« Mêlez-vous de vos fesses » : le maire de Fréjus n’a pas injurié son opposante
Poursuivi pour injure publique lors d’une réunion du conseil municipal, David Rachline, 30 ans, maire de Fréjus, a été relaxé hier par le tribunal correctionnel de Draguignan. Il n’a pas nié avoir répondu « Mêlez-vous de vos fesses », à la conseillère municipale d’opposition Françoise Cauwel, qui venait de lui poser une question lors de la réunion du conseil le 22 juin 2016. Question qui avait trait au dispositif de sécurité qui devait encadrer le concert de Johnny Hallyday prévu cet été-là à Fréjus. Il est ressorti du tribunal avec un casier judiciaire aussi vierge qu’à son entrée dans le prétoire.
« Je me suis agacé »
David Rachline a d’autant moins contesté avoir tenu ces propos, que leur enregistrement avait été versé au dossier d’information, après que Mme Cauwel a déposé plainte, avec constitution de partie civile, auprès du doyen des juges d’instruction du TGI de Draguignan. « J’ai été victime pendant des semaines d’une campagne de l’opposition visant à annuler ce concert, a expliqué le maire de Fréjus. Oui, je me suis agacé lors de ce conseil, parce que je craignais l’annulation du seul grand concert de l’été. Je suis fan de Johnny depuis que j’ai 15 ans. » « J’ai trouvé que c’était révélateur de ce que j’avais subi comme misogynie depuis des années, a rétorqué la plaignante. Ce n’est pas la première fois qu’on me fait cet écart de langage, dans ma vie de femme qui a envie de se battre pour sa commune. »
Une plainte d’abord classée sans suite
« Pour moi, c’est un propos sexiste » ,a plaidé Me Dossetto (barreau de Marseille) aux intérêts de Mme Cauwel. Le procureur Manuel Munoz a indiqué qu’une première plainte de Mme Cauwel avait été classée sans suite par le parquet, pour « infraction insuffisamment caractérisée ». « Parce que le ministère public estime qu’il n’a pas à s’immiscer dans le débat démocratique, qui peut être houleux, ou pas. Le seul qui peut trancher, c’est le tribunal. La position du ministère public est donc de laisser à l’appréciation de votre tribunal le caractère injurieux ou non de cette infraction. »
Justice détournée
Pour la défense du maire de Fréjus, Me Jean-Marc Florand (barreau de Paris) a puisé dans les expressions de sa Franche-Comté natale, pour plaider la relaxe. « À Besançon, ça veut dire “mêlez-vous de vos affaires”. C’est une expression populaire et imagée, sans connotation péjorative, ce n’est pas une invective. » Et sur le fond de la démarche de la plaignante : « On a instrumentalisé la justice comme une caisse de résonance, dans le but d’exister politiquement. Après la plainte, elle est partout. Elle donne des interviews, se répand sur les réseaux sociaux, écrit au président du Sénat et finalement publie un ouvrage. » Le tribunal lui a donné gain de cause, rejetant les demandes d’indemnisation de la partie civile. Et, se tournant vers la plaignante, a précisé sa pensée, « le tribunal estime qu’il y aurait même un certain abus dans la manière d’instrumentaliser la justice. »