Macron : « Le seul responsable c’est moi !
Dans l’affaire Benalla, « le responsable c’est moi», a affirmé hier soir Emmanuel Macron devant des députés de la majorité, disant avoir ressenti les « actes du 1er-Mai » de son collaborateur comme « une trahison », selon des propos rapportés. « Ça n’est pas la République des fusibles, la République de la haine. On ne peut pas être chef par beau temps. S’ils veulent un responsable, il est devant vous. Qu’ils viennent le chercher. Je réponds au peuple français », a déclaré le chef de l’État, devant des élus et plusieurs membres du gouvernement. Avertissant aussi : « Que serait la République si au premier coup de vent, je disais ça n’est pas moi, c’est mon collaborateur ou le troisième bureau ? Certains ont oublié le gaullisme et sa dignité, les extrêmes n’aiment pas l’État. Je ne donnerai pas des têtes. Je ne fonctionne pas comme ça. Je prendrai des décisions profondes de refonte des structures ».
« Un clan qui s’autorise tout »
Sans surprise, satisfaction du côté de la majorité, à l’instar d’Hervé Berville, porte-parole du groupe LREM : « C’était bien qu’il vienne. Nous sommes tous réunis. La crise a montré que la majorité est soudée ». Pour sa part, le député LR des Alpes-Maritimes Eric Ciotti n’a pas tardé à réagir sur Twitter : « Il confirme ce que nous disons depuis le début et admet qu’il est responsable dans le scandale d’État de l’affaire Benalla. Il préfère s’expliquer dans l’entre-soi de sa petite caste plutôt que de donner les explications qu’attendent les Français ». Plus tôt, dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, c’est dans une atmosphère très tendue que le Premier ministre avait pris la parole. « Une dérive individuelle » et non pas « une affaire d’État », a-t-il soutenu, sous les ovations du groupe En Marche et les quolibets de l’opposition. « Rien n’a été masqué, rien n’a été omis », a assuré Édouard Philippe, soumis au feu roulant de questions des chefs de groupe, de Christian Jacob (LR) à Valérie Rabault (PS), en passant par André Chassaigne (PCF), Jean-Luc Mélenchon (LFI) et le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, qui a dénoncé « un clan qui s’autorise tout » autour du chef de l’État. Le chef du gouvernement a admis des « questions »surla« proportionnalité » de la sanction infligée début mai à Alexandre Benalla (une simple mise à pied de 15 jours), après avoir frappé des manifestants le 1er mai. Mais « la célérité » de la réponse n’est « pas contestable », a-t-il assuré.
« Pas assez d’éléments »
Hier après-midi, lors de son audition par la commission des Lois, le directeur de cabinet du président de la République, Patrick Strzoda, a affirmé ne pas avoir saisi la justice à propos des actes du 1er mai parce qu’il n’avait « pas assez d’éléments» pour le faire, soulignant qu’aucune plainte n’avait été déposée : « Le 2 mai, avec le souci de prendre une sanction immédiate, et sur la base des informations dont je disposais, j’ai pris cette sanction de suspension et de rétrogradation, avec une lettre d’avertissement valant notification de licenciement en cas de nouveau comportement fautif (...) Je comprends parfaitement qu’on puisse considérer que (cette sanction) n’était pas adaptée, en tout cas en ce qui me concerne, j’assume ma décision ». La Macronie monte crescendo au créneau pour réfuter à l’unisson toute « affaire d’État» et évoquer une « dérive individuelle ». Cette ligne a de nouveau été tracée hier lors de l’habituel petit-déjeuner de la majorité à Matignon. Le Premier ministre s’est ensuite rendu à la réunion hebdomadaire des députés LREM, à huis clos, accusant les oppositions «de ne pas vouloir la vérité, mais la crise ».