Sélectionneur des Bleus : une fonction à part
À l’approche du Mondial, Canal+ interroge d’anciens meneurs d’hommes, d’Hidalgo à Domenech
Que se passe-t-il dans la tête d’un sélectionneur quand il rédige sa liste ? Comment l’homme qui se cache derrière le coach vit-il la pression et le déferlement médiatique ? Quel souvenir garde-t-il de son passage à la tête des Bleus ? C’est ce que nous fait découvrir Renaud Saint-Cricq dans « Sélectionneurs ». Michel Hidalgo, Henri Michel – décédé le 24 avril et dont c’est la dernière interview –, Michel Platini, Gérard Houllier et Raymond Domenech ont accepté de livrer leur ressenti sur leur expérience de sélectionneur. « Je les ai tous contactés et j’ai mis un an et demi à faire ce film », explique Renaud SaintCricq, le réalisateur. L’idée de ce projet est née grâce au documentaire « L’Enfer de Matignon », de Raphaëlle Bacqué et Philippe Kohly. « Je me suis dit que l’on pouvait adapter l’idée, car, à part Premier ministre, le job le plus difficile est sélectionneur. C’est une histoire qui finit toujours mal. Ils passent de la gloire à la chute. Ce qui m’intéressait, c’était de savoir comment ces hommes avaient vécu ce rôle. J’ai cherché l’humain derrière le sélectionneur. » Le réalisateur a délibérément choisi de ne pas faire de voix off et de découper son documentaire en neuf grands chapitres, de la nomination à la chute en passant par la communication ou la liste. Michel Platini confie ainsi, concernant la presse : « J’ai appris à communiquer et à avaler des couleuvres ». Ce film permet également de retracer une partie de l’histoire de l’équipe de France et d’en revivre les grands moments, mais aussi les coups durs, grâce à de très nombreuses images d’archives. « Je leur ai fait réécouter des bouts d’interviews ou revoir des séquences particulières », poursuit Renaud Saint-Cricq. Raymond Domenech revoit ainsi le coup de tête de Zinedine Zidane lors de la finale du Mondial 2006 face à l’Italie, match qu’il n’a jamais pu regarder. Quant à Henri Michel, il a revu l’interview d’Éric Cantona le traitant, indirectement, de « sac à merde ». À l’heure où la Coupe du monde se profile, ce documentaire met en lumière tous les aspects de ce poste si particulier. « Les sélectionneurs ont quelque chose que les autres n’ont pas, une gestion du stress impressionnante et une capacité à choisir de tous les instants », conclut Renaud Saint-Cricq.