Yann Piat : François Léotard s’en prend à Jacques Chirac
Pour la première fois, François Léotard, ancien ministre s’exprime et a des révélations à faire… L’accroche du reportage de 10 mn
(1) diffusé hier lors du « 19 Le Dimanche» (sur France 2) et présenté par Laurent Delahousse, laissait penser à la levée d’un mystère. Un scoop. Cette affaire criminelle qui a conduit à la mort de la députée - FN puis UDF - Yann Piat le 25 février 1994 sous les balles de deux motards aux Montdes-oiseaux à Hyères, allaitelle connaître un rebondissement? Vingt-quatre ans après son assassinat, l’ancien patron de l’UDF, ancien ministre de la Défense du gouvernement Balladur, s’exprime effectivement durant cet extrait mais pas sur la mise à mort de Mme Piat mais sur son propre vécu. Sa «démolition» politique. Surnommé Encornet dans un livre brûlot (écrit par André
(2) Rougeot et Jean-Michel Verne Ndlr), il y est cité au même titre que Jean-Claude Gaudin - baptisé Trotinette - comme ayant pu jouer un rôle dans la disparition tragique de la députée de la circonscription d’Hyères. Mais qui se cachait derrière cette accusation? Les auteurs auraient été, selon M. Léotard, «téléguidés». Par qui ? «Le milieu le plus élevé était informé et peut-être à l’origine de cette démonstration de bêtise…», commente-t-il. À la question de l’implication de Jacques Chirac sur les investigations des journalistes, l’ancien ministre évoque «une façon étrange de laisser faire qui est finalement conforme au personnage… ». François Léotard a attendu plus de deux décennies pour régler son compte à l’ancien président de la République sur fond d’affaire «Yann Piat». L’ex-responsable de l’UDF évoque ensuite un rendez-vous entre le chef de l’État, JeanClaude Gaudin et lui au fort de Brégançon après la victoire présidentielle de 1995. «C’était à la fois solennel et familier. Chirac nous avait convoqués pour expliquer que ce n’était pas lui [la désinformation des journalistes]. Et en sortant, j’ai dit ce n’est pas vrai. Je n’ai pas ouvert la bouche et j’ai dit : Au revoir Jacques. Et c’était un mensonge… ». Dans un grand rire M. Léotard soutient que Jacques Chirac était derrière les écrits. «Mais je n’allais pas lui casser la gueule !».
Coup politique ans plus tard
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que l’ancien homme politique commente cet épisode relatif à l’ouvrage le mettant en cause. En 2011, il dénonçait lors d’une rencontre avec le groupe Nice-matin un livre «profondément dégueulasse»; annonçant: «Un jour je dirai la filière qui a amené à cela La fabrication du faux général etc… (...) Je n’ai pas envie de ressasser des moments qui m’ont blessé». À 75 ans, il porte un dernier coup politique à l’encontre de l’ancien chef d’État français très affaibli et âgé de 85 ans.
1- Un reportage de 45 mn sera diffusé le 18 mars dans le magazine « 13h15 le dimanche». 2- En 1998, les auteurs ont été condamnés à 300 000 F d’amende chacun, 1 MF de dommages et intérêts. En appel, la peine a été réduite à 100 000 F. Le livre a été retiré des rayons.