Un homme aux abois
En 1892, un légendaire capitaine de l’armée américaine (Christian Bale) accepte à contre coeur d’escorter un chef de guerre Cheyenne (Wes Studi) et sa famille, désireuse de retourner sur leurs terres tribales. Sur le chemin, qui les conduit du Nouveau Mexique au Montana, ils doivent faire preuve de solidarité pour survivre à l’environnement et aux tribus Comanche qu’ils rencontrent, en compagnie d’une veuve (Rosamund Pike) dont la famille a été assassinée. Tous les amateurs de la regrettée Dernière séance, amoureux de bons westerns, seront ravis d’apprendre que le genre, devenu très rare, perdure malgré tout. Hostiles fait même honneur aux classiques, lors d’une chevauchée dans l’Ouest sauvage en compagnie d’une formidable troupe d’acteurs, menée par Christian Bale, qui insuffle une puissance au voyage intérieur de son Joseph Blocker. En plus du propos politique sur la relation
L’AFFAIRE ROMAN J.
De Dan Gilroy (États-Unis). Avec Denzel Washington, Colin Farrell, Carmen Ejogo. Durée : h . Genre : thriller. Notre avis : ★★★ À la mort de son mentor, Roman J. Israel (Denzel Washington), avocat aussi idéaliste que déterminé, voit sa vie bouleversée. Dans l’univers des tribunaux surchargés de Los Angeles, celui qui fut son modèle et une figure légendaire des droits civiques laisse un vrai vide. Recruté par l’ambitieux George Pierce (Colin Farrell), Roman se lie d’amitié avec une militante de l’égalité des droits (Carmen Ejogo). Confronté qu’entretient l’Amérique envers les Indiens qu’elle a chassé de leurs propres terres – toute ressemblance avec certains conflits actuels étant volontaire –, Scott Cooper accorde une importance particulière au destin de chaque protagoniste. Il en ressort une odyssée, jonchée de cadavres, où les vivants qui tiennent encore à peu près debout, enterrent un à un les leurs. Au cahier à des événements extrêmes, il va pourtant remettre en question l’engagement qui a déterminé toute sa carrière. Denzel Washington est un acteur avide de performances. Il le prouve une énième fois dans L’Affaire Roman J., nouvelle livraison de Dan Gilroy, cinéaste propulsé par l’étonnant Night Call. Sa prestation d’avocat incorruptible, qui voit ses illusions, son idéal de justice, voler en éclats se situe même parmi les meilleures de sa riche carrière. Mal dans sa peau, cheveux mal ébouriffés, puis homme serein quand il prend les choses en main, quitte à enfreindre la loi, le changement est radical et le fameux conflit moral, si essentiel à l’élaboration des personnages complexes, est directement des charges : règlements de comptes, cavales, enlèvements, traîtrise, traversées des canyons par vents et marées… le cinéaste y mêle les pleurs et la douleur, comme pour mieux faire ressortir la culpabilité des hommes face à leur passé sanglant, à peine évoqué certes, mais pourtant omniprésent. L’impact n’en est que plus viscéral. transmis à l’assistance, alors prise dans le dilemme… et dans le rouage d’un thriller mené tambour battant qui n’a de cesse de renouveler ses enjeux. Jamais tendre avec ses personnages qu’il pousse dans leurs retranchements : le second rôle confié à Colin Farrell en patron capitaliste peu à peu touché par la juste cause est un modèle du genre, Dan Gilroy ne signe pas un pamphlet mais une réflexion sur le sens de la justice et de ses valeurs. En différenciant constamment l’homme de ses actes, en ne cherchant pas à tout prix à établir une frontière entre le bien et le mal, il donne à son Affaire Roman J. une belle profondeur insoupçonnée. Un film intéressant, au dénouement implacable, servi par une image stylisée et granuleuse. Parfaite reconstitution du Los Angeles des seventies.
CHIEN
De Samuel Benchetrit (France). Avec Vincent Macaigne, Bouli Lanners, Vanessa Paradis. Durée : h . Genre : comédie dramatique. Notre avis : De Todd Solondz à Samuel Benchetrit, en passant par Alain Chabat (Didier), le chien inspire décidément les cinéastes. Samuel Benchetrit adapte ici son propre roman, écrit dans une période déprime, avec l’incontournable Vincent Macaigne dans le rôle de l’homme qui devient chien. Rien de magique dans le processus : c’est le déclassement social qui conduit le triste héros de cette fable politique et sociale à abandonner toute fierté, et tout libre arbitre pour devenir le plus fidèle compagnon d’un dresseur de chiens (Bouli Lanners impayable, dans un rôle écrit pour Jean-Claude Van Damme). Moins drôle et réussi que son prédécesseur (Asphalte), le nouveau film de Samuel Benchetrit souffre de longueurs et d’une impression de déjà-vu. Il reste toutefois très recommandable.