Ouverture royale avec Versailles
Le Festival cannois des séries, concurrent de Sérimania à Lille, se déroule jusqu’au 11 avril
La guerre des séries aura bien lieu. Elle pourrait s’intituler Nord et le Sud, comme jadis avec le regretté Patrick Swayze, puisqu’elle oppose Lille (du avril au mai) à Cannes. Deux Festivals, Serimania pour le Haut de France et CanneSeries pour la Côte d’Azur, qui ambitionnent tous deux, malgré les discours politiquement corrects sur « la saine concurrence et la place pour tous », de supplanter l’autre pour devenir LA référence du genre en Europe. Si la Croisette a perdu une première bataille (c’est le projet lillois qui a obtenu le soutien officiel de l’État, mais l’ex-Ministre de la culture Fleur Pellerin est Présidente d’honneur de CanneSeries), elle mise sur son traditionnel marché MipTV (des contenus télévisuels), mais aussi, voire surtout sur son climat et son glamour pour se révéler encore plus accueillante que les ch’tis. Avec un budget d’environ , M€ (Région, département, Ville) et un partenariat avec Canal plus, qui retransmet les cérémonies en direct et en clair, Cannes entend rivaliser avec les M€ de Lille (dont M€ de subvention du Centre National du Cinéma et , M€ de la Région présidée par l’ancien ministre Xavier Bertrand), qui a su attirer les dirigeants de HBO et Netflix, deux acteurs incontournables dans le domaine des séries. La lutte par écrans (le petit, à la conquête du grand) interposés sera donc rude, dans une ambiance à la Dallaaaaas, ton univers impitoyaaaaable !, quarante ans après. Quoi qu’il en soit, pour une première édition, CanneSeries a plutôt de la gueule. Comme un épisode pilote qui donne envie de voir la suite. Avec une compétition qui mise clairement sur la découverte et la créativité (long format et digital court), au travers de dix séries inédites représentant de nombreux pays (sauf la France, dommage !) Avec des séries de prestige, hors compétition et en avant-première (Safe, La Vérité sur l’Affaire Harry Québert, Versailles ), qui associent casting quatre étoiles (Michael C. Hall, Audrey Fleurot, Patrick Dempsey, l’écrivain Harlan Coben, Jean-Jacques Annaud) et scénario alléchant. Avec des rencontres-projections organisées sur des séries populaires d’aujourd’hui et d’hier (Demain nous appartient, le Bureau des Légendes, Capitaine Marleau, Section de Recherches, Scènes de ménage…). Avec un cérémonial qui déroule le tapis… rose, pour tenues « chic décontractée ». Avec une ouverture au public, qui peut accéder à tout. Certes, CanneSeries devra encore écrire son histoire et affirmer son identité pour tenir le premier rôle, en s’affranchissant du Festival du film. Mais on en salive déjà à l’avance… ALEXANDRE CARINI