FOOTBALL VAR, opération séduction
Très critiquée à chaque utilisation, l’assistance vidéo (VAR) était au coeur de la convention de fin de saison qui s’est tenue à Cannes, fin mai, entre plusieurs cadres du football français
L’assistance vidéo veut faire ses preuves. Fin mai, lors de la convention des clubs professionnels à Cannes, Eric Borghini, président de la commission fédérale des arbitres, Pascal Garibian, directeur technique de l’Arbitrage de la FFF ou encore Olivier Létang, président délégué du Stade Rennais, débattaient à l’occasion de la conférence « L’assistance vidéo : la technologie au service du football ». En vigueur dès la saison prochaine en Ligue 1, et dès cet été à l’occasion de la Coupe du Monde en Russie, l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR) veut s’imposer dans le football français. « C’est un outil qui doit permettre d’aider efficacement les arbitres tout en préservant les émotions du football » relate Pascal Garibian.
Quatre cas
La VAR ne sera utilisée que dans quatre cas : pour vérifier la validité d’un but, confirmer ou infirmer un penalty, vérifier le mérite d’un carton rouge attribué et identifier un joueur lors d’une situation litigieuse et que l’arbitre n’a pas vu (une bagarre, etc.). « Elle va permettre de corriger, dans ces cas, des décisions clairement erronées » précise le directeur technique de l’arbitrage français. Pour aider l’arbitre central, cinq autres personnes formées seront réunies en temps réel : un arbitre assistant vidéo, qui est le seul à analyser les images en sa possession, un auxiliaire, un opérateur, qui a toutes les images, un arbitre et un assistant de visionnage. « Il faut que l’on travaille la communication entre arbitres » insiste Garibian. De là à limiter le ralentissement du jeu ? « Lorsque l’on regarde une étude sur plus de 900 matches, on perd bien moins de temps de jeu effectif que les remplacements, les corners, les touches ou les coup-francs cumulés… L’assistance vidéo, c’est entre 0 seconde et 1 minute pour les cas les plus litigieux. Les coupfrancs, par exemple, c’est presque 9 minutes » argue l’ancien arbitre. Vigoureusement débattue en France, la vidéo n’a pas fini d’apporter son lot de supporters et de déçus. Pour les uns, elle ne rendra que la justice, pour les autres, elle mettra fin à la spontanéité des joueurs et du public.
L’assistance vidéo sera-t-elle utile ?
Oui, car cela va permettre de corriger des décisions clairement erronées. Ce qu’on doit comprendre, c’est que l’assistance vidéo intervient silencieusement en permanence pour analyser les situations du protocole IFAB (International Football Association Board, ndlr). En cas de situation objective, l’assistant vidéo corrigera la décision arbitrale. Mais en cas de subjectivité, c’est l’arbitre qui prendra la décision finale.
La vidéo ne risque-t-elle pas de créer des écarts entre la Ligue et les autres divisions ?
Aujourd’hui, les meilleurs arbitres sont au haut niveau. Ils ont les oreillettes, des drapeaux de touche électroniques… C’est le foot, c’est la vie qui veut que le haut niveau n’ait pas les mêmes moyens que les niveaux inférieurs. Quels sont les enjeux et les conséquences les plus importants ? C’est du haut niveau, il y a des conséquences économiques… Mais la VAR, ce n’est pas un arbitrage vidéo, elle a simplement vocation d’intervenir le moins possible. Nous allons quand même continuer de travailler avec les arbitres de tous les niveaux pour continuer à être performants.
Plutôt que la vidéo, ne faut-il pas une formation plus complète des arbitres ?
Les arbitres sont déjà au maximum de leurs capacités physiques, mentales et de formation. C’est vrai que l’assistance vidéo n’est pas parfaite, elle est encore en phase d’expérimentation… Mais il faut vraiment comprendre ce que c’est, et ce qu’elle va apporter. Quand l’on en aura conscience, on comprendra qu’elle ne peut qu’être bénéfique pour le football.