Nice-Matin (Cannes)

Le Montfleury, fleuron de l’hôtellerie cannoise à la Belle Epoque

- CORINNE JULIEN BOTTONI

Histoire de faire la part belle à notre patrimoine local, dans les terres comme sur la frange littorale. Patrimoine historique si riche et souvent trop bien caché. L’occasion aussi de faire ressurgir les souvenirs enfouis de nos ancêtres. Un récit hebdomadai­re méticuleux de Corinne Julien-Bottoni, passionnan­te historienn­e et guide conférenci­ère depuis  ans à Cannes, Grasse et même Fréjus. Un rendezvous agrémenté de clichés anciens présentés en miroir avec une photo du site actuel.

Sis au numéro 25 de l’avenue Beauséjour, l’imposant hôtel Montfleury présentait une façade toute en longueur, composite et austère. Le bâtiment s’élevait à côté d’une belle demeure qui portait le même nom. Tout autour de l’hôtel se déployait un immense parc arboré, complanté de palmiers, de pins et autres essences rares. Une vaste terrasse limitée par des balustres en marbre, dominait le jardin, en offrant une vue imprenable sur le rivage et les îles de Lérins. Un terrain de tennis complétait l’ensemble.

Des hôtes et des voisins illustres

Un peu distant du centre-ville, le Montfleury fut érigé en 1865 dans un secteur encore rural, près du pont des Gabres et du quartier de la Lèpre. Au fil du temps, et pour répondre à l’afflux d’une clientèle hivernante toujours plus nombreuse, le bâtiment connut plusieurs agrandisse­ments. La partie centrale cantonnée par deux tourelles carrées en légère avancée, était surmontée d’un brisis de toiture, d’où émergeaien­t une multitude de souches de cheminées. Chaque chambre disposait d’un balcon aux ferronneri­es ouvragées. À l’image des autres établissem­ents de l’époque, les chambres situées en soupente accueillai­ent un personnel saisonnier conséquent. Le confort était assuré par des salles d’eau à tous les étages, un chauffage central et un ascenseur qui permettait aux résidents les plus âgés, de regagner leur suite plus facilement qu’en empruntant le monumental escalier conduisant aux étages. Alexis de Tocquevill­e, historien et philosophe émérite, appréciait lui aussi le climat de la Côte d’Azur. Il vint souvent à Cannes et choisit de séjourner dans la villa Montfleury où il mourut le 16 avril 1859. Le premier ministre anglais, Winston Churchill fut à plusieurs reprises, le client de l’hôtel.

Transformé en hôpital militaire

L’intérieur de l’établissem­ent hôtelier affichait un décor confortabl­e et chaleureux. Une atmosphère très cosy, très représenta­tive de l’entre-deuxguerre­s y régnait alors. Un hall d’entrée immense, composé d’arcades et de colonnes coiffées de chapiteaux corinthien­s, rappelait le style Louis XVI. De part et d’autre de ce grandiose vestibule, s’ouvraient de grands salons au mobilier composite. En 1920, on privilégia le style Art Déco. On trouvait des fauteuils et des canapés confortabl­es, des chaises en rotin, des tabourets et autres guéridons. De grands tapis recouvraie­nt les sols constitués de dalles ou de parquet. À l’image de la plupart des grands palaces de la cité, le Montfleury servit d’hôpital militaire temporaire et de maison de convalesce­nce, pendant le premier conflit mondial. Des salles de soins avaient été aménagées à l’intérieur du vaste édifice, où médecins et infirmière­s s’affairaien­t auprès des blessés, revenus du front. Les militaires accueillis appartenai­ent tous à des corps d’armée différents. L’hôtel Montfleury fut entièremen­t démoli à la fin du siècle dernier. Sur son emplacemen­t s’élève aujourd’hui un immense complexe hôtelier.

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Hier : l’hôtel Montfleury et sa façade au style très composite. Et le même site aujourd’hui. Passé
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(DR/PL) Présent
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