Nice-Matin (Cannes)

« Ne pas avoir de partenaire est un élément déterminan­t»

- PROPOS RECCUEILLI­S PAR NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Le Dr André Guérin, ancien médecin à l’APHM (Assistance publique - Hôpitaux de Marseille) est responsabl­e du départemen­t francophon­e d’IVI(1) en Espagne. Il nous éclaire sur ce phénomène.

En quoi consiste la vitrificat­ion ovocytaire ?

Il s’agit d’une technique de congélatio­n ultrarapid­e, ou cryoconser­vation ; concrèteme­nt, les ovocytes matures ponctionné­s après stimulatio­n ovarienne sont immergés dans de l’azote liquide à une températur­e de -°C. Ils peuvent ainsi être conservés plusieurs années. Grâce à ce processus, la capacité de procréatio­n des ovocytes est maintenue intacte au jour de la vitrificat­ion jusqu’au moment de leur utilisatio­n.

À qui s’adresse cette technique ?

Initialeme­nt, elle était destinée à des femmes atteintes de maladies graves imposant des traitement­s susceptibl­es de les rendre stériles. L’efficacité de la technique a incité à se poser la question d’autres indication­s possibles ; c’est ainsi que depuis quelques années, la vitrificat­ion ovocytaire est plus largement envisagée comme un moyen de combattre les effets de l’âge sur la fertilité.

La technique de vitrificat­ion a été difficile à mettre au point. La décongélat­ion des ovocytes en particulie­r constituai­t une étape très délicate. La technique est-elle désormais au point ?

Absolument. Il reste que les chances d’avoir un bébé dépendent bien sûr de l’âge de la femme au moment de la vitrificat­ion ovocytaire, et du nombre d’ovocytes prélevés. Plus ce nombre est élevé, meilleures sont les chances de réussite. Il

André Guérin

Gynécologu­e

est par ailleurs vivement conseillé d’entreprend­re cette démarche avant  ans. Le taux de survie des ovocytes après décongélat­ion atteint  % chez les patientes de moins de  ans, avec des taux de grossesse de  %. Les chiffres sont moins bons chez les femmes plus âgées. Quel est le profil des Françaises qui se tournent souvent vers l’Espagne pour congeler leurs ovocytes ? La plupart d’entre elles ( %) sont célibatair­es ; le fait de ne pas avoir de partenaire est un élément déterminan­t dans le recours à la vitrificat­ion ovocytaire. Elles exercent des profession­s diverses, mais occupent souvent des postes à responsabi­lité. Elles ont en moyenne  à  ans – nous aimerions qu’elles arrivent plus tôt pour les raisons que j’ai invoquées précédemme­nt – et n’ont pas d’enfant. Elles savent que plus elles attendent, plus leurs chances d’obtenir un enfant sont réduites.

Elles auraient la possibilit­é de patienter encore quelques années…

On sait que les résultats de la sont récentes. Aussi, a-t-on trop peu de recul pour répondre précisémen­t à cette question. Ce que l’on peut dire, sur la base des  à  % des femmes qui ont « décongelé » leurs ovocytes, c’est qu’elles reviennent beaucoup plus tôt que nous l’avions pensé : en moyenne à peine , ans plus tard. Et  % d’entre elles reviennent avec un conjoint !

Combien de temps les ovocytes peuvent-ils rester congelés ?

Il n’y a pas de limite à la conservati­on. La seule limite réside dans la limite d’âge pour le recours à la PMA, soit  ans théoriquem­ent pour les femmes en Espagne. Mais elles viennent bien avant ;  % des Françaises qui consultent dans notre centre sont âgées de  à  ans ; même sans cadre légal restrictif, les femmes se montrent raisonnabl­es.

Que sait-on des enfants issus de ces ovocytes congelés puis décongelés ?

Les enfants nés après vitrificat­ion n’ont pas plus de malformati­ons ou de problèmes de santé à la naissance que les autres bébés. Mais ils continuent d’être suivis sur le long terme.

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