Nice-Matin (Cannes)

JEUX PARALYMPIQ­UES « Être content de moi » Trois questions décalées Le chiffre La date

Maxime Montaggion­i s’élancera la nuit prochaine pour la première des deux épreuves auxquelles il participer­a en Corée. Sérieux prétendant au podium, il ne se met aucune pression

- JEAN-MARC PONTE

Nous serons tous prêts physiqueme­nt, nous aurons tous la bonne technique mais ce qui va faire la différence, c’est le mental. » Un mental que Maxime Montaggion­i développe depuis un long moment. Depuis qu’il a vu le jour, finalement. Il y a 28 ans, l’Isolien naissait avec une malformati­on congénital­e à l’avant-bras droit. Un handicap qui a été, pour lui, un moteur plutôt qu’un frein. «Quand tu es jeune, les enfants te taclent, se souvientil. Puis vers 15 ans, j’ai eu un déclic. Je me suis dit que de toute manière, ça ne repoussera­it pas donc autant s’y faire et accepter. Si je n’avais pas eu ce bras en moins, je ne serais peut-être pas là où j’en suis aujourd’hui. » Effectivem­ent, c’est par le sport que cette force se traduit le mieux. Taekwondoï­ste à haut niveau, puisqu’il termine troisième aux championna­ts du monde de Lausanne en 2013, le champion excelle désormais dans une toute autre discipline, après un heureux concours de circonstan­ces. «Le snow était une passion comme je pouvais en avoir le week-end ou pendant les vacances mais je ne pratiquais pas à haute intensité. Puis sur un salon où nous pouvions tester de nouvelles planches, je me prends d’affection pour une marque...» En face de lui, le commercial remarque qu’il lui manque une main. Le début d’une belle histoire : «Sur le moment, je me suis dit ‘‘mais qu’est-ce que ça peut lui faire ?’’. Puis finalement, il m’annonce qu’il est l’entraîneur de l’équipe de France de snowboard handisport et me propose de faire un essai.» Malheureus­ement, le natif de Marseille est en 1/ « Ma prothèse (rires)! C’est vrai que c’est mon bras donc si je l’oublie pour le coup, c’est un sacré handicap. Autrement, mon portable pour envoyer un message ou deux à mes proches. Ça reste important même s’il ne faudra pas trop se focaliser sur ce qu’il se passe à l’extérieur ».

Quel objet vous ne pouviez pas oublier ?

passe d’obtenir un master et la date du stage ne concorde pas avec ses disponibil­ités. Ce n’est que partie remise puisqu’en 2014, l’entraîneur lui présente Patrice Barattero, qui s’apprête à partir pour Sotchi. «Il s’avère qu’à un pâté de maisons près, c’était mon voisin. Je me suis intéressé à ce qu’il faisait et à son retour des Jeux, tout ne s’était pas passé comme il le voulait. Il m’a dit ‘‘soit j’arrête, soit je te mets le pied à l’étrier’’. Me voilà parti pour ma première course de coupe du monde, en Hollande », développe le membre de l’associatio­n ANICES. Rapidement, il démontre de belles aptitudes puisqu’il termine quatrième à trois reprises, 2/ «sans être un as du snow. » Le progrès est pourtant constant, jusqu’à ces titres de champion du monde en bankslalom et de vicechampi­on en snowboardc­ross, il y a tout juste un an au Canada. Depuis, celui qui s’entraîne à Back to Back - club basé à Isola 2000 - a acquis le statut de sportif de haut niveau, débloqué des sponsors et l’armée l’a intégré dans ‘‘l’armée de champion’’, ce qui lui permet de percevoir un salaire tout en s’entraînant à plein-temps. Depuis plus d’une semaine, l’Azuréen est à Pyeongchan­g où il a de grandes chances de briller. En bankslalom comme en snowboardc­ross, épreuve par laquelle il démarrera, cette nuit, Maxime

Quelle personne espérez-vous voir éveillée la nuit prochaine devant sa télé ?

« Si les riders français valides nous regardent et qu’on peut les faire vibrer comme ils nous ont fait vibrer... Si Pierre Vaultier regarde et qu’il m’encourage par exemple, ce sera le top. C’est un homme que j’admire, qui est très inspirant ». est un très sérieux prétendant à la breloque. Un statut qui a changé en très peu de temps et qui amuse presque le principal intéressé : «C’est marrant de voir le point de vue des gens qui change mais je n’en tiens pas compte. Le but c’est d’être bien dans mes boots et faire ce que je sais faire. » Une chose qu’il a très bien su réaliser il y a un mois, au Canada une nouvelle fois. Effectivem­ent, il s’est imposé dans les deux spécialité­s, décrochant ainsi le globe de cristal du ‘‘overall’’ (toutes catégories mélangées). Ce qu’il considère comme «plutôt encouragea­nt », sans ne jamais s’enflammer. « Le raccourci de dire ‘‘le mec est champion du monde donc 3/ il va performer aux Jeux’’, c’est facile, affirme-t-il. Notre catégorie est assez élevée avec au minimum cinq concurrent­s pour le podium donc je ne me fixe pas d’objectif, si ce n’est d’être content de moi. Ma plus grande peur, c’est de partir de là-bas en ayant des regrets. » Malgré tout, la médaille est naturellem­ent dans un coin de sa tête et l’Isolien espère imiter sa cadette, Julia Pereira, vice-championne olympique en snowboardc­ross, le 16 février dernier. « Je croyais en elle, je savais qu’elle pouvait le faire. Ella a rempli la station de joie et désormais, c’est moi que les gens attendent au tournant. Ils croient en moi, j’ai envie de leur montrer que ce n’est pas pour rien. » Snowboardc­ross (lundi 12 mars) : à partir de 2h30 (la nuit dernière). Finale à 9h. Banked slalom (vendredi 16 mars) : à partir de 2h30. Finale à 8h55. Catégorie : SB UL.

Quels sont vos rituels le matin d’une compétitio­n importante ?

ANICES « En général, avec le stress, tu as besoin d’aller aux toilettes donc on va dire que si la cession du matin se passe bien, ça annonce une belle journée. Peu de sportifs l’avoueront mais je pense que nous sommes un paquet dans ce cas (rires) ».

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(Photo Jean-François Ottonello) Maxime Montaggion­i, ici sur la place Masséna à Nice, fait partie des  Français présents à Pyeongchan­g. C’est le nombre de clubs entre lesquels oscillent Maxime. L’associatio­n lui apporte un soutien logistique tandis que la partie entraîneme­nt est...
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