Nice-Matin (Cannes)

Le er-Mai de Marine Le Pen dans l’indifféren­ce

Le FN a lancé son « Europe des nations », hier, au côté de plusieurs partis nationaux et populistes européens, à l’occasion d’un rassemblem­ent organisé par le MENL à Acropolis

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

Costaud le service de sécurité à l’entrée du Palais Acropolis de Nice. Il fallait montrer patte blanche, hier, pour participer à la « Fête des nations », organisée par le MENL, mouvement pour l’Europe des Nations et des Libertés, auquel est affilié le FN de Marine Le Pen. Un premier mai azuréen pour le Front et ses alliés européens alors qu’à quelques encablures, place Garibaldi, la gauche et l’extrême gauche, partis et syndicats, s’organisaie­nt en meeting-concert pour dénoncer le rassemblem­ent… Dans la salle des muses, les 1 400 chaises installées attendaien­t sagement le début du meeting dès 13 heures. Dans l’agora, envahi des sympathisa­nts nationalis­tes, chaque pays avait son stand. Des danseurs folkloriqu­es pour l’ambiance. Un grand événement aux allures de fête patronale…

« Une grande espérance pour les peuples »

Dans les travées, l’élu régional niçois, Philippe Vardon, chez lui, enchaîne les selfies avec les fans. Des fans venus de Marseille, Toulouse, Perpignan… mais aussi de Belgique ou d’Italie. « Nous, on est FN à fond! Et on restera FN quoi qu’il arrive », hurle Roger, un verre de bière à la main. Plus loin c’est Laure, Toulonnais­e de 42 ans, qui se dit ravie. « Ce rassemblem­ent est une grande espérance pour le peuple européen. Cela montre que l’adhésion à nos idées ne se cantonne pas à la France ». Elle apprécie le choix de Nice : « Pour une fois ce n’est pas jacobin.» Et elle balaie d’une main et d’un rire les contestati­ons : « Estrosi s’agite pour exister. C’est son fonds de commerce, un combat d’arrière-garde. On a déjà gagné la bataille des idées ». La salle du meeting se remplit. Quelques drapeaux frétillent. Les militants s’échauffent au cri de «On est chez nous» et « Marine, Marine ». C’est parti. Un monsieur loyal à la sauce FN, harangue les patriotes : «C’est le réveil des peuples d’Europe, c’est flagrant ». C’est l’eurodéputé Nicolas Bay qui ouvre le bal. Titilleur en chef. On commence par égratigner les « immigratio­nnistes ». Ceux qui manifesten­t place Garibaldi. « Cette CGT qui ne se bat que pour sauver… la CGT ». Des syndicalis­tes qui « vocifèrent et qui se sont trouvé un nouvel ami: Christian Estrosi». Huées dans la salle. La martingale est bonne, alors Nicolas Bay poursuit : «Alors qu’on nous disait Ciotti et Estrosi fâchés, les voici à nouveau réunis contre les nationaux pour signer une tribune dans Le Monde ». Huée, deuxième. Place aux « amis », aux alliés européens. Tous sur le même moule. Le boss du MENL, le Belge Gerolf Annemans fustige l’«Union européenne, cette machine qui étrangle l’identité dans tous les domaines ». Et dénonce une Europe « submergée par l’immigratio­n massive ». La Grèce, ensuite, avec Failos Kranidioti­s. Haro sur les « bureaucrat­es de Bruxelles » qui « ont des intérêts différents de ceux de nos peuples ». Vient ensuite l’ultranatio­naliste bulgare qui veut « secouer Bruxelles et sauver les vraies valeurs européenne­s ». Puis le Tchèque Tomio Okamura avant le polonais, Michal Marusik… Et ça s’enchaîne. À la tribune, Harald Vilimsky. Il rend hommage «à cette grande nation qu’est la France ». Et en français, s’il vous plaît. Pour le reste du discours, confère les prédécesse­urs.

Les deux absents

Ils devaient être 8 Européens. Ils ne furent que 6. Deux manquaient à l’appel. Et pas des moindres. L’Italien Matteo Salvini est là, sans l’être. Le leader de la Lega n’a pu faire le déplacemen­t. Mais via une vidéo champêtre, il annonce le « grand réveil ». Deuxième coup dur : l’absence de l’énigmatiqu­e Geert Wilders des Pays-Bas. Le président de la formation populiste néerlandai­se a finalement fait faux bond. Faisant valoir «un impératif dans son pays ». L’homme à l’improbable chevelure peroxydée doit comparaîtr­e à nouveau devant la justice le 17 mai en appel pour discrimina­tion. « De l’acharnemen­t judiciaire » pour les nationalis­tes. FN en entrée. FN au dessert. Marine Le Pen déboule sur scène. En rouge, mais pas tout feu tout flamme. Sans presque lire son texte, elle écorche d’abord Macron. « Son projet prépare la bifurcatio­n identitair­e de la France ». Ovation. Mais surtout, elle en est convaincue. La victoire aux Européenne­s en 2019 est possible. « Nous pensions que nous ne pourrions changer d’Europe que par la voie de l’Élysée. Nous pouvons changer d’Europe de l’Europe ». « L’union des nations européenne­s n’est pas une utopie, n’est plus une utopie », a-t-elle encore lancé. Marine Le Pen a appelé de ses voeux la grande alliance des partis nationalis­tes européens. « Cette réunion à Nice est importante, voire historique. C’est la première étape de notre victoire ».

 ?? (Photo Eric Ottino) ?? Marine Le Pen, au centre, et ses alliés européens, hier à Nice.
(Photo Eric Ottino) Marine Le Pen, au centre, et ses alliés européens, hier à Nice.

Newspapers in French

Newspapers from France