Nice-Matin (Cannes)

Crash de Carcès : « Chaque geste compte pour les familles »

Un mois après la mort des cinq pilotes de l’EALAT dans le double crash de Carcès, l’émotion reste immense dans la population. Les gestes de solidarité sont nombreux, et précieux

- PHILIPPE ZAMARI pzamari@varmatin.com

Dans ces moments-là, il n’y a pas de petites attentions : chaque geste compte ». Le capitaine Maud, basée à la base Lejay, est la secrétaire générale de l’associatio­n « Entraide Alat ». En ce sens, elle est en première ligne dans une mission sensible, celle d’assurer aux familles des cinq victimes du double crash du 2 février le soutien le plus entier de l’Aviation légère de l’armée de Terre. « On utilise souvent, quand on parle de notre corps, la métaphore d’une famille. Et c’est dans ces épreuves terribles que cela prend tout son sens… »

Des fleurs sur les sites, un graffiti au Cannet

Depuis ce jour funeste, « nous avons reçu des centaines, des milliers de manifestat­ions de solidarité, de soutien, de compassion pour les familles des victimes. Beaucoup, évidemment, des alentours du Cannet, et de Pau d’où deux pilotes étaient originaire­s, mais aussi de toute la France. C’est réconforta­nt, pour les familles bien sûr mais également pour tous les militaires. Nos cinq pilotes se sont engagés pour la France, jusqu’au sacrifice ultime. En ces périodes de crise, l’expression du soutien de la population à ses militaires, un peu à l’image des Français saluant les forces de l’ordre après les attentats, fait chaud au coeur. » Il y a ces fleurs, anonymes et émouvantes, déposées sur les sites de crash, au lac. Il y a aussi ces messages, postaux, ou sur les réseaux sociaux, de soutien, et d’hommage aux disparus. Il y a encore ces gestes spontanés, comme ce magnifique graffiti signé « Sufyr », au Cannet-des-Maures. Sur sa page Facebook, en guise d’hommage, le talentueux artiste varois cite également Saint-Exupéry: « Le soldat n’est pas un homme de violence. Son mérite est d’aller sans faille au bout de sa parole, tout en sachant qu’il est voué à l’oubli». Autour de la base Lejay, les visages du colonel Stéphane Chaon, et des chefs de bataillon Patrick Vasselin, François Mille, Quentin Gibert et Sébastien Grève sont très, très loin de l’oubli.

Initiative de commerçant­s du Luc et du Cannet

Parmi les gestes les plus fréquents, sans surprise, se trouve le don financier. L’associatio­n Entraide Alat a ainsi ouvert une collecte spécifique « Pour les cinq familles », et reçoit des chèques « venus de toute la France ». Une collecte en ligne, désormais clôturée, a également permis de recueillir des dons. « Et localement, un restaurate­ur lucois est à l’initiative

(1) d’une collecte ouverte dans plusieurs commerces du territoire. Sollicité par des clients qui, comme lui, se demandaien­t comment aider, il est entré en contact avec nous, de manière à valider cette collecte et ainsi rassurer les donateurs sur la bonne utilisatio­n de leurs dons », observe le capitaine Maud. Ainsi, des troncs dédiés sont disposés chez plusieurs commerçant­s du Cannet et du Luc. Des ventes de produits ont également lieu, au profit de cette cause, tandis qu’une soirée de clôture permettra de reverser les fonds collectés à l’Entraide Alat (si les organisate­urs souhaitent rester discrets, vous pourrez trouver localement les renseignem­ents utiles, notamment auprès de vos commerçant­s lucois ou cannetois). «Dans ces cas de figure, faire un don est aussi pour de nombreuses personnes un moyen de manifester leur compassion, leur propre deuil… » Même si pour l’heure, « très soutenues aussi par les assistante­s sociales, les proches des victimes ont bien d’autres préoccupat­ions que ces sommes d’argent », celles-ci auront forcément leur utilité, tôt ou tard. Car l’entraide Alat oeuvre dans la durée. « Nos délégués locaux, dans toute la France, les DOM-TOM et même à l’étranger, apportent leur soutien aux familles, selon les situations et les besoins, pendant plusieurs décennies après un décès. Ce peut être de l’écoute, de la résolution de problèmes, financiers mais pas seulement, etc. On ne les délaisse jamais… Comme le dit notre président, le général Yann Pertuisel, “L’entraide Alat est plus qu’une associatio­n, c’est une belle idée qui nous rassemble ”». «Les familles sont estomaquée­s par toutes ces marques d’attention, qui s’expriment de tant de façons différente­s autour d’elles », observe le capitaine Maud.

À plus long terme, le devoir de mémoire

Un jour, plus tard, viendra aussi probableme­nt le temps de réaliser un monument, une stèle pour se souvenir. «Aujourd’hui, c’est trop tôt. En général, le corps et/ou les collectivi­tés en sont à l’initiative. Les anciens de l’Ealat oeuvrent souvent aussi pour cela. Ainsi que l’Entraide Alat, qui a le devoir de mémoire parmi ses missions ». L’associatio­n prendra donc soin, aussi longtemps qu’il le faudra, des familles de ces militaires qui font aujourd’hui face au pire. Comme l’a fait durant des années le correspond­ant local de l’Entraide, le chef de bataillon Patrick Vasselin… www.entraidala­t.com/ Et sur place, au Luc et au Cannet, chez les commerçant­s participan­ts

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