Nice-Matin (Cannes)

Loi sur les « fake news » : Brochand la juge « inutile »

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Bernard Brochand a une dent contre les « fake news ». Celles, explique-t-il, « qui utilisent la désinforma­tion dans le but de manipuler l’opinion publique à des fins politiques ou financière­s. » Et il développe : « À l’inverse de la blague du er avril qui vise à faire rire et qui se révèle très vite être fausse, la “fake news”, dans le cadre politique, a pour but d’atteindre l’opposant dans son action en apportant des éléments qui vont alimenter une campagne de déstabilis­ation à l’égard d’une personne ou d’un groupe. » Pour autant, concernant la propositio­n de loi « relative à la lutte contre les fausses informatio­ns » déposée par la majorité, Brochand rejoint l’avis de ses collègues Républicai­ns : «Jela juge inutile. Elle pourrait conduire à des dérives dangereuse­s pour la démocratie. De toute façon, l’arsenal législatif en France est déjà assez conséquent en la matière. Le texte de  prévoit déjà la répression de la diffusion de fausses informatio­ns. Cette loi a été réécrite plusieurs fois depuis plus d’un siècle, et je suis d’accord avec le groupe parlementa­ire pour affirmer que ces dispositio­ns à ce sujet sont largement suffisante­s. » Le député s’oppose également à la définition des fausses informatio­ns données par le texte. « Elles sont décrites comme toute allégation ou imputation d’un fait, inexacte ou trompeuse. Cette définition laisse place à un grand nombre d’incertitud­es sur la nature d’une fausse informatio­n. Il y a là un risque de liberticid­e important. Je ne souhaite pas voir cette loi se transforme­r en arme utilisée par le gouverneme­nt pour faire taire l’opposition. » Par ailleurs, Bernard Brochand estime que l’article er de cette loi dans sa rédaction n’est pas réaliste. « En effet, confier au juge le pouvoir de décider seul, en h, de la véracité d’une informatio­n semble impossible dans les faits. Je suis donc favorable à l’amendement de mon groupe parlementa­ire qui vise à ce que le juge ne décide plus seul, mais en formation collégiale. Cela permettrai­t de prendre plus de distance vis-à-vis des enjeux, afin de ne pas trancher seul dans la précipitat­ion. « Enfin, avec mes collègues Républicai­ns, nous refusons de donner plus de pouvoir au CSA en période électorale. Il est prévu dans le texte qu’en cas d’ingérence d’une puissance étrangère au sein d’une chaîne et dont l’interventi­on viserait à déstabilis­er le scrutin, le CSA pourrait intervenir et supprimer le convention­nement de

la chaîne. Le CSA ne doit pas être le juge du scrutin. Ce pouvoir devrait appartenir au Conseil constituti­onnel conforméme­nt aux institutio­ns de la Vème République ou à un nouvel organe indépendan­t. »

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