas, mais on ne pouvait pas être indifféren­t.

Pourtant, comme pour Johnny, l’image de Claude a pu osciller au fil des époques entre celle de précurseur et de ringard, avec ses costumes à paillettes...

Il y a toujours eu une bonne alchimie avec lui. On ne l’a jamais ringardisé. Même les costumes à paillettes sont complèteme­nt identifiés aux années .

Par ces temps de révolution des moeurs, où l’on veut supprimer les « grid girls » sur les circuits de Formule  et les hôtesses sexy du Tour de France, les Clodettes, ça ne pourrait plus se faire, non ?

Je pense que si. Il suffit de voir le spectacle de M. Pokora : il a mis des filles hyper sexy, des bombes atomiques avec des costumes mini-mini-mini ! Claude a été le premier à avoir des filles sexy sur scène, à les déshabille­r peu à peu, et à les mettre en avant. Il pensait que, si lui ne plaisait pas à certains hommes, ceux-ci viendraien­t quand même au spectacle pour voir les filles (rires) C’était de la com’ avant l’heure ! Aujourd’hui, on va un peu trop loin...

Comme toute révolution, celle que l’on vit a ses excès de zèle ?

Je suis tout à fait d’accord avec ce qui se passe actuelleme­nt. L’égalité femme-homme, je trouve ça formidable. Quand j’ai commencé à écrire sur le vin, je dérangeais, ça a été un parcours du combattant. Mais je pense qu’aujourd’hui, cette publicité où une femme ôtait le haut en disant “Demain, j’enlève le bas”, ça ne passerait pas.

En parlant de publicité, Claude savait bien se vendre ?

Le magazine Podium, c’était de la

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