Trois projets en compétition Pet
L’hôtel * de Corinthia L’extension hôtelière d’Accor-Bouygues
À la Pointe Croisette, la “guerre des trois” aura bien lieu. Dans son splendide isolement face aux îles Lérins, le Palm Beach reste terre de conquête. Touristique, économique, urbanistique. Même encore en friche. Le Casino Partouche a quitté la mythique forteresse, jadis cambriolée par Gabin et Delon pour une sacrée mélodie en sous-sol. Mais la roue continue de tourner dans cet ancien antre des jeux déjà transformé en salle de spectacles par Patrick Tartary, nouveau « maître des lieux ». Et l’avenir de l’édifice, inauguré en , s’inscrit toujours en pointillés, au-delà du bail emphytéotique signé avec les copropriétaires de la Pointe Croisette (cinq syndicats, environ ayant droits), qui court encore jusqu’en . Trois projets sont actuellement en concurrence, afin de redonner tout son lustre au Palm Beach, sans dénaturer (?) son environnement. L’un (déjà présenté dans nos colonnes) est porté par le duo cannois Tartary-Barokas (Gotha club), et bénéficie du soutien des socioprofessionnels locaux (notre édition de demain). Mais la messe est loin d’être dite. Les groupes hôteliers Corinthia et Accor (associé à Bouygues) envisagent chacun un complexe hôtelier, avec destruction (ou rénovation) et extension du bâti existant. « Pour l’instant, rien n’est arrêté, on se donne le temps de la réflexion et il n’y a aucune urgence à se précipiter, souligne Patrick Pimpaud, au nom des copropriétaires. Même si certains voudraient déjà qu’on dise oui à Tartary, même si on subit des pressions, on reste maître du jeu. On sera attentif aux garanties financières et à la qualité du projet avant de trancher. C’est une décision qui va engager l’avenir de la Pointe Croisette, notamment pour les générations futures. On veut quelque chose de chouette. Il ne s’agit pas de faire juste un replâtrage contre un bail à long terme, uniquement pour faire plaisir à certains…» Quitte à modifier le Plan local d’Urbanisme, ce à quoi se refuse la mairie ? « Quand David Lisnard était premier adjoint, on avait arrêté un cahier des charges en ce sens. Aujourd’hui, il ne veut plus modifier le PLU. Soit, constate M. Pimpaud. Mais on représente aussi un poids politique, voire électoral… ». Rien n’est joué, décidément.
« Réinventer le Palm Beach, dans sa nouvelle destination de complexe hôtelier. » C’est la profession de foi du projet présenté par le groupe Accor, associé à Bouygues immobilier. Il s’agit à la fois de respecter le passé du Palm Beach dans son bâti existant, tout en misant sur la modernité dans son extension. « Tant du point de vue architectural que d’un point de vue communication, Palm Beach a acquis la valeur d’une marque que nous ne souhaitons pas effacer. Nous voulons profiter de l’héritage et le faire fructifier », annoncent les architectes Alain Derbesse et Eric Delplanque, qui ont pour référence d’avoir déjà conçu la réhabilitation du Molitor à Paris. De l’ancien Casino, la partie ouest serait rénovée dans un style Belle époque, avec reconstitution fidèle des trois éléments les plus emblématiques: d’abord la fameuse piscine du film Mélodie en sous-sol, avec son eau de mer et ses bains de soleil, ainsi qu’un restaurant ouvert sur la Croisette. Ensuite, les grandes salles de réception des années 1920 donnant sur cette piscine, avec leurs décors et façades. Enfin, l’escalier d’entrée et son auvent. En revanche, l’extension en forme de fer à cheval tourné vers la mer se veut résolument contemporaine et dédiée à l’hébergement hôtelier sous forme de suites cinq étoiles, avec jeu de terrasses et de balcons panoramiques face aux îles de Lérins. « Cette extension doit renforcer la qualité du site qui dispose d’un atout considérable : une vue en cinémascope du littoral », argumente-t-on. Pour trait de liaison entre ces deux styles architecturaux et ces diverses époques, une palmeraie intérieure. Et pour le bien-être, un espace Spa. Entre plage détente et plage sportive, le parking public sera également végétalisé, et des espaces piétons seront créés entre l’hôtel et la mer, pour « mettre en avant le contexte insulaire ».