Jean-Luc Bartoli
Retrouvez cette rubrique qui donne la parole à un habitant de la cité des parfums ou du pays grassois. Aujourd’hui : Jean-Luc Bartoli revient sur sa jeunesse passée à Sainte-Anne, un hameau rural alors entouré d’oliviers et de fleurs.
Je garde de mon enfance un souvenir de bonheur et de liberté, une sensation de bien-être et de joie intense. Cela tient sans doute à l’environnement où je vivais alors, au coeur d’un paysage de restanques couvertes d’oliviers, de cultures maraîchères et florales. » Jean-Luc ne tarit pas d’éloges lorsqu’il se souvient de ses jeunes années écoulées à Sainte-Anne, ce hameau grassois sis sur la route de Peymeinade. Né le 25 avril 1960, à la Clinique Ricord devenue plus tard la villa Madeleine, avant d’être transférée, sous le nom de Clinique du Palais, au bas de l’avenue Chiris. Son père est employé de mairie et sa maman, tapissière chez Marzoratti, une entreprise de mobilier, bien connue de la cité des Parfums.
S’évader avec Rintintin !
«Notre maison était un vieux mas du XVIIIe siècle, dans la famille depuis 1906. Elle se trouvait à proximité du Cercle. Ma grand-mère élevait des vaches et vendait le lait aux particuliers des alentours. Ma jeune soeur et moi, apprécions la liberté. Aucune propriété n’était clôturée, tout le monde se connaissait et l’on se sentait chez nous partout» précise Jean-Luc qui n’a jamais édifié de haie ni de mur autour de chez lui. « J’ai fréquenté l’école primaire de SaintJacques où je me rendais chaque jour à pied. À l’époque, nous lisions beaucoup, c’était notre loisir favori, surtout les bandes dessinées dont le héros était le chien Rintintin, un berger allemand à qui il arrivait de nombreuses aventures. Ma scolarité s’est poursuivie au collège Carnot puis aux Olivettes, situées sur l’avenue Victoria où j’ai obtenu un BEP d’agent administratif. » Jean-Luc qui apprécie le travail manuel saisit l’opportunité d’entrer chez Lautier comme manutentionnaire. Au même moment, il rencontre une jeune fleuriste Ghyslaine, devenue depuis son épouse. Une restructuration de l’usine de parfumerie l’oblige à prendre un nouveau départ. Il décide alors de reprendre la marbrerie Mancini. La maçonnerie l’a toujours passionné et il va rester plus d’un an avec Monsieur Mancini qui lui transmet son savoirfaire.
Stèle de la gouvernante de la reine et tombeau d’Honoré-Cresp
« Le métier de marbrier est éclectique. Je travaille le granit, plus rarement le marbre, un matériau assez fragile. Le plus difficile demeure la douleur des familles endeuillées, malgré la réserve que je m’impose. » Jean-Luc procède aussi au nettoyage des caveaux, à la réfection des lettres des sépultures, souvent réalisées avec de la feuille d’or. « Il m’arrive aussi de rénover d’anciennes tombes. J’ai ainsi restauré le cénotaphe de la dame de compagnie de la reine Victoria, le tombeau d’Honoré Cresp et celui de la famille Lautier», poursuit Jean-Luc intarissable sur l’histoire des nécropoles grassoises. Aujourd’hui, Jean-Luc et son épouse résident toujours à Sainte-Anne. Ils profitent pleinement de cet environnement qui a su conserver son aspect rural. Si leur fils est pompier à Peymeinade, Julie leur fille travaille dans le domaine médical en Australie. Les paysages grandioses de ce continent qu’ils ont découvert ne peuvent toutefois rivaliser avec le riche passé historique de la cité des parfums. ■ « Rosemai ». Ed. Campanile. Roman de terroir. 340 p.