Le FN change de nom pour se relancer
La décision, approuvée à 52 % par les militants, a été annoncée lors du «Congrès de la refondation», à Lille. Marine Le Pen propose «Rassemblement national». Son père est définitivement exclu du parti
Ne dites plus « FN », mais « Rassemblement national ». C’est, tout du moins, la proposition qu’a faite hier Marine Le Pen aux militants. Tout un symbole,
(1) alors que la présidente du parti d’extrême droite tente de retrouver la dynamique qui l’avait portée au 2nd tour de la présidentielle. «La rénovation pour laquelle vous m’avez élue, je vous demande maintenant de la conduire à son terme, c’est la condition de notre succès» ,at-elle déclaré dans son discours de clôture du 16e congrès de sa formation, à Lille. Fusion sémantique de « Front national » et « Rassemblement bleu Marine », cette nouvelle dénomination entend poursuivre l’entreprise de dédiabolisation entamée en 2011.
Un troisième mandat de présidente
Hier la fille de Jean-Marie Le Pen, seule candidate, a été réélue à l’unanimité des suffrages exprimés (2,87 % de bulletins blancs ou nuls) pour un troisième mandat de présidente. Les militants ont également voté, à 79,67 %, les changements de statuts. Entre autres modifications figure la suppression du titre de président d’honneur, occupé par Jean-Marie Le Pen. Ce dernier n’a donc désormais plus aucun lien avec le mouvement qu’il avait fondé en 1972. À la fois forte d’un score historique à la présidentielle, et affaiblie par un débat d’entre-deux-tours raté, Marine Le Pen entend reprendre la main. Une nécessité, alors qu’un sondage Ifop pour Le Journal du dimanche, paru hier, indique que seuls 39 % des Français souhaitent sa candidature à la prochaine présidentielle – un recul de deux points par rapport à septembre 2017. Dans son discours de clôture, l’exavocate de 49 ans a tenté de s’imposer comme première opposante au président de la République, en fustigeant «l’errance» d’Emmanuel Macron: le nom du mouvement «En marche» «est en soi une profession de foi pour un nomadisme décomplexé
avec pour prolongements implicites un “sans-frontiérisme” et un “immigrationisme” irréductibles » , at-elle notamment lancé.
Ménager les différentes sensibilités en interne
S’adressant à l’aile droite de son parti, incarnée par sa nièce Marion Maréchal-Le Pen, Marine Le Pen a dénoncé une « société sans limites », en «pleine inversion des valeurs». Pour son aile gauche, qu’incarnait son ancien bras droit Florian Philippot avant qu’il ne claque la porte du parti, elle a promis de «protéger» les Français du «déclassement programmé», de défendre les services publics et de mettre en oeuvre un «patriotisme économique». L’équilibre des sensibilités au sein
du parti avait déjà été respecté, hier matin, lors de la présentation du nouveau «parlement du parti», dont le mode de scrutin permet de rayer des noms et donc d’obtenir un classement (lire ci-dessus). Mais même ripoliné, rebaptisé et expurgé de Jean-Marie Le Pen, le nouveau parti de Marine Le Pen garde l’un de ses fondamentaux : la flamme, calque du logo du parti néofasciste italien Mouvement Social Italien (MSI, aujourd’hui disparu) restera son emblème, a promis sa présidente. 1. Ce nouveau nom sera soumis à un vote par courrier des militants, dont le résultat ne sera pas connu avant au moins 6 semaines. Le principe du changement de nom,sansindiquerlequel,figuraitdansunquestionnaire envoyéàl’automneaux51000adhérents.30000d’entre eux y ont répondu, et le « oui » l’a emporté à 52 %.