VALLAURIS-GOLFE-JUAN «La fresque a été détruite, elle n’existe plus ! »
Face aux rumeurs sur les réseaux sociaux, Serge Castel, directeur de la DDTM, met les points sur les «i» au sujet de la démolition de la céramique créée par Jean Marais pour «Chez Nounou »
L’annonce de la démolition de la fresque de Jean Marais qui ornait « Chez Nounou » (NiceMatin du 23 juin) a enflammé les réseaux sociaux. « Complot », « désinformation… » Durant plusieurs jours, on a baigné dans l’hystérie collective. Une photo, en particulier, a alimenté les rumeurs. On y voit le mur qui entourait le passeplat et sur lequel reposait la céramique, entièrement nu. « La preuve » pour certains que la fresque a été démontée. « La preuve… qu’elle n’a pas été détruite en même temps que l’établissement. » « Sinon, pourquoi ne pas l’avoir démolie en même temps que les murs ? » poursuivent les inquisiteurs. De là, les rumeurs ont fleuri : « La fresque a été récupérée ! », « elle n’est pas perdue pour tout le monde ! » Un temps éteint, la longue polémique qui a précédé et suivi la démolition par l’État, en février dernier, des établissements Vallauris-Plage, Tetou et Chez Nounou, est repartie de plus belle. Nourrie par le triste sort de cette oeuvre réalisée dans les années quatre-vingt par Jean Marais à la demande de Gilles Esmiol, exploitant des lieux depuis 1973. Dans un communiqué, Serge Castel, directeur de la DDTM, précisait « qu’un constat d’huissier a vérifié que la fresque présentait des carreaux cassés et des traces de perçages. De plus, un diagnostic a révélé la présence d’amiante dans les carreaux et la colle [...] Un délai de deux mois a été accordé à l’exploitant afin de déposer la fresque et d’enlever le matériel présent dans l’établissement illicite. Si l’exploitant a déménagé ses biens, il n’a pas fait procéder à la dépose de la fresque. Le délai de deux mois passé, la fresque, dangereuse, a donc été détruite, sous chantier étanche au regard de la présence d’amiante, par l’entreprise mandatée par les services de l’État. » Pas de quoi faire taire les rumeurs sur les réseaux sociaux qui ont même reproduit ce communiqué, pourtant réservé à la presse! Au point que Serge Castel a dû se fendre de nouvelles précisions. « Avant la démolition, un diagnostic amiante a été établi pour les trois établissements. Il a été positif uniquement Chez Nounou. La mise en place de la procédure, très stricte dans le cadre d’un chantier de désamiantage, a duré un mois. M. Esmiol a donc eu un mois supplémentaire pour déménager ses affaires. Nous avions proposé à M. Esmiol de faire procéder à ses frais au démontage ou au découpage de la fresque. Mais le coût de l’opération s’élevait à 15 000 euros. »
« Elle était dangereuse »
La fameuse photo du mur nu ? «Nous avons la même, faite après le désamiantage. Chaque étape a fait l’objet d’un constat d’huissier, avec prise de photos, rétorque Serge Castel. L’entreprise mandatée par nos soins a enlevé les carreaux selon la procédure en règle pour le désamiantage. Bâtiment mis sous cloche pour éviter les particules de l’amiante en suspension, aspiration de toutes les cloisons, matières recueillies ensachées, etc. Ce traitement a été appliqué aux carreaux de céramique. Ils ont fini dans des sachets étanches et ont été évacués, comme le reste des gravats du chantier, dans une décharge spécialisée. » Et le représentant de l’État de préciser: «15 tonnes d’amiante ont été retirées en tout. Cette fresque était dangereuse. Elle a été détruite. Elle n’existe plus. » Ce qui existe toujours, en revanche, c’est la suite de la procédure judiciaire entamée par les trois anciens exploitants contre la préfecture. C’est ce vendredi que la cour d’appel administrative de Marseille doit se prononcer.