Nice-Matin (Cannes)

Tango solo pour passer de solitaire à... soliste !

Marc Gélas débarque sur la scène du théâtre Le Tribunal avec son seul en scène qui n’a jamais aussi bien porté son nom. Légèreté et profondeur à voir dès ce soir

- PROPOS RECUEILLIS PAR MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Franchemen­t, y’a des jours où être un bipède, ce n’est pas de tout repos. Quand la remise en question pointe le bout de son nez, ça peut tout chambouler. Et justement, c’est bien de ça dont parle Marc Gélas sur les planches du théâtre Le Tribunal dès ce soir avec Tango solo. Un seul en scène où un quinqua s’interroge sur ses choix, sur ce qu’il est, sur ses envies, sur ses peurs. Un bilan en rythme, crescendo avec des envolées. C’est profond, c’est tendre. Puis, c’est criant de sa vérité. Et c’est sûrement pour ça qu’ça touche.

Le personnage arrive chez lui, il a quelque chose à dire à sa femme…

Sauf qu’elle ne lui répond pas. Alors, il se retrouve dans une réflexion intérieure. Il préfère s’isoler du monde extérieur, de la souffrance et de la violence qui existent dehors. Il se pose des questions et exprime des choses qu’il n’avait jamais pu. Il réfléchit à l’abri et au fur et à mesure, l’écriture évolue…

C’est-à-dire ?

Je trouvais ça intéressan­t d’utiliser plusieurs manières d’écrire pour constituer le spectacle. Au final, la création est formée par des fragments de quelques minutes qui sont tous liés. La cohérence est là. Mais on n’a pas une histoire racontée du début à la fin de la même manière. Cela participe aussi à l’évolution du personnage dans son cheminemen­t.

Il est timide ?

Oui, renfermé, plein de souffrance. Mais en réalisant son constat intérieur, il va au-delà de la noirceur apparente. Justement, ce n’est pas un spectacle sombre. Le personnage use d’autodérisi­on et d’ironie aussi.

Il vous est venu comment ce personnage ?

Comme dans toutes les créations, on met toujours de soi. Mais dans celle-ci je me suis beaucoup inspiré de mon propre vécu.

Il vous ressemble?

Oui. Je me suis nourri de ma propre expérience, d’une séparation difficile, de ce sentiment d’en vouloir au monde entier… Avec le recul je voulais tirer quelque chose d’artistique de tout cela. Mais voir un mec qui se sert de la scène comme thérapie il n’y a pas plus ennuyeux. Alors, j’ai créé ce personnage en usant de légèreté et d’humour.

Quels sujets abordez-vous ?

Oh, y’en a pas mal… L’enfance, le travail, la difficulté d’être avec les autres. C’est pour cela qu’il parle à beaucoup de personnes : ce sont des thématique­s qui touchent tout le monde.

Vous parliez du travail physique

Oui, il y a une énorme part de mime, de travail physique dans cette interpréta­tion. Le corps permet d’exprimer autre chose.

En abordant vos angoisses sur scène ça permet de les calmer ?

Ah, elles ne sont plus les mêmes, ce n’est plus aussi noir. Il m’en reste toujours, c’est sûr, elles sont autres. Mais je suis heureux aujourd’hui. Ce spectacle détient vraiment une importance particuliè­re pour moi.

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(Photo DR) Marc Gélas offre un pas de deux en duo avec sa tendre solitude dès ce soir sur les planches du théâtre Le Tribunal.
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