Les dés ne sont pas jetés
Après les victoires contre l’Irlande, et l’Italie vendredi à Nice, les Bleus ont montré la puissance d’un groupe taillé pour aller loin. Avec des dilemmes à tous les postes, Deschamps est gâté
On pourrait appeler ça “l’incertitude positive”. « J’ai du choix, mais ça ne me donnera pas mal à la tête », confiait Didier Deschamps après la victoire probante contre l’Italie 3-1. A moins de 15 jours du début de la Coupe du Monde, le sélectionneur des Bleus a réussi à faire émerger au fil des matches amicaux de nouveaux prétendants en tant que titulaires. Ceux qui pensaient avoir gagné des points face à l’Irlande ont vite déchanté en voyant la prestation de leurs coéquipiers contre l’Italie, vendredi à l’Allianz Riviera. Ils sont aujourd’hui peut-être quatre, voire cinq à pouvoir être convaincus qu’ils débuteront le 16 juin contre l’Australie. « Le premier nom que je pose sur la feuille de match, c’est le gardien », répondait le sélectionneur avant la rencontre face à l’équipe de Mancini. Un journaliste lui avait demandé si N’Golo Kanté était le premier sur la feuille à chaque fois. Deschamps a balayé cette hypothèse reconnaissant les qualités du milieu de terrain de Chelsea. Tout ça pour dire que “DD” a aujourd’hui l’embarras du choix. Et ce, pratiquement à tous les postes. On vous le prouve.
En défense
Dans l’idée, Djibril Sidibé, Raphaël Varane, Samuel Umtiti et Benjamin Mendy constituent la ligne défensive la plus expérimentée pour protéger les buts d’Hugo Lloris. Si, dans l’axe, les deux joueurs du Real et du Barça gardent bien une longueur d’avance, la prestation du Marseillais Adil Rami face à l’Italie de Mario Balotelli a surpris. Dans le très bon sens du terme. Mieux, sur les côtés, Lucas Hernandez a réalisé le match parfait à gauche. Il peut compter sur le soutien d’Antoine Griezmann, avec qui il évolue à l’Atlético Madrid. Loin d’être un détail car Didier Deschamps cherche un maximum d’automatismes. Benjamin Mendy a manqué plus de six mois de compétition en se blessant au genou avec Manchester City. Si on met de côté l’aspect physique, Mendy n’a pas montré l’assurance tactique d’un joueur qui aurait
‘‘ disputé plus de 50 matches cette année. De l’autre côté, Djibril Sidibé porte toujours sur son dos l’étiquette du latéral droit ultra-offensif et ses fautes de jugement qui vont avec. On sait à quel point l’application défensive est essentielle pour aller loin en Coupe du Monde. En 1998, les Bleus n’avaient encaissé que deux buts (Danemark et Croatie) et en 2006, trois. Benjamin Pavard a montré beaucoup d’application et une qualité de centre au-dessus de la moyenne.
Au milieu
C’est certainement là que le débat le plus compliqué se pose. Concrètement, il y a trois places à prendre. N’Golo Kanté a son ticket validé même si le sélectionneur ne peut l’admettre en ces mots, mais pour le reste... En 8 sélections, Corentin Tolisso ne s’est jamais foiré jusqu’ici et semble avoir assimilé parfaitement la philosophie du Bayern Munich : du caractère, de la maîtrise, du combat, et surtout, cette conviction de n’avoir rien à envier à personne. L’ex-Lyonnais arrive sur un contrôle ou une passe, à mettre toute l’équipe dans le sens de la marche. De plus, il est intéressant à la récupération. Bref, ce sera bien un casse-tête pour Deschamps. « C’est mon rôle à moi de lui donner des maux de tête, a-til lâché à la fin du match vendredi. Bien sûr que j’ai envie de jouer mais je pense que je ne suis pas le seul ». Et effectivement, il n’est pas le seul. Deux gauchers de classe mondiale sont là : Paul Pogba, et Blaise Matuidi. Sans éclats. N’Zonzi, plus en retrait. Alors à qui le troisième fauteuil ? Deschamps devra trancher.
En attaque
« Ousmane, [Dembélé] c’est le meilleur jeune du monde ». Les mots de Mbappé au moment de quitter l’Allianz, brillant mais pas efficace contre l’Italie, en disent long. L’attaquant parisien a fait du joueur de Barcelone, son grand ami, son choix pour compléter le trident offensif. avec Griezmann. Il faut dire que la vitesse affichée par les trois devant a été vertigineuse. Reste à mieux organiser tout ça. « Oui, il y a deux trois passes ratées car on ne se connaît pas encore tous. On n’a pas tous les automatismes. Mais il y a un gros potentiel », reconnaissait Griezmann. Mais entre eux, cela ne fait aucun doute, il faut les faire jouer ensemble. « Ousmane est capable de faire des choses fantastiques, de créer des différences avouait Deschamps. Il a cette vitesse balle au pied, il utilise les deux pieds, met un superbe but. Il peut rater des choses faciles ». Giroud, Thauvin, Lemar et Fékir ne semblent même pas avoir le droit d’y penser. Le sélectionneur des Bleus a bel et bien une Ferrari entre les mains. Reste à trouver les bons réglages pour emmener cette équipe de France vers les sommets.
Donner des maux de tête ”