Nice-Matin (Cannes)

Olivier de Benoist : “Je me sens plus légitime”

Puget Invité des 3J Comiques, l’humoriste présente son nouveau one-man-show

- PROPOS RECUEILLIS PAR CARINE BEKKACHE cbekkache@nicematin.fr

Cela fait une quinzaine d’années que je fais du one-manshow, souffle Olivier de Benoist. Mais aujourd’hui je me sens plus apaisé. Je n’ai plus ce besoin de faire rire toutes les trois secondes, tel un métronome... Je me sens plus légitime, tout simplement ! » Et cette maturité artistique, l’humoriste nous la prouve dans son nouveau spectacle, qu’il jouera samedi soir, sur les planches pugétoises.

Votre dernier one-man-show s’intitule -. Pourquoi l’avoir nommé ainsi ?

Un titre de spectacle, c’est comme une affiche… On le traîne pendant deux ou trois ans ! Alors j’en voulais un qui me parle. Derrière -, il n’y a pas de message codé, mais je trouvais marrante cette idée d’un score de tennis qui me permet de morceler mon spectacle en différente­s parties.

Mais encore ?

Il se divise en trois périodes : -, - et -. De  à  ans, j’évoque les objets culte qui ont bercé mon enfance et que tout le monde connaît : le téléphone à cadran, le magnétopho­ne ou encore le journal intime. De  à  ans, je fais référence au bac, que je vais d’ailleurs faire passer au public. Mais aussi à ma première plaidoirie d’avocat, qui fut un fiasco total, mais que je refais pour le plus grand plaisir de ma mère. Et de  à  ans, c’est le père de famille contrarié qui parle de sa quête artistique et du bilan de ses quarante ans, se projetant même jusqu’en .

Ce nouveau show n’est-il pas finalement le symbole d’une crise de la quarantain­e à retardemen­t ?

Je n’ai pas vécu de crise de la quarantain­e, donc je ne me voyais pas en parler. Il doit toujours y avoir une forme de sincérité dans le one-man-show. Le spectacle est plus fort quand on parle de quelque chose que l’on ressent. Or en ce qui me concerne, ma vie n’a aucun intérêt en tant que telle. Elle n’est pas trépidante et je n’ai pas eu une jeunesse incroyable. Par conséquent, je n’aurais pas eu la prétention d’en faire un spectacle. En revanche, tous les démarrages des séquences que je viens de citer renvoient à des situations personnell­es. Je reste sincère avec mon public.

À ce propos, où sont les femmes ?

Ma femme m’a reproché de parler trop souvent de la gent féminine. Depuis, je suis allé aux misogynes anonymes pour me soigner et aujourd’hui je suis guéri. Je peux parler d’autre chose ! Même s’il y a des rechutes...

On dit souvent de votre humour qu’il est misogyne. Mais vous, comment le qualifieri­ez-vous ?

Je ne peux pas lutter contre cela, car j’ai effectivem­ent fait beaucoup de spectacles où je parlais des femmes. Où je jouais le rôle d’un con, qui n’a qu’un degré, aucune conscience et qui dit des énormités sur sa femme, sur les femmes en général. Dans la salle, les femmes se marrent, se foutent de ce con. Et finalement, à travers moi, de tous les gens comme lui. En y réfléchiss­ant, c’est donc assez salvateur : je me définirais plutôt comme un féministe.

Quel regard portez-vous sur l’affaire Weinstein et l’ensemble des cas de harcèlemen­t sexuel pointés du doigt ?

Je suis extrêmemen­t ravi que tout ce qui était enfoui sorte enfin et que le mouvement se soit amplifié. Si cela peut changer le comporteme­nt de certains hommes qui se sont trompés de siècle... Le harcèlemen­t, je déteste ça au plus haut point. Les machos et les misogynes avec !

Ne craignez-vous pas, dans ce contexte, d’être parfois pris au premier degré ?

Il n’y a aucune ambiguïté en ce qui me concerne. Et puis, les rapports hommes-femmes, c’est le sujet le plus vieux du monde. Il se joue dans à peu près trois pièces sur quatre à Paris. Je n’ai rien inventé, je ne suis pas plus original qu’un autre. Mais je ne fais pas de vannes macho. Et quand quelqu’un en fait une au premier degré, je bondis. Je me dis qu’on est vraiment au niveau zéro de l’imaginatio­n.

Ce spectacle marque-t-il un tournant dans votre carrière ?

Oui, peut-être... Il est bien construit et n’a pas une once de vulgarité. Je crois qu’il a la bonne recette, c’est pour ça que j’ai prolongé ma tournée qui devait s’arrêter en juin. Je me rends compte à quel point il est savoureux et agréable à jouer. En plus, il marche très bien. Je n’ai jamais autant rempli.

Comment vous voyez-vous en  – dans la vraie vie cette fois ?

Je me verrais bien encore sur scène. Pas pour de mauvaises raisons, c’est-à-dire parce qu’il faut que je gagne ma vie, mais parce que ça continue à me faire rire et que le public est là !

Quels sont vos projets ?

J’ai eu une année chargée. Puis l’émission télé que je présente avec Stéphane Bern, le dimanche, me prend beaucoup de temps et j’ai beaucoup de dates de tournée. Je suis déjà très épanoui comme ça. C’est sympa de faire un milliard de trucs, mais en général vous ne les faites pas hyper bien et vous perdez sur tous les tableaux. Je préfère que les gens se disent à chaque fois qu’ils sortent de mes spectacles : c’était super, je reviendrai !

 ?? (Photo Pascal Ito) ?? « J’ai souvent joué le rôle d’un con qui n’a qu’un degré, avoue Olivier de Benoist, mais en réalité je suis un féministe. »
(Photo Pascal Ito) « J’ai souvent joué le rôle d’un con qui n’a qu’un degré, avoue Olivier de Benoist, mais en réalité je suis un féministe. »

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