Accès aux soins pour tous Interview
En dépit des dispositifs mis en place, des inégalités d’accès aux soins persistent en Paca. L’ARS, en partenariat avec la médecine libérale, a lancé un nouveau plan que détaille son patron
Il y a quelques mois, le Premier ministre, Edouard Philippe, et la ministre de la Santé, Agnès Buzyn annonçaient la mise en place d’un plan national d’accès aux soins, qui trouvait un accueil plutôt favorable auprès des professionnels. «Ce plan ne comprend presque pas beaucoup de mesures très emblématiques, mais une série d’actions qui répondent bien aux souhaits des professionnels de terrain », interprète Claude d’Harcourt, directeur général de l’ARS Paca. À son initiative, une déclinaison territoriale à ce plan (PTAS : plan territorial d’accès aux soins) vient d’être mise en place. Il la présentait mercredi dernier à Marseille, ciblant quelques grands thèmes [lire ci-contre].
Vous décrivez une situation paradoxale qui rend difficile cet accès aux soins pour tous.
Oui, dans la mesure où nous souhaitons garantir l’égalité d’accès aux soins à tous nos concitoyens – qu’ils habitent Saint-Martin-Vésubie, Breil-surRoya ou à m de la Fondation Lenval – alors que nous sommes dans un système d’offre libérale ; les praticiens, et les médecins en particulier, contrairement à leurs confrères anglais ou allemands, peuvent s’installer où ils le souhaitent.
L’équation semble impossible à résoudre !
Non. Il faut simplement que les professionnels de santé comprennent la profondeur de la demande d’égalité d’accès aux soins. Faute de quoi, ils mettront à mal le système libéral.
Plus précisément ?
Il est important que les dispositifs incitatifs mis en place – on n’est pas dans la coercition – fonctionnent. Le jour, où ils ne fonctionneront plus, il y aura de vraies interrogations sur la pertinence du modèle libéral. À l’Assemblée nationale, on voit des parlementaires, de tous partis politiques, commencer à demander que l’on sorte d’une logique libérale. Aussi, j’insiste : il faut que ce plan atteigne son objectif. Sinon, c’est le principe même de notre système libéral qui pourrait être mis en cause. Ce que nous ne voulons pas.
Quid Au niveau Paca, la situation est assez simple. Globalement, il y a une surdensité de professionnels de santé par rapport à la moyenne nationale : supérieure de % pour ce qui concerne les médecins généralistes et spécialistes, et de % s’agissant des kinésithérapeutes et des dentistes (supérieure de %). Aujourd’hui, c’est un confort.
de la situation en Paca ?
Mais, Paca est dans la même situation de fragilité que les autres régions concernant la pyramide des âges. Plus de % de nos praticiens ont plus de ans ; dans ans, ils auront ans. Si le nombre de remplaçants n’est pas de même niveau que le nombre de départs, nous nous heurterons à un mur démographique. Nous devons prendre les devants sans nous endormir sur nos lauriers ; la surdensité aura un terme et on sera touché comme les autres régions par le fait que pendant encore dix ans, l’ouverture du numerus clausus n’aura pas d’effet (il faut ou ans pour former un médecin).
Quelles zones seront concernées par les aides prévues dans le plan ?
Seront concernées les ZIP (zones d’interventions prioritaires) et les ZAC (zones d’actions complémentaires) dans une moindre mesure, qui couvrent au total % de la population (jusqu’à présent moins de % du territoire étaient couverts).
Il existe déjà plusieurs mesures incitatives pour encourager l’installation des médecins dans des zones désertées. Elles n’ont pas, jusque-là, eu beaucoup d’effet!
On a toujours souhaité que ces incitations aient des effets, mais là, on veut que ces incitations produisent réellement leurs effets. Notre atout en Paca, et ce n’est pas du tout le cas dans toutes les régions, c’est l’existence d’une vraie coordination d’action entre tous les acteurs : facultés de médecine (à Nice comme Marseille), assurance-maladie, Union régionale des professions de santé médecins libéraux, CNOM… Tout le monde est d’accord sur la nécessité d’évoluer, de presser le pas.
Mais comment convaincre l’ensemble des professionnels?
Ce que nos amis libéraux, et les Français en général, n’aiment pas, ce sont les plans top down (hiérarchiques). Ce plan pourra marcher parce qu’il est une émanation du terrain, il répond aux besoins propres des professionnels de santé (comme la mesure d’aide au remplacement…). Quoi qu’il en soit, j’insiste, il faut une prise de conscience à la base, il n’y aura pas plans ! On sent bien qu’il y a une forme d’impatience chez les élus, au contact de nos concitoyens, quand ils parlent de déserts médicaux.