Quatre drôles de dames au chevet des chevaux réformés
L’association cagnoise «Coeur de course» oeuvre depuis près de 4 ans pour offrir une seconde vie aux équidés retraités des courses. Cent ont déjà pu être adoptés malgré des limites financières
C’est une «mini-équipe» aux maxi-ressources. Près de quatre ans après la création de son association «Coeur de course» en juillet 2015, Ludyvine Crepeau n’en revient pas : «Depuis, 107 chevaux sont passés par chez nous et quatre-vingt-dix ont été adoptés, je ne m’attendais pas à cela.» Les autres restants pour l’instant sur le site de l’hippodrome où l’association est hébergée gracieusement. Un succès qui s’est construit petit à petit. Le temps de faire sa place dans le milieu des courses et d’être reconnu par les propriétaires (ou futurs propriétaires) de chevaux. D’ici et d’ailleurs.
«Effet boule de neige»
«Des chevaux sont partis loin, à Strasbourg, en Normandie ou en Suisse par exemple, mais aussi vers Montpellier, Toulouse et Carcassone. Certains acceptent de découvrir le pursang et ensuite, ça fait effet boule de neige, apprécie-telle. On a de la chance car ça marche bien. Les gens sont intéressés.» Cela malgré la «mauvaise réputation» des pur-sang. «Ils ont été dans les courses et en sont sortis car ce sont des bébés sans aucune rapidité ou des chevaux tardifs, trop petits et pas assez musclés, résume celle qui leur offre une deuxième chance. Nous récupérons aussi tout ce qui est cassé (tendinites, fractures, etc.) ou les chevaux avec des pathologies.» Repos, changement de nourriture, nouvelles bases de dressage, etc. Si la moyenne des équidés reste «entre deux et trois mois» à Coeur de course, le travail effectué sur chaque cheval est personnalisé et le temps nécessaire est pris pour les remettre en selle. «Quand il y a eu de mauvais comportement, que le cheval a eu une mauvaise expérience avec l’humain, ça prend du temps, confie-telle. Mais c’est loin d’être la majorité. Puis le monde des courses se rajeunit, les entraîneurs sont de plus en plus à l’écoute et il y a aussi de plus en plus de femmes. Il y a une prise de conscience. La reconversion entre dans la tête.»
«Qu’ils aient une seconde vie»
Sortis du monde des courses, les chevaux ont la chance de pouvoir retrouver une famille : «Il y a tous types d’adoption. Certains veulent juste avoir un cheval en compagnie, un cheval de famille ou pour faire des balades, d’autres ont des prétentions sportives pour faire du dressage ou de l’obstacle. On oriente les gens sur les chevaux en fonction de ce qu’ils veulent en faire, d’où ils sont hébergés, etc. Le but est qu’ils aient une seconde vie, pas qu’on les récupère au bout d’un mois.» Si certains, comme Vilie Saint-André, 9 ans, «tourne aujourd’hui en international puisqu’elle vient de faire son 4e GPA [GPA Jump festival, concours international de saut d’obstacles]», d’autres n’aspirent qu’au repos total. «Les courses les usent tellement qu’à 12 ans, ce sont parfois des grandspères», sourit Ludyvine.