Filière djihadiste de Lunel : un procès et le spectre des absents
Entre 2013 et 2014, la petite ville de Lunel, dans l’Hérault, avait vu partir une vingtaine de ses jeunes pour le djihad en Syrie. Cinq hommes sont jugés à partir de demain, au tribunal correctionnel de Paris, pour association de malfaiteurs terroriste. Mais la majorité ne sont jamais rentrés. Houssemedine, Alexandra, Raphaël, Abdelkarim... La plupart des protagonistes de cette histoire sont des fantômes. Quinze font toujours l’objet de mandats d’arrêt, présumés morts en Syrie pour au moins huit d’entre eux, ou toujours en vie làbas pour les autres. Les premiers à partir avaient quitté Lunel en novembre 2013, puis les départs, entre amis ou en famille, s’étaient échelonnés jusqu’en décembre 2014. Ces camarades nourris de propagande avaient d’abord rejoint le Jaysh Mohamed, un groupe armé proche du Front alNosra, alors allié à al-Qaïda. Puis Daesh. Au total, une vingtaine de Lunellois s’étaient retrouvés en Syrie: l’une des vagues de départs les plus importantes de France, à l’échelle de cette commune de 26 000 habitants, minée par le chômage.
« Djihadisme à la française »
De quoi faire de ce groupe de Lunel – petite ville jusqu’alors davantage connue pour son muscat et ses manades – un laboratoire du « djihadisme à la française ». Âgés de 29 à 47 ans, les cinq hommes jugés à partir de demain avaient été interpellés fin janvier 2015. Seuls deux sont accusés d’être partis en Syrie: Adil Barki et Ali Abdoumi. Les trois autres prévenus, Hamza Mosli, lui aussi détenu, et Jawad S. et Saad B., n’ont pas quitté Lunel.