Lille de la désolation
Et maintenant des supporters qui s’en prennent aux joueurs ! Le LOSC, relégable n’avait pas besoin de ça, dans ce qui devient la pire saison de son histoire
« Si on descend, on vous descend »
21h50 samedi. Coup de sifflet final de Lille-Montpellier (11). Des supporters du LOSC se ruent sur la pelouse, s’en prennent aux joueurs et scandent leur colère : «Sion descend, on vous descend ». Les stadiers interviennent pour éviter le pire et seuls quelques « Dogues » sont bousculés. Les mots «peur» et « agressés » tombent de la bouche des joueurs lillois en zone mixte. Le football français est en émoi. Ces évènements graves pourraient entraîner de lourdes sanctions pour le club nordiste. La Ligue de football professionnel (LFP), qui « condamne fermement les débordements », a déjà annoncé que ce dossier serait mis en instruction dès jeudi devant ses instances disciplinaires.
Suspension de terrain dans l’air...
Une suspension à titre conservatoire du stade PierreMauroy est à craindre à court terme. Un match perdu et/ou d’autres matches sur terrain neutre et/ou à huisclos sont à redouter dans trois semaines, à la fin de l’instruction. « Frapper fort, agir vite et ensemble » a réclamé hier l’UNFP, syndicat des joueurs professionnels. Marc Ingla, directeur général du club a, lui, indiqué que le LOSC prendrait « les mesures appropriées » contre les auteurs de violences. L’union sacrée prônée cette semaine a déjà volé en éclats... Dans ce climat, l’opération maintien s’annonce encore plus compliquée. Cette saison, les supporters lillois avaient d’abord fait parler d’eux sans le vouloir. Lors d’Amiens-Lille, le 30 septembre, une barrière avait cédé, entraînant la chute de plusieurs dizaines d’entre eux. Bilan, 29 blessés.
Danger financier
Qu’est-ce qui a déclenché la colère des fans? Sans doute le décalage entre les ambitions et la réalité. Le rachat du club par l’homme d’affaires hispano-luxembourgeois Gérard Lopez à l’hiver 2017 et l’arrivée de Marcelo Bielsa devaient changer la dimension du LOSC. L’objectif cette saison était « le Top 5 ». Quelques mois plus tard, l’échec est criant : « El Loco » a été viré, remplacé par Christophe Galtier en décembre, et le club est plongé dans la zone rouge. Les soucis sont aussi extrasportifs. Déjà recadrés par la DNCG en juin dernier lors de la présentation de leur premier budget, les dirigeants nordistes se voient signifier une interdiction de recruter en décembre. Le LOSC comptait pourtant sur le mercato d’hiver pour renforcer un effectif en manque d’expérience. Alors que la DNCG veut des garanties à hauteur de 25 millions d’euros, le club fait le choix de ne pas s’affaiblir dans l’optique du maintien en gardant tous ses joueurs en janvier. La DNCG reste intransigeante et prononce alors une rétrogradation en L2 à titre conservatoire. Même si Lille obtient son maintien sur le pré, le club nordiste reste sous la menace.
Bras de fer juridique avec Bielsa
Licencié pour faute grave midécembre, Bielsa ne tarde pas à contre-attaquer et
traîne le club devant les tribunaux. La première manche, devant le tribunal de commerce, a tourné en faveur des Dogues. « El Loco » et ses conseils, qui espéraient que le LOSC soit déclaré en cessation de paiement, ont été déboutés de toutes leurs demandes. L’Argentin a même été condamné à payer 300 000 euros de dommages et intérêts au regard du caractère abusif de l’assignation. Mais la guerre va se poursuivre devant le conseil des Prud’hommes dès le 13 mars. Bielsa réclame 12,9 millions d’euros pour les salaires restants dus (il avait signé un contrat de deux ans) et environ 5 millions supplémentaires au titre du préjudice subi. Soit quelque 18 millions au total.