Nice-Matin (Cannes)

Un Rassemblem­ent sans ouverture

- de MICHÈLE COTTA edito@nicematin.fr Journalist­e et écrivain

Voilà donc le Rassemblem­ent national. Le secret jalousemen­t gardé depuis plusieurs semaines a été révélé hier, comme prévu, à la fin du congrès de ce qu’il faut appeler maintenant l’ex-Front national. En soi, le nouveau nom du parti de Marine Le Pen est loin d’être original. La France a connu au long de son histoire politique bien de ces rassemblem­ents, accompagné­s d’adjectifs différents. Mais enfin, c’est fait: le suspense entretenu autour de ce nouveau rassemblem­ent a donné une grande partie de son intérêt à un congrès qui sur le fond, n’a pas

véritablem­ent bouleversé la donne politique. Sans rechercher un seul instant à se «dédiabolis­er», ce qu’elle avait fait les années précédente­s, Marine Le Pen a repris au contraire, comme on dit, ses «fondamenta­ux»: la lutte contre l’immigratio­n, illégale ou même légale, l’appel à une autre Europe, loin de celle de Bruxelles, tout en renvoyant prudemment aux calendes grecques la sortie de l’euro. Pas de nouveauté dans ses propos. L’autre surprise de ce congrès a été la présence de son invité vedette, le sulfureux Steve Bannon, ancienne éminence grise de Donald Trump, connu pour son discours anti-mondialisa­tion et ses conviction­s protection­nistes. Celui-ci a répété, à un public qui avait bien besoin qu’on lui insuffle un peu d’optimisme, que le parti de Marine Le Pen gardait toutes ses chances dans un univers européen chamboulé par la montée de l’extrême droite en Autriche et ailleurs, le Brexit et

l’inextricab­le imbroglio des élections italiennes. Mais les problèmes du Rassemblem­ent national restent les mêmes que ceux du Front national. Certes, Marine Le Pen a réuni autour d’elle l’année dernière près de  millions de suffrages. Et son socle, aujourd’hui, reste inchangé. Mais c’est encore insuffisan­t: pour gouverner la France, ce qui est désormais le but affiché de Marine Le Pen, il lui faut trouver d’autres alliés. Curieuseme­nt, pourtant, la patronne du Rassemblem­ent national n’a à aucun moment envisagé d’ouverture, aux déçus des Républicai­ns notamment ou encore à ceux qui, comme Thierry Mariani par exemple, semblent hésiter à sauter le pas. C’est là que le bât blesse: si elle ne le fait pas, on peut jurer que Laurent Wauquiez se lancera assez vite dans une OPA sur les militants du Front national. Aucun doute: c’est entre ces deux leaders que se situe désormais le combat à droite.

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