Ligonnès: la théorie du suicide dans le Var refait surface
Une nouvelle enquête journalistique privilégie la thèse du suicide de Xavier Dupont de Ligonnès, à quelques kilomètres de Draguignan, où la famille décimée a vécu des jours heureux
Les deux précédents livres consacrés à l’affaire Dupont de Ligonnès se refermaient sur les pistes – romancées – d’une cavale en Espagne ou en Amérique du Sud. Le prochain ouvrage sur
(1) le sujet accrédite à l’inverse la théorie du suicide de Xavier Dupont de Ligonnès, l’auteur présumé de « la tuerie de Nantes », en avril 2011. Cette hypothèse, considérée comme étant «la plus probable» dès les premiers mois de l’enquête, n’a jamais pu être formellement étayée, faute de cadavre. Dès lors, sept ans après les faits, les enquêteurs n’écartent toujours pas la possibilité d’une vie clandestine, comme en témoigne, encore récemment, la visite policière d’un monastère situé sur les hauteurs de Roquebrune-sur-Argens [nos éditions du 10 janvier]. Énième fausse piste. Dans L’Affaire Dupont de Ligonnès – La secte et l’assassin, sorti en librairie mercredi, le journaliste Guy Hugnet s’appuie sur un faisceau d’indices, la biographie et le profil
psychologique de Xavier Dupont de Ligonnès – un homme en proie à de multiples tourments – pour forger sa conviction. Ainsi, le quinquagénaire aurait fait disparaître son propre corps, en se tuant dans l’un de ces lieux quasi inaccessibles dont regorge le département du Var, où sa trace s’est arrêtée.
L’impossible cavale
Après tout, « une cavale, c’est compliqué même dans le milieu du grand banditisme, ça demande beaucoup de moyens », acquiesce un policier en poste à la PJ de Toulon quand l’affaire avait rebondi dans l’est-Var le 21 avril 2011. Ce soir-là, la voiture de Xavier Dupont de Ligonnès (XDDL) était localisée sur le parking d’un hôtel bon marché, à Roquebrune-sur-Argens. Les corps de son épouse – Agnès – et de leurs quatre enfants – Arthur, Thomas, Anne et Benoît – avaient été découverts le matin même, soigneusement dissimulés sous la terrasse de la maison familiale. Le père de famille avait, quant à lui, quitté le Formule 1 de Roquebrune, à pied et vraisemblablement armé d’un 22 long rifle, six jours plus tôt. Une longueur d’avance qui lui aurait permis de prendre le large ? «L’affaire enflamme les imaginations», écrit Guy Hugnet, dont les raisonnements balaient les théories d’un exil à l’étranger ou d’une retraite dans une communauté discrète.
Un pèlerinage mortel
L’auteur rappelle que «le Sud est l’alpha et l’oméga » de l’histoire du couple Ligonnès, qui a habité sur la Côte et en Dracénie (deux de ses enfants y sont nés). La destination choisie par XDDL pour disparaître relèverait d’un « pèlerinage aux sources », à l’issue mortelle.
Une zone inexplorée
D’ailleurs, c’est en partant de ce postulat que les enquêteurs avaient lancé d’importantes fouilles dans le Var en 2011 et en 2013, à grand renfort de plongeurs, de spécialistes du secours en montagne, de spéléologues... En vain. « Si quelqu’un veut disparaître dans une crevasse et ne pas être retrouvé, il est vraisemblable qu’il choisira une cavité profonde, difficile d’accès, présentant un maximum d’obstacles », pose Guy Hugnet, crapahutant autour du Formule 1. « En sortant de l’hôtel, [XDDL] ne prend pas la direction de l’ouest comme l’ont supposé les enquêteurs, mais celle du nord.» En suivant cette piste et s’appuyant sur des données topographiques, le journaliste propose une zone de disparition qui n’a pas fait l’objet d’intenses recherches : un secteur truffé de cavités – dont quelquesunes, très profondes, retiennent l’attention de l’auteur – situé dans les environs de Figanières, au nord de Draguignan. «Xavier y a vécu plusieurs années, heureux, insouciant et peut-être, pour des raisons affectives que l’on ignore, est-ce [...] le lieu choisi pour mettre fin à ses jours.»