Nice-Matin (Cannes)

Mémoire de Grassois Nicolas Péchuzal

- CORINNE JULIEN BOTTONI

Retrouvez cette rubrique qui donne la parole à un habitant de la cité des parfums ou du pays grassois. Aujourd’hui : l’ancien projection­niste de l’ex-cinéma A.B.C. sur le Jeu-de-Ballon

Né le 15 juin 1973 à Seclin, près de Lille, Nicolas Péchuzal nourrit dès son plus jeune âge une passion pour le cinéma. Aîné d’une fratrie composée de deux frères jumeaux et de deux soeurs, le garçonnet vit heureux au sein de cette grande famille. François, son père est ingénieur dans le domaine pétrolier. Maryline, sa maman exerce la profession d’institutri­ce. « Mon père était sans cesse muté d’un bout à l’autre du monde. À six ans, je connaissai­s déjà bon nombre de pays », déclare Nicolas. Un jour, Saint-Laurent-du-Var étant devenu son point d’attache, le jeune homme, alors âgé de dix-sept ans, décide de s’inscrire à l’école de formation de projection­niste dans le XIVe arrondisse­ment de Paris. Son stage pratique se déroule à Grasse à l’A.B.C, sur le boulevard du Jeude-Ballon. « Je me rendais tous les mois à Paris pour suivre les cours. À Grasse, j’avais trouvé une location dans une maison du boulevard Victor-Hugo, devant le garage qui existe toujours. »

Le dormeur du mercredi soir

M. Grellet, directeur du cinéma, confie à Nicolas, adolescent autonome que ce travail passionne, la projection des films de l’une des deux salles. « Les séances étaient quotidienn­es. La première à 15 h, la seconde à 17 h. Je regagnais ensuite mon domicile pour projeter le film de vingt et une heures. Le jeudi était mon jour de congé car aucune projection n’avait lieu » poursuit Nicolas. Les spectateur­s sont le plus souvent des habitués qui font partie d’une clientèle éclectique. Plus de cent personnes assistent parfois à la dernière séance. Nicolas se souvient encore d’un étrange spectateur. « Il venait tous les mercredis soir, à la séance de vingt et une heures. Il s’agissait d’un homme encore jeune qui s’asseyait toujours à la même place, un des fauteuils de l’allée centrale. Au bout de quelques minutes, je distinguai­s sa tête inclinée sur son épaule. Comme d’habitude il s’était endormi. Ce spectateur régulier n’a jamais vu le moindre film, mais c’était une sorte de rituel qui s’est poursuivi de semaine en semaine. » Après la bande-annonce des films à venir, l’ouvreuse passait dans les allées, son panier en bandoulièr­e. Le public se précipitai­t pour acheter glaces, popcorn et autres friandises à savourer durant la projection.

Adepte du festival du film

« Une fois la séance terminée, le directeur nous raccompagn­ait à notre domicile, avec sa voiture qu’il garait devant l’ancien palais de justice » se souvient Nicolas. Le jeudi, le jeune homme prend le bus de six heures pour retrouver sa maman qui réside à Saint-Laurent-du-Var. À l’époque, le boulevard Victor-Hugo est très animé et de nombreux commerces y sont installés, notamment la boulangeri­e Carles qui confection­ne de succulente­s tropézienn­es. Aujourd’hui Nicolas qui s’est depuis longtemps déjà reconverti dans la cuisine, réside non loin du Cannet, avec Christine sa compagne. Nourrissan­t une passion pour la presse nationale et locale, il conserve de nombreux articles qu’il réunit en classeurs. Fervent lecteur de romans policiers, l’ancien projection­niste apprécie aussi la nature, les promenades dans l’Estérel, les concerts et la danse. Sa passion du grand écran ne l’a pas quitté et l’ambiance du festival du film lui procure toujours autant de plaisir. « J’ai réalisé un album de photos où je suis aux côtés de grands acteurs que j’ai rencontrés à Cannes », déclare Nicolas qui attend impatiemme­nt le festival qui s’ouvre s’aujourd’hui.

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Hier : Nicolas avec ses camarades de la classe de CM. Il se trouve en haut, deuxième en partant de la gauche. Aujourd’hui : toujours passionné par le cinéma, mais reconverti dans la cuisine. (Photos DR et C.J.B.)

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