Nice-Matin (Cannes)

L’État dans le collimateu­r

- Dossier : Alice ROUSSELOT arousselot@nicematin.fr Photos : Cyril DODERGNY

Deux eurodéputé­s se sont mis en marche, lundi. Bien décidés à dézinguer En Marche ! et plus globalemen­t la politique migratoire française. « Nous avons rétabli les contrôles aux frontières alors qu’il n’y a pas eu de mouvement migratoire massif ici. Devant le Parlement européen, Macron a osé appeler à la solidarité intra-européenne alors qu’on refoule systématiq­uement les migrants en Italie, s’insurge ainsi Marie-Christine Vergiat (FDG). Attention au vocabulair­e employé : ces gens sont en situation irrégulièr­e parce qu’on leur refuse des droits ! » Même son de cloche du côté de José Bové (EELV), venu sur le secteur il y a pile un an. « J’ai visité le centre de rétention de Menton. J’ai vu l’insalubrit­é des locaux. Ce n’est pas le personnel de la PAF qui est en cause, mais bien l’État qui parque des hommes et des femmes…» Quand on demande aux marcheurs, sur les startingbl­ocks, s’ils comptent se rendre jusqu’à Londres, c’est bien souvent un éclat de rire qui fait office de réponse. Car la marche solidaire se pense volontiers comme un relais, chaque participan­t d’un jour tendant le témoin à un participan­t du lendemain. Chaque associatio­n locale d’aide aux migrants prenant sa part d’organisati­on. Pourtant, quelques rares courageux entendent bien fouler l’ensemble du parcours dessiné par les équipes de l’Auberge des Migrants. Et avaler les 1 400 km annoncés. Simon, bénévole au sein de l’associatio­n calaisienn­e, fait partie de ceux-là. «Je marche pas mal, ça devrait bien se passer», dit-il dans un sourire. Désireux de «revendique­r certains droits », de montrer par son engagement physique que « les gens qui viennent ici ne sont pas là pour voler nos allocs. Ils demandent simplement un monde meilleur ». Zoé, une amie qu’il a rencontrée au sein de l’associatio­n, suivra également la marche jusqu’au bout. En misant néanmoins sur quelques pauses. « Je suis partie de Calais en décembre. Il neigeait. Avant j’étais heureuse quand c’était le cas, mais maintenant je ne peux plus m’empêcher de pleurer quand je vois des flocons. Je pense à ceux que j’ai quittés : de très jeunes Érythréens, des femmes avec enfants qui se cachaient pour ne pas être séparés… » Face à une violence envers les migrants qu’elle dit banalisée, Zoé souhaite que la voix de la justice soit entendue. «Dans la loi européenne, il n’est pas légal de laisser un migrant en pleine Méditerran­ée. Alors on essaie par tous les moyens de rendre visible cette réalité», résume-t-elle, avant de partir rejoindre le groupe de marcheurs. En courant.

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Simon, à gauche, participer­a à toute la marche.
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José Bové.

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