Nice: l’alerte des ONG sur le traitement des migrants
Après les épisodes Aquarius et Lifeline [lire notre encadré], et en plein débat sur le durcissement de l’accueil par le Sénat, cinq organisations non gouvernementales font le point à Nice sur la situation des migrants. Médecins du Monde, Médecins sans Frontières, la Cimade, le Secours catholique et Amnesty International, ainsi que l’Anafe qui propose une assistance aux frontières pour les étrangers, mettent en commun leurs conclusions après trois jours d’observation entre Vintimille et Menton. «Rien qu’en 48 h, nous avons vu 157 personnes se faire refouler par les hommes de la police aux frontières », déplore ainsi Corinne Torre, responsable de MSF France. Dans le même laps de temps, onze mineurs non accompagnés auraient été éconduits, mais aussitôt ramenés par les autorités italiennes. « Notre pays a l’obligation de les placer sous la protection de l’Aide sociale à l’enfance », rappelle Corinne Torre. « Doit-on renvoyer des gens qui fuient la Libye dans un pays où le président Macron a récemment indiqué que des crimes contre l’humanité y étaient perpétrés ? » Le Mentonnais Philippe de Botton, président de Médecins du Monde, regrette que l’on « criminalise des ONG qui font du secours en mer » et que « le droit humanitaire » ne soit pas respecté. « Sans être dans une position naïve, je pense que Christiane Taubira a raison de rappeler que nous avons su accueillir les rapatriés d’Algérie ou les réfugiés d’Espagne en 1936. On ne dit pas que c’est facile. Mais selon des économistes, l’Allemagne aurait déjà rentabilisé l’argent dépensé pour l’accueil des migrants. » Conclusion de Jean-Claude Mas, secrétaire général de la Cimade : « Nous, société civile, on s’organise pour ne rien lâcher en termes d’observation et de veille. Ce rapport de forces permet de combattre les inégalités, à un moment où la volonté d’endiguer le problème fait que l’on s’assoit sur les droits. »