La France, exemplaire dans le dépistage de la toxoplasmose congénitale
% des cas sont asymptomatiques à la naissance
Toxoplasma gondii. C’est le nom du parasite en cause dans la toxoplasmose, une maladie habituellement transmise à l’homme par les animaux domestiques, en particulier les chats, ou – plus souvent encore – par la consommation de viande mal cuite ou crue. Bénigne pour la plupart des êtres humains, la toxoplamose peut être par contre dangereuse pour les personnes dont le système immunitaire est affaibli ou pour les femmes enceintes, car elle peut affecter le développement du foetus (toxoplasmose congénitale). « La France représente un exemple pour le monde ; c’est le seul pays aujourd’hui qui propose un dépistage systématique de la toxoplasmose congénitale chez les femmes enceintes, dès la déclaration de la grossesse », indique le Pr Isabelle Villena, responsable du centre national de référence de la toxoplasmose. Les femmes enceintes qui n’ont jamais été exposées à la maladie (comme en témoigne l’absence d’anticorps) vont être alors contrôlées tous les mois, grâce à une prise de sang. Et elles seraient de plus en plus nombreuses, en France comme dans l’ensemble des pays développés. « C’est aujourd’hui le cas des deux tiers des femmes enceintes en France et de 90 % des Américaines du Nord. Des chiffres qui ne cessent de croître d’année en année, probablement associés aux changements alimentaires, climatiques… » On estime à 6 000 environ par an le nombre de contaminations chez les femmes enceintes en France. Sur cet effectif, le risque d’infection foetale croît régulièrement du début à la fin de la grossesse, au contraire de la gravité qui diminue au fur et à mesure, les séquelles foetales étant plus importantes lors d’infections précoces. « Il est important de rassurer les femmes qui, dès qu’elles apprennent qu’elles ont été infectées, demandent une interruption de grossesse, signale le Dr Christelle Pomares, parasitologue (CHU de Nice). Le fait d’être infectée ne signifie pas toujours que le bébé le sera aussi. » Les chiffres le confirment : si plusieurs milliers de femmes rencontrent le parasite au cours de leur grossesse, on recense « seulement » 200 à 300 cas de toxoplasmose congénitale par an. Et parmi ces cas, la plupart seront heureusement sans conséquence pour le bébé. « En cas de contamination pendant la grossesse, des échographies spécialisées sont réalisées chaque mois. Dans 90 % des cas, le bébé est asymptomatique à la naissance. Mais pour une dizaine de femmes chaque année, une interruption médicale de grossesse est préconisée (lorsqu une malformation neurologique est mise en évidence). Persiste pour tous les bébés, un risque de lésion oculaire, qui va imposer un traitement préventif et un suivi par un bilan ophtalmologique jusqu’à la puberté », informe le Pr Pierre Marty, chef du service de parasitologie du CHU de Nice. Des chiffres précieux que le programme de surveillance permet de suivre. La situation est tout autre dans des états comme les États-Unis. « Là-bas, c’est le loto ! regrette l’un des plus grands spécialistes au monde de cette zoonose, le Pr José Montoya (Palo Alto, USA) . Il n’y a aucun programme de dépistage. Et on ne peut qu’observer les dégâts : des formes sévères d’hydrocéphalie chez des nouveau-nés, des lésions cérébrales, oculaires… » Des complications surtout observées chez les populations les plus précaires, mal informées et qui n’ont pas les moyens de s’offrir le test. Si la France est aujourd’hui exemplaire, rien ne permet d’affirmer qu’elle le restera. Le nombre réduit de cas pourrait conduire la France, à l’instar d’autres pays européens à abandonner le dépistage organisé. Ce qui de l’avis des experts, serait infiniment regrettable.