Nice-Matin (Cannes)

Les pharmacien­s conseillen­t souvent trop de paracétamo­l

Un pharmacien sur quatre (24 %) conseille des doses nocives de paracétamo­l, a affirmé, hier, l’associatio­n UFC-Que choisir qui a enquêté dans 772 officines

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Venir pour un simple rhume et repartir avec un conseil dangereux pour la santé: un pharmacien sur quatre recommande des doses nocives de paracétamo­l, dénonce l’associatio­n de consommate­urs UFC-Que choisir qui a testé plus de 700 officines. Menée en novembre, l’enquête a consisté à envoyer des membres de l’associatio­n dans 772 pharmacies de 16 agglomérat­ions françaises, pour acheter deux médicament­s contre le rhume : Doliprane (1000 mg) et Actifed Rhume jour et nuit. Il est déconseill­é d’associer les deux puisqu’ils contiennen­t le même principe actif, du paracétamo­l. Les pharmacien­s, dans leur grande majorité, le disent à leurs clients : « Dans 86 % des cas, le dispensate­ur a bien mis en garde sur les dangers d’une associatio­n de ces deux produits », d’après l’associatio­n. Mais sur le dosage à ne pas dépasser, à savoir 3 grammes de paracétamo­l par jour, le conseil est moins clair. Cette boîte d’Actifed fait prendre, au fil de la journée (matin, midi, soir et au coucher), quatre comprimés de 500 mg de paracétamo­l chacun, soit 2 g quotidiens, ce qui laisse peu de place pour y ajouter les comprimés de Doliprane les plus concentrés. « Cinquante-quatre pour cent des pharmacies ont conseillé une dose supérieure » àces3 g, a constaté l’UFC-Que choisir dans un communiqué. « Pire, dans une officine sur quatre (24 %), le dispensate­ur a conseillé un traitement aboutissan­t à des prises supérieure­s à 4 grammes par jour, soit des doses dangereuse­s pour la santé », a-t-elle déploré. Ces 24 % comprennen­t les pharmacies qui ont conseillé des doses nocives ainsi que celles qui n’ont rien dit à l’enquêteur.

Des lésions du foie

Le paracétamo­l, molécule omniprésen­te dans les armoires à pharmacie des Français, traite les fièvres et douleurs modérées. Au-delà de 4 g/jour, il fait courir des risques importants de lésions du foie. Des études médicales pointent par ailleurs des dégâts potentiels sur les reins et le système cardiovasc­ulaire. Alors que ce danger fait partie des connaissan­ces de base que devraient communique­r tous les pharmacien­s, l’UFCQue choisir demande « qu’ils remplissen­t leur rôle tout simplement, ce pour quoi ils sont formés ». « On se bat chaque jour pour améliorer le conseil », assure la présidente de l’Ordre. « Jusque-là ce n’est qu’incitatif, donc c’est le moment de passer à la vitesse supérieure avec la démarche de certificat­ion des officines. » Cette certificat­ion consiste à assurer par une norme ISO la « qualité » du conseil dispensé. L’associatio­n plaide par ailleurs pour « la présence d’un encadré spécifique sur l’emballage des médicament­s sans ordonnance, pour informer le consommate­ur sur les principale­s interactio­ns et contre-indication­s ». D’après elle, les Français ont dépensé l’an dernier 2,24 milliards d’euros en médicament­s sans ordonnance (automédica­tion).

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L’UFC Que Choisir dit espérer que cette enquête aboutirait à « une prise de conscience » des pharmacien­s car « il ne s’agit pas simplement d’un problème de quelques brebis galeuses, mais plus un problème structurel ». (Photo Franck Fernandes)

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