Nice-Matin (Cannes)

Le Varois Gaston de Saporta l’un des plus grands botanistes du XIXe siècle

- ANDRÉ PEYREGNE

Aux confins du Var, près de Saint-Maximin se trouve la petite commune de Saint-Zacharie. Elle s’appelait autrefois Sagalarias – du latin signifiant « culture de seigle » - et s’est ensuite choisi le nom du saint dont la consonance était la plus proche. C’est là qu’est né en 1823, au château de Mont vert, l’un des plus célèbres botanistes du XIXe siècle, Gaston de Saporta, dont le nom est aujourd’hui porté par la départemen­tale 560, qui traverse la commune. Ce scientifiq­ue qui était marquis a vécu ensuite dans un autre château, proche de celui de sa naissance, situé lui aussi en lisière de la départemen­tale 560, le château du Moulin blanc, qu’il a hérité de la famille de sa mère Irène de Boyer de Fonscolomb­e.

Un drame change sa vie

C’est là qu’il créa en 1 851 un parc planté de magnolias, séquoias et autres essences rares, déployé autour d’un étang artificiel. Le jardin existe toujours ; il fait partie des «parcs remarquabl­es» du ministère de la Culture, mais ne se visite pas, étant le lieu d’habitation privé des descendant­s du marquis. La famille paternelle de Gaston de Saporta est venue d’Espagne à la fin du XVe siècle ; elle a donné des médecins à l’université de Montpellie­r, puis des parlementa­ires et des militaires à la France. Le titre de marquis leur fut attribué sous Louis XV. Chez les Saporta, on s’intéresse à la littératur­e, à l’histoire. C’est à cela que Gaston est destiné. Mais le drame qu’il vit en 1850 à la mort de son épouse

Valentine de Forbin, quatre ans après leur mariage, au moment d’accoucher de leur premier enfant, le pousse à changer de vie. Il se met à s’intéresser à la botanique. Il se spécialise dans les plantes fossiles et se met à fouiller les gisements inexplorés de la région.

Correspond­ance avec Darwin

Il émet des théories sur l’évolution de la flore depuis la préhistoir­e, qui intéressen­t le monde scientifiq­ue. Il entretient une correspond­ance avec le célèbre savant anglais Charles Darwin, spécialist­e de l’évolution des espèces. On appréciera la réponse très technique que fit Darwin à l’une de ses lettres: « Votre idée que les plantes dicotylédo­nes n’ont pas manifesté leur vigueur tant que les insectes suceurs ne se sont pas développés me paraît magnifique. Je suis surpris qu’elle ne me soit pas venue à l’esprit, mais il en est toujours ainsi lorsqu’on entend pour la première fois une explicatio­n nouvelle et simple. » Cette lettre du 24 décembre 1877 est citée par André Bailly dans les « Travaux du Comité français d’histoire de la géologie ». Gaston de Saporta devient membre associé ou titulaire d’une vingtaine de sociétés savantes françaises et étrangères, dont les Académies des sciences de Paris, Madrid et de Belgique. Lorsqu’il décéda en 1 895 à Aix-en-Provence, au domicile de la famille, l’hôtel Boyer de Fonscolomb­e, des messages arrivèrent du monde entier. Sa descendanc­e est toujours présente : la branche aînée des marquis de Saporta vit entre Aix et Paris. La branche cadette des comtes de Saporta, qui comprend six frères, vit dans le Sud. Trois habitent dans le château du Moulin blanc : l’un est encadreur de tableaux à Saint-Zacharie, un autre travaille dans le jardinage, un troisième dans le commerce informatiq­ue. Tous vivent dans le respect de leur trisaïeul, lequel décrivait son credo lors de son discours de réception à l’Académie de Marseille en 1872 : «Partir de l’algue et du mollusque inférieur pour aboutir à l’homme et à l’homme intelligen­t, moral et religieux, n’est-ce-pas constater dans l’oeuvre de la Création le plus magnifique et le plus incontesta­ble enchaîneme­nt du progrès ? »

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(Photos DR) Gaston de Saporta, qui jouissait de la considérat­ion des scientifiq­ues du mode entier, créa son parc botanique à SaintZacha­rie (ci-dessous) à partir de 1851.
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 ?? (Photos DR) ?? Ses dessins de plantes préhistori­ques ou exotiques (ci-contre) sont conservés au musée d’histoire naturelle d’Aix-enProvence, ville où il est mort en 1895.
(Photos DR) Ses dessins de plantes préhistori­ques ou exotiques (ci-contre) sont conservés au musée d’histoire naturelle d’Aix-enProvence, ville où il est mort en 1895.
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