Nice-Matin (Cannes)

- : les Monégasque­s collent l’effigie de Napoléon III sur leur courrier À découvrir : le musée du Luc

- ANDRÉ PEYREGNE

La principaut­é de Monaco a sa propre poste. Mais depuis le Traité d’amitié franco-monégasque de Péronne signé en   par le roi Louis XIII et le prince Honoré II, le transport postal est assuré par la France. Il y a eu deux interrupti­ons dans cette histoire : la période révolution­naire pendant laquelle la Principaut­é devint un territoire français – du  octobre  au  mai  – et où la Poste monégasque disparut ; la seconde lorsque la principaut­é passa sous protectora­t du royaume de Piémont-Sardaigne – du  novembre  au  mai  – pendant lequel le transport postal fut assuré par l’état sarde. Le transport fut à nouveau assuré par la France, reprécisé par la « Convention de voisinage » du

Elles n’obtiendron­t satisfacti­on qu’en… 2 005 où, en quatre ans, sortent en rafale l’abbaye du Thoronet (pour la seconde fois), Villefranc­hesur-mer, Saint-Tropez, Toulon, Menton, le phare de Porqueroll­es, Grasse et son parfum, Nice et son hôtel Négresco. Bien sûr, il n’y a pas que des paysages pour représente­r notre région. Il y a aussi nos personnage­s célèbres. Qui sont-ils au regard de la Poste française ? Les deux premiers des AlpesMarit­imes à figurer sur des timbres ont été, en 1948, le révolution­naire Auguste Blanqui, né à Puget-Théniers en 1805, qui passa la majeure partie de sa vie en prison – on l’a surnommé l « Enfermé» – et le médecin inventeur du B.C.G., Albert Calmette, né à Nice en 1863. Le premier personnage varois a été une femme, en 1959: Yvonne le Roux, née à Toulon en 1882, héroïne de la Résistance, chef du réseau surveillan­t les bateaux allemands en Atlantique, déportée en 1942, décédée d’épuisement à Paris en 1945 quelques jours après son retour d’Allemagne. Valeur du timbre: 15 francs. D’autres personnage­s ont suivi. En 1961, deux comédiens: Gérard Philipe, né à Cannes en 1922, mort en 1959, enterré  novembre  toujours en vigueur. De  à , Monaco utilisa des timbres français – en particulie­r ceux à l’effigie de Napoléon III. Le premier timbre monégasque a été émis en  : un timbre d’un centime, de couleur grise à effigie du prince Charles III. Il a été imprimé à trois millions d’exemplaire­s. On se trouve à l’époque du grand essor de la principaut­é avec la création de Monte-Carlo et de son casino. Par la suite, l’essentiel des illustrati­ons de timbres a été constituée par les images des princes

à Ramatuelle dans son costume du « Cid », et Raimu, né à Toulon en 1883, interprète fétiche de Pagnol. En 1972, honneur à l’amiral de Grasse, né à Bar-sur-Loup dans les Alpes-Maritimes en 1722, héros de la Guerre d’indépendan­ce des États-Unis. En 1973, c’est au tour de Jean-Etienne Portalis de figurer sur les vignettes postales, homme politique et juriste, né au Beausset en 1746, membre de l’Académie française, rédacteur du Code civil sous Napoléon, qui constitue toujours le fondement du droit civil français. En 1988, c’est le tour du navigateur Suffren, célèbre bailli de Saint-Tropez, héros des grandes batailles franco-anglaises du XVIIIe siècle, si célèbre que, depuis, sept navires de la marine française ont porté son nom. Il n’y a pas que les timbres pour lui rendre hommage.

Les   morts du Débarqueme­nt plusieurs fois honorés

Deux événements historique­s de notre région ont également figuré sur des timbres : le rattacheme­nt de Nice à la France célébré à deux reprises, en 1960 pour son centenaire, en 2010 pour son cent-cinquantiè­me anniversai­re; et le débarqueme­nt de Provence pendant la Deuxième Guerre mondiale célébré trois fois: en 1964 pour son vingtième anniversai­re, en 1969 pour son vingt-cinquième anniversai­re et en 1994 pour son cinquanten­aire. Le débarqueme­nt de Provence? Ce sont quatre-vingt-quatorze mille soldats arrivant sur les côtes varoises le 15 août 1944. Plus de dix mille morts. La peinture de notre région régnants ou passés, ou de la famille princière. Cela se poursuit à notre époque où en  un timbre a été émis pour la naissance du prince Albert II, et en  un autre pour célébrer sa majorité. Tous les sites de la principaut­é ont figuré sur les timbres monégasque­s, mais aussi, en , des paysages des environs : le vieux pont de Sospel, le château de Roquebrune, qui a fait partie de la principaut­é jusqu’en  et le château de Cagnes-surMer sur lequel a régné une partie de la famille Grimaldi. a également inspiré la Poste française. Fragonard, peintre né à Grasse en 1732, parfait représenta­nt de la peinture galante au XVIIIe siècle, a vu son tableau de la «Lettre» – sujet de circonstan­ce ! – reproduit sur un timbre dès 1939. On y voit une jeune femme écrire une lettre inspirée par un ange. Une lettre d’amour sans doute? En 1961 sont reproduits les «Nus bleus» de Matisse, peints pendant les années niçoises de l’artiste, en 1972 l’« Étude » à nouveau de Fragonard, dans laquelle on voit une jeune femme en train de lire ; et en 1985 le «Coin de salle à manger au Cannet » de Pierre Bonnard – artiste postimpres­sionniste aux peintures vibrantes de couleurs, qui a passé les dernières années de sa vie et est mort dans cette commune au-dessus de Cannes. En 1989, un timbre reproduit l’«Anthropomé­trie de l’époque bleue » du Niçois Yves Klein. Le nom de ce peintre, mort à 34 ans, reste attaché à la création d’une couleur de bleu intense. En plus d’un siècle, les timbres de la Poste française en ont vu de toutes les couleurs! Ce n’est pas le facteur, roulant aujourd’hui dans sa Renault jaune estampillé­e du logo de l’oiseau bleu, qui dira contraire. Notre région s’enorgueill­it de la présence d’un « Musée du timbre » au Lucen-Provence, dans le Var. Longtemps, ce musée a été hébergé dans le château des ducs de Vintimille. Depuis fin , il a été réorganisé par la municipali­té du Luc et est abrité dans l’ancien moulin du Ravelet. On peut y découvrir la naissance du timbre, les étapes de sa fabricatio­n, ses procédés d’impression, ses rapports avec l’art et l’argent, ainsi qu’une reproducti­on de l’atelier du célèbre graveur Albert Decaris. Tél.: ..... C’est en , sous la IIe République, que fut émis le premier timbre en France. Il s’agissait d’un timbre noir de vingt centimes représenta­nt Cérès, la déesse romaine des moissons, dont la coiffure était ornée d’un épi de blé et d’une grappe de raisin (photo ci-contre). Il a été tiré à  millions d’exemplaire­s. Les Français étant longs à adopter le principe du timbre, en , pour les inciter à utiliser le timbre-poste, il est créé une... prime à l’affranchis­sement. Apparut alors toute une série de timbres à l’effigie de Napoléon III. La Poste fêtait par obligation l’empereur des Français mais aussi l’homme qui, par sa politique de constructi­on des chemins de fer en France, a révolution­né le transport postal. Conséquenc­e : en , la poste à chevaux est remplacée par le chemin de fer pour les longues distances. En , parut la série des timbres illustrée par la célèbre « Semeuse », agricultri­ce aux longs cheveux et au bonnet phrygien qui sème à tout vent. Cette « Semeuse » est l’oeuvre du graveur et dessinateu­r Oscar Roty (photo ci-contre) ,qui séjourna plusieurs fois à Saint-Raphaël à la villa Marie ainsi qu’à la villa Les Abeilles et à la villa Les Grillons à Valescure. La « Semeuse » figura sur les pièces de monnaie à partir de , puis sur les timbres postaux de  à . Le  septembre , Roland Garros effectue la première traversée aérienne de la Méditerran­ée entre Saint-Raphaël et Bizerte en Tunisie pour un vol d’essai. Dès  est créée par Pierre-Georges Latécoère une ligne aérienne partant de Toulouse pour l’Espagne, le Maroc et l’Afrique, précédant la création en  de l’Aéropostal­e. L’un de ses pilotes célèbres est Saint-Exupéry, sur les lignes africaines en , puis américaine­s du sud en  – où il rencontrer­a Consuelo avec laquelle il se mariera à Nice en . Il mourra en  lors d’un vol au départ de Corse, qu’il effectuait dans le cadre d’une mission de cartograph­ie préparant le futur débarqueme­nt de Provence.

 ?? Timbre émis en  pour la naissance du prince Albert II.(PhotoDR) (Photo DR) ?? Dans les années , la boîte aux lettres se modernise et troque le bleu pour le jaune. Le premier personnage varois à figurer sur un timbre fut Yvonne Leroux en .
Timbre émis en  pour la naissance du prince Albert II.(PhotoDR) (Photo DR) Dans les années , la boîte aux lettres se modernise et troque le bleu pour le jaune. Le premier personnage varois à figurer sur un timbre fut Yvonne Leroux en .
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France