Nice-Matin (Cannes)

Au congrès du FN, l’Américain Steve Bannon en vedette De nombreuses défections d’élus locaux

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Le 16e congrès du Front national a ouvert ses portes hier à Lille avec la présence inattendue de l’ex-conseiller de Donald Trump Steve Bannon, censé expliquer comment « la victoire est possible » pour le parti d’extrême droite, avant que Marine Le Pen ne propose aujourd’hui un nouveau nom pour un parti qu’elle juge devenu « adulte ». «L’Histoire est de notre côté et va nous mener de victoire en victoire », a assuré devant les militants Steve Bannon, incarnatio­n de la droite américaine la plus dure, qui a dirigé la campagne présidenti­elle de Donald Trump dans la dernière ligne droite avant de devenir son conseiller à la Maison Blanche.

« Pas la définition de la dédiabolis­ation »

«Les peuples se réveillent et reprennent leur destin en main », avait souligné le vice-président du FN Louis Aliot vendredi en annonçant sur Les élections italiennes de dimanche sont grosses d’incertitud­es et de menaces pour l’Union européenne, mais surtout pour l’Italie elle-même qui se retrouve dans une situation politique inextricab­le. Les populistes de tout poil qui croient pouvoir tirer des leçons transposab­les à notre pays feraient bien de relire l’historien Pierre Milza, spécialist­e de l’Italie et décédé le  février dernier. L’unité nationale de ce pays est une constructi­on qui ne résulte pas d’un mouvement populaire mais d’une opération massive d’annexion des petits États de la péninsule par le royaume de Piémont-Sardaigne avec l’appui de la France de Napoléon III pour contrebala­ncer l’hyperpuiss­ance autrichien­ne. Cet assemblage bringuebal­ant ne s’est vraiment cristallis­é que dans les deux décennies de l’aventure fasciste, zone d’ombre jamais soldée de la conscience collective, puis abîmé de nouveau dans les années de plomb des Brigades rouges et de l’assassinat emblématiq­ue d’Aldo Moro. La concussion et le crime ont fait – font ? – partie des moeurs qui ont structuré la vie politique italienne, de la Loge P à la Cosa Nostra. Vers l’Italie compliquée, il vaut donc mieux ne pas aller avec des idées simplistes. Malgré un sursaut de reprise ces deniers mois, l’économie est atone et plus de   Italiens quittent leur pays tous les ans. Le MS, Mouvement  étoiles, arrive en Twitter la venue de cette personnali­té américaine influente et controvers­ée. C’est une visite « paradoxale » qui n’est «pas exactement la définition de la dédiabolis­ation » lancée depuis 2011, a taclé de son côté le cofondateu­r du FN, Jean-Marie Le Pen. L’ancien président du parti, exclu par sa fille pour ses propos polémiques sur la Shoah, a avoué sa « sympathie » pour M. Bannon lors d’une tête des élections législativ­es avec  % des suffrages, malgré ou grâce à un programme qui mêle allégremen­t la gratuité du wi-fi et le dégagisme, en ignorant l’équipée désastreus­e de son porte-étendard, Virginia Raggi, la maire de Rome qui s’active à ruiner un peu plus sa ville. L’extrême droite de la Ligue du Nord s’est embarquée dans une coalition improbable qui réunit à la fois les néofascist­es et les sbires d’un Berlusconi qui sort de la vie politique par la petite porte. Cet attelage atteint néanmoins  % des voix et revendique de former le gouverneme­nt ! Quant au sémillant Matteo Renzi, il subit une défaite calamiteus­e et le centregauc­he rentre dans l’opposition. Les leçons à tirer pour nous de ce chaos italien sont de plusieurs ordres. Les objectifs de cohésion nationale et d’équilibre territoria­l sont primordiau­x, et juger les performanc­es d’un pays sur des chiffres globaux qui ignorent la déshérence de territoire­s abandonnés n’amène que la révolte des laissés-pour-compte et l’égoïsme des favorisés. La question migratoire est la question centrale qui taraude les opinions publiques ; les politicien­s qui feignent de l’ignorer, la minimisent ou culpabilis­ent ceux qui s’en inquiètent seront jetés aux oubliettes. Mais a contrario, les extrémiste­s et tous ceux qui pensent qu’on pourra la régler avec moins d’Europe et une impossible fermeture des frontières, auraient intérêt à étudier la géographie des séance de dédicace de ses mémoires à Paris.

Incertitud­e sur le changement de nom

Ce congrès doit parachever la refondatio­n du FN engagée par Marine Le Pen depuis 2011, en vue des élections européenne­s l’an prochain, où elle croit à une victoire des populistes, comme en Italie. « Le Front national est devenu adulte. [...] Il est passé d’un parti d’abord de protestati­on » à «un parti de gouverneme­nt» ,adéclaré vendredi Mme Le Pen, estimant que «changer le nom, c’est une des manières de le faire savoir». Selon le parti, le principe d’un changement de nom a été validé par 52 % des militants. Mais Jean-Marie Le Pen met en doute ce résultat, et un cadre frontiste a dit avoir eu écho d’une «courte majorité contre le principe d’un changement de nom ».

côtes méditerran­éennes… Il conviendra enfin de toucher avec la plus extrême prudence à notre système électoral. Au motif de mieux représente­r des minorités irresponsa­bles, on voit les ravages du scrutin proportion­nel qui rend un pays totalement ingouverna­ble et permet à terme toutes les aventures totalitair­es.

Sur LCI, s’est déroulé l’événement politique de ce mois de mars : le débat entre les prétendant­s au poste de premier secrétaire du Parti socialiste, Luc Carvounas, Stéphane Le Foll, Olivier Faure et Emmanuel Maurel. Ce débat ne manquait pas d’intérêt puisque contrairem­ent à certaines analyses politiques, l’espace politique de la gauche s’est désencombr­é : La République en marche et Macron sont maintenant résolument au centre plutôt droit, et Jean-Luc Mélenchon, de foucades en coups de gueule, apparaît moins crédible. Ensuite ce fut l’occasion de faire connaissan­ce avec nos trois mousquetai­res qui, comme chez Dumas, étaient quatre. Si l’on connaît bien Le Foll qui nous a régalés comme porte-parole du gouverneme­nt avec ses lapsus et ses yeux rougis de fatigue, nous avons fait connaissan­ce avec ses rivaux qui peuvent arpenter la promenade des Anglais sans que jamais un Niçois ne les reconnaiss­e. La journée du Droits des femmes fut fêtée par avance et comme il se doit avec un casting exclusivem­ent mâle. Décidément, la « vieille politique » a la vie dure… Pire, sur le fond, la confrontat­ion fut affligeant­e et ne présageait rien Au-delà des questions de nom et de statuts, ce « congrès de la refondatio­n » entend insuffler une nouvelle dynamique, alors que le parti doit faire à la défection de nombreux élus locaux. Dans le Var, qui a eu  listes frontistes et compte aujourd’hui près de  élus FN, pas moins de douze défections ont ainsi été enregistré­es : ■ En Dracénie, Jean-Bernard Formé, conseiller municipal à Lorgues, a démissionn­é du FN en juin  ; à Draguignan, Valéria Vecchioa également quitté le groupe politique, suivie par MarieFranc­e Passavant et Alain Macke en avril . ■ Le maire de Cogolin, Marc-Etienne Lansade, en septembre . ■ Les élus de La Crau, Aline Poncke-Guige, Bernard Aussibal et Isabelle Azemard ont annoncé leurs départs en octobre . ■ L’ancienne maire du Luc, Patricia Zirilli, a quitté le parti en . Elle succédait à Philippe Delagrange, qui lui aussi, avait quitté le parti et la mairie du Luc. ■ Jean-Pierre Ponzevera, conseiller municipal à La Valette, a abandonné le FN en septembre . ■ Et jeudi dernier, c’est Claudine Kauffmann, sénatrice varoise, qui annonçait abandonner le parti d’extrême droite. Dans les Alpes-Maritimes, où le nombre de listes FN est plus faible, on comptabili­se trois départs : ■ La dernière élue au conseil municipal FN à Cannes, Catherine Dorten, a quitté le parti en décembre . ■ A Nice, l’élu et ex-conseiller de Marine Le Pen Gaël Nofri a quitté le parti pour rejoindre Christian Estrosi. ■ Marc Gérios, élu au conseil municipal d’Antibes, a claqué la porte du FN en octobre  et est désormais sans étiquette.

de bon pour les socialiste­s. Le seul ciment qui réunissait le quatuor était la détestatio­n d’Emmanuel Macron ! Quant aux propositio­ns concrètes et fédératric­es, il n’y en eut point, à part quelques lieux communs. La fracture entre l’analyse marxiste et la vision socialedém­ocrate se révélait béante. Il y a bien trois gauches irréconcil­iables au PS, les frondeurs qui se rallieront à Mélenchon, les libéraux qui partiront vers Macron et LREM, les utopistes qui rejoindron­t la démarche groupuscul­aire de Benoît Hamon. Quelques élus locaux, empêchés de toute influence nationale par l’interdicti­on du cumul des mandats, survivront dans leurs fiefs en rêvant de la gloire passée et en espérant que, comme en , la reconquête partira des municipali­tés. Allons, il ne faut pas désespérer, sur ces bases et après ce débat, il est envisageab­le d’avoir à nouveau un président de la République socialiste vers . Comme le disait Jean-Pierre Raffarin : la route est droite, mais la pente est rude.

C’est curieux, mais je n’arrive pas à croire un instant aux bonnes intentions de ce psychopath­e de Kim Jong-un. Depuis l’armistice de , la Corée du Nord s’est fondée sur une détestatio­n hystérique des Etats-Unis et sur la menace nucléaire. Du côté américain, malgré quelques tentatives de normalisat­ion, la Corée du Nord est classée définitive­ment dans « l’axe du mal », et Donald Trump n’a fait qu’aggraver les choses en truffant ses rodomontad­es d’injures personnell­es. Le président américain est donc dans une impasse

et se trouve quasiment forcé de serrer la main tendue par un dictateur sanguinair­e. Jamais celui-ci ne renoncera à l’équipement nucléaire qui assure la pérennité de son pouvoir et le protège des agressions de ses voisins. Il donnera quelques gages de surface, s’assurera d’une respectabi­lité passagère et Donald Trump, s’il se rend à Pyongyang, en rentrera Gros-Jean comme devant, comme Chamberlai­n et Daladier à leur retour de Munich.

Le Front national se réunit en congrès à Lille, sur cette terre de gauche qui lui a assuré de beaux succès lors des dernières échéances électorale­s. Contrairem­ent à ceux qui pensent, pour le craindre ou le souhaiter, que le parti fondé par Jean-Marie Le Pen serait en difficulté, je soutiens que les ressorts profonds qui ont amené sa présidente au second tour de la présidenti­elle sont plus que jamais présents. En outre, le départ de Florian Phillipot permet de clarifier une ligne politique qui s’était égarée sur des attendus gauchistes, l’empêchant de se démarquer de La France insoumise. Le FN revient donc à des fondamenta­ux identitair­es et xénophobes qui résonnent en profondeur dans les opinions publiques européenne­s. La question posée au Front national n’est donc pas de se refonder ou de changer, mais bien au contraire de feuilleter à l’envers le livre de son histoire. Non, le seul problème du parti frontiste, c’est bien Marine Le Pen et la honte inavouable et inavouée ressentie par ses cadres et ses militants en la voyant se « gaufrer » lors du le débat présidenti­el. Ce n’est pas son nom que le Front national doit changer, c’est sa présidente… Son père, le vieux Jean-Marie, le lui a asséné avec cruauté et lucidité.

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