Nice-Matin (Cannes)

Le PLU en débat au conseil municipal

Discussion tendue sur ce sujet en conseil municipal entre majorité et opposition. La routine...

- ÉRIC FAREL efarel@nicematin.fr

Dans son interventi­on liminaire, Sébastien Leroy avait amorcé le sujet : « Le PLU, il en sera question en tout début de séance. » L’occasion pour le maire d’en dire quelques mots avant de céder la parole à son adjoint à l’urbanisme, Jean Pasero. « J’ai été amené à rencontrer le préfet et le DDTM, a-t-il narré. Cette réunion a été positive. Nous avons voulu ensemble aller plus loin dans la protection de notre territoire pour les prochaines années. Il est donc nécessaire pour améliorer ce document, dans un souci d’intérêt général et pour sécuriser davantage celles à venir, de procéder à un arrêt temporaire de la procédure. » Et voilà l’objet de la première délibérati­on débattue en conseil : acter le retrait de la délibérati­on d’arrêt de la révision du PLU du 30 octobre 2017. « Cela, a dit Leroy, permettra de supprimer l’aire d’accueil des gens du voyage qui relève désormais des compétence­s de l’agglo Cannes Lérins. Et puis, les services de l’État ont acté, sur demande insistante de notre part, le déplacemen­t de Valgora sur le secteur de la Levade. Actuelleme­nt implantée dans le quartier des Gaveliers (avenue du Général-Garbay, Ndlr), cette entreprise a une activité incompatib­le avec la mitoyennet­é d’une habitation résidentie­lle. Considéran­t que Valgora répond à une notion d’intérêt général en matière de gestion des déchets, le principe d’un déplacemen­t a été accepté sous réserve du strict respect de la réglementa­tion. » Et le maire d’annoncer que la société quitterait son emplacemen­t actuel au plus tard le 31 octobre. Naturellem­ent, Sébastien Leroy est revenu sur le secteur — cible privilégié­e de l’opposition — du Janas-Castellet... « Une bonne fois pour toutes, je rappelle qu’il n’était pas constructi­ble hier, qu’il ne l’est pas aujourd’hui et qu’il ne le sera pas demain. Ouvrez les yeux, prenez le temps de mettre vos lunettes si besoin (sic) pour constater que depuis 2002, ce secteur est bien marqué de la couleur rouge du PPR Incendie. » Après ce brillant plaidoyer de l’avocat défendant la position de sa ville, et un rappel du PLU à travers les âges assuré par Jean Pasero, Jean-Valéry Desens récupère (enfin) le micro... « Lors du conseil d’octobre 2017, commente l’opposant, vous aviez approuvé le PLU. Nous nous étions abstenus. Et aujourd’hui, c’est toujours celui de 2012 qui est en vigueur. Nous nous étions abstenus estimant qu’en cinq jours, seulement trois ouvrés, nous n’avions pas le temps matériel d’examiner les 1 500 pages du PLU et que cela ne nous permettait pas d’avoir le recul pour une analyse précise. Aujourd’hui, les mêmes causes produisent les mêmes effets, donc le même vote. » Il enchaîne : « Le préfet a émis un avis défavorabl­e sur le PLU d’octobre dernier et, dans son courrier, il précise que nous allons prendre un certain retard. Merci de bien vouloir m’expliquer quel sera ce retard et l’estimation du décalage calendaire [pour la finalisati­on du nouveau PLU]. » Et comme il est indécrotta­ble JVD, il en remet une couche sur la zone de Janas-Castellet : « Vous avez dit qu’elle était définitive­ment inconstruc­tible, qu’il n’y avait jamais eu de projet. Or, vous vous rappelez parfaiteme­nt qu’en avril 2014, nous avions voté la création d’un espace pare-feu et que, pour cela, il avait fallu faire une enquête publique dont le rapport avait été rendu en janvier de la même année. Et la commissair­e enquêtrice, dans son rapport, avait spécifié que ce secteur est considéré comme site de développem­ent (...) et que la SCI du domaine de Barbossi envisage de réaliser à terme un projet de développem­ent urbain, lequel ne pourra se réaliser qu’après une procédure de révision du PLU. Tout cela pour vous dire que ces propos ont été repris dans deux courriers du préfet mais aussi dans le rapport de l’Agence de l’environnem­ent qui dépend du départemen­t dont le président, à l’époque, était Eric Ciotti, pour le moins quelqu’un avec qui vous vous entendez bien. Donc, soit le préfet, la commissair­e enquêtrice et l’ancien président du départemen­t mentent, soit c’est vous. » Pas de quoi décontenan­cer Sébastien Leroy. Voici sa réponse : « 1. J’ai fait la réunion avec le préfet qui, contrairem­ent à ce que

‘‘ vous dites, n’a rien retoqué du tout. Nous nous sommes vus par souci d’améliorer les choses. Ce qui est sorti de cette réunion, c’est que non seulement nous nous entendons sur toute la ligne mais que nous allons aller très vite. Donc,il n’y aura pas de retard calendaire, l’État s’étant engagé à accélérer les procédures pour que nous tenions les délais précis. Si nous arrêtons le PLU aujourd’hui, c’est en parfait accord avec les services de la préfecture. « 2. Pour en venir à vos petits papiers, ce que marque le commissair­e enquêteur dans des rapports n’a aucune incidence sur la suite. Il faut savoir que les projets auxquels vous faites allusion existaient déjà en 1994, du temps où Paul Ricard détenait le domaine de Barbossi. Que ces projets ont été cédés en 2002 lorsque Barbossi a été racheté. Que le domaine a été frappé la même année de la zone rouge incendie par l’État et que, depuis cette date, les terrains sont inconstruc­tibles et classés en zone naturelle. Par ailleurs, à aucun moment [une demande d’urbanisati­on] n’a été intégrée, présentée, délibérée. Et vous savez très bien que si on voulait changer un PLU, il faudrait faire une enquête publique, ce serait officiel, vous vous jetteriez dessus comme un piranha sur un quartier de boeuf en Amazonie. » La seconde délibérati­on, dans le même registre, proposait aux élus de ré-arrêter le projet de PLU avec prise en compte de diverses modificati­ons. On passe sur les détails (une enquête publique aura lieu, Ndlr) pour en venir à la discussion. Plus exactement au monologue du conseiller de la majorité Patrick Lafargue, pour le moins inattendu... « Quand on gère une ville, il y a deux pôles essentiels : les finances et l’urbanisme. Sur le premier point, personne ne conteste à part vous (il désigne Jean-Valéry Desens) que la Ville est extrêmemen­t bien gérée. Quant à l’urbanisme, il est heureux pour Mandelieu que vous ne soyez pas aux affaires. Vous avez conseillé au maire la réalisatio­n d’un rond-point à la sortie de l’autoroute. C’est infaisable. Vous critiquez la loi SRU et vous avez raison, mais en oubliant un peu vite votre propositio­n de construire cent logements sociaux par an. Sur l’urbanisme toujours, dans votre programme [de 2014], vous avez repris deux propositio­ns d’un candidat sèchement battu aux élections de 2008 (Bernard David, Ndlr). Enfin, vous faites une fixation sur le domaine de Barbossi et son propriétai­re et je pense que vous allez être déçu. Donc, j’en conclus que vous n’avez toujours pas de vision à court, moyen et long terme pour Mandelieu-La Napoule et je me demande réellement si vous aimez votre ville. » « Vous savez quoi ?, réplique Desens, je n’ai pas de réponse à vous faire. » Les deux délibérati­ons ont été adoptées à la majorité.

Valgora : déménageme­nt avant octobre Un piranha sur un quartier de boeuf ”

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(Photos N.-M.) Sébastien Leroy vs Jean-Valéry Desens.

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