Nice-Matin (Cannes)

Les étudiants s’opposent sur le blocage de la fac

Remonté contre la réforme de l’université, le collectif qui a bloqué la fac de sciences à Nice, hier, a voté la poursuite du mouvement. Sur fond de tension avec le syndicat majoritair­e

- LAURE BRUYAS lbruyas@nicematin.fr

Des palettes. Des poubelles sur lesquelles on a posé un buste de mannequin comme une Marianne sans tête. Des barrières. Café, bières, clopes. Et des slogans hostiles à l’ancienne doyenne de la fac de Nice devenue ministre, Frédérique Vidal. Ambiance barricades à Valrose, hier matin à Nice, où quelque 150 étudiants et enseignant­s ont bloqué la fac de sciences. « En 2007, la loi relative aux libertés et responsabi­lités des université­s a rendu les université­s autonomes. Depuis cette date, l’État se désengage. De nombreuses université­s sont au bord de la faillite. À Nice, le budget 2 017 n’a été à l’équilibre que parce que les dotations des différents campus ont baissé de 15%, que les financemen­ts d’entretien ont été divisés par deux et que les dotations des labos ont été rabotées », harangue Solène Boisard, juchée sur une chaise branlante. Étudiante en archéologi­e, elle fait partie du collectif « Sauve ta fac », « un collectif sans meneurs, sans chefs » à l’origine du blocus voté vendredi dernier lors d’une assemblée générale contestée par les autres organisati­ons étudiantes.

« C’est la fin du savoir libre et gratuit ! »

Au mégaphone, elle lance une nouvelle salve, cette fois contre la réforme Vidal : « La conséquenc­e c’est qu’on est en train de mettre en place des masters payants : ces formations qui se dissimulen­t sous le nom de diplômes d’établissem­ents et qui coûteront 8000 euros aux étudiants. C’est instaurer une sélection par l’argent. Aujourd’hui, avec la réforme, ce ne sont plus les étudiants qui choisissen­t leurs université­s mais les université­s qui sélectionn­ent leurs étudiants ! » À côté d’elle, Lucile Dalmasso, étudiante en anthropolo­gie, embraye poing levé: « C’est la fin du savoir libre et gratuit ! On a le sentiment que Nice est un laboratoir­e d’expériment­ation : la ministre veut privatiser l’enseigneme­nt supérieur, c’est non ! » Dans la foule des bloqueurs, on croise Enzo, lycéen, qui milite pour « une éducation ouverte à tous ! », à Parcoursup’ dans le collimateu­r et déplore qu’«on préfère supprimer des places plutôt que d’ouvrir de nouvelles facs ! ». À côté, Jérémie s’insurge : « L’État ne cesse de se désengager des services publics et surtout de l’enseigneme­nt supérieur ». Il y a une blonde aux cheveux rouges qui crie « révolution », Corinne et Christian, parents mobilisés, qui distribuen­t du café puis Julie et Léo, la petite vingtaine, qui rêvent d’un nouveau mai 1968 : « Il faut que ça bouge : les retraités qui se font taxer, l’ISF qui baisse pour les riches qui jouent en Bourse… Il faut un changement ! ». Mais la Face 06, organisati­on étudiante majoritair­e, vient troubler les «troublefêt­e». Mégaphone contre mégaphone. Bloqueurs contre débloqueur­s. Brouhaha. La poursuite du blocus est votée dans la plus grande confusion. Barricades maintenues aujourd’hui.

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(Photos Frantz Bouton et L. B.) Le collectif « Sauve ta fac » et la Face , mégaphone contre mégaphone, hier matin devant le campus Valrose.

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