Vasectomie, la part des hommes à la contraception
Non, cette méthode de stérilisation masculine n’affecte pas la virilité. Les urologues souhaitent mettre fin aux croyances qui freinent son développement
Sortir la vasectomie de l’ombre dans laquelle elle est tapie depuis plus de deux décennies. C’est le souhait de l’AFU (association française d’urologie) qui publiait récemment un communiqué sur ce thème. « Contrairement à de nombreux pays, notamment du Nord de l’Europe, où des milliers d’hommes l’ont choisie, cette méthode de stérilisation masculine (lire ci-contre) reste très peu répandue en France, relève le Dr Christian Castagnola, vice-président, délégué à la communication de l’AFU. On estime à seulement un millier le nombre de Français à y recourir chaque année.» Longtemps considérée comme une intervention mutilante, c’est seulement en 1994 que la vasectomie est devenue légale en France. Mais elle n’a été réellement autorisée – et remboursée – qu’à partir de 2001. Selon l’urologue azuréen, le peu d’engouement pour cette technique de stérilisation est en grande partie associé à de fausses croyances. «De nombreux hommes font l’amalgame entre fertilité et virilité; la vasectomie n’altère en rien l’érection, le plaisir et l’éjaculation. Simplement, l’éjaculât n’est plus fécondant, et le risque de grossesse chez la partenaire réduit à zéro. » À condition de respecter quelques règles: « La vasectomie n’a pas un effet immédiat ; il faut environ deux à trois mois (ou 15 à 20 éjaculations) pour éliminer les spermatozoïdes en route vers la prostate au moment de l’intervention. Pendant cette période, il est donc impératif d’avoir un autre mode de contraception. »
Parité contraceptive
Des informations systématiquement délivrées au cours de la première consultation. Et compte tenu du caractère irréversible de cette intervention de stérilisation, un délai de 4 mois de réflexion est ensuite imposé. «On conseille systématiquement aux hommes qui hésitent, qui ont des doutes, de conserver leurs spermatozoïdes par congélation (au CECOS) pendant cette phase de réflexion. » Les (rares) hommes qui aujourd’hui recourent à la vasectomie n’auraient pas de profil type. «Mais ils ont en commun de justifier leur choix par la volonté de décharger leur compagne du poids de la contraception », renseigne le Dr Castagnola. Quelque cinquante ans après la légalisation de la contraception, les femmes
sont de plus en plus nombreuses à manifester une forme de ras-lebol. Le nouveau scandale sanitaire avec les implants contraceptifs Essure du laboratoire Bayer, la mise en accusation des pilules de 3 et 4e génération etc. n’y sont pas étrangers. Mais, existe aussi un sentiment « d’injustice » face à la répartition inéquitable entre hommes et femmes des responsabilités dans le champ de la contraception. La vasectomie, un pas vers un peu plus de parité contraceptive ?