MACRON INVITE THERESA MAY À BRÉGANÇON
En difficulté dans son pays, la Première ministre britannique sera reçue par le Président français vendredi au fort varois. Immigration, Défense, économie : alors que les négociations sur le Brexit sont dans l’impasse, les sujets ne manquent pas.
Emmanuel Macron va recevoir la Première ministre britannique, Theresa May, vendredi en fin de journée au fort de Brégançon (Var), a annoncé, hier, le Palais de l’Élysée. Une rencontre qui se déroulera alors que le couple présidentiel entame ses vacances. Après une réunion de travail, Theresa May et son époux Philip seront invités à un dîner privé par le couple Macron dans la résidence présidentielle. Les discussions devraient notamment porter sur le Brexit [lire ci-dessous], alors que les négociations piétinent sur la conclusion d’un accord d’ici à la mi-octobre entre l’Union européenne et le Royaume-Uni afin d’organiser leur divorce et jeter les bases de leur relation future.
L’erreur du référendum
A moins d’un an de l’échéance (29 mars 2019), Emmanuel Macron entend devenir l’homme fort européen dans un climat marqué par l’éloignement de l’ami américain et la difficulté pour Angela Merkel de se sortir de la crise des migrants qui l’a déstabilisée au sein du gouvernement allemand. Dans un entretien à la BBC diffusé le 21 janvier dernier, le locataire de l’Elysée estimait que les Français auraient « probablement» voté pour une sortie de l’Union européenne (UE), s’ils avaient eu le même choix que les Britanniques. Avant de préciser aussitôt que « notre contexte était très différent ». « Donc je ne veux pas pas faire le moindre pari, mais j’aurais définitivement combattu très durement pour gagner » ce scrutin, avait-il déclaré.
« Intérêts collectifs » à préserver
« Je pense que c’est une erreur de juste demander “oui ou non” quand vous ne dites pas aux gens comment améliorer la situation ou leur expliquer comment l’améliorer », avait également commenté Emmanuel Macron, assurant un peu plus tôt ne pas vouloir « juger ou commenter » la décision du peuple britannique. « J’aimerais vous accueillir de nouveau » dans l’UE, avait-il également confié. Le chef de l’Etat avait, par ailleurs, estimé que « bien sûr », un accord spécial était possible entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, comme le souhaite le gouvernement britannique après le Brexit. « Mais cette voie spéciale devra être compatible avec la préservation du marché unique et de nos intérêts collectifs », avait-il prévenu. « Et vous devriez comprendre que vous ne pouvez pas, par définition, avoir un accès total au marché unique si vous ne cochez pas la case » [de l’appartenance à l’UE], avait souligné Emmanuel Macron, précisant que la solution « est peut-être quelque chose entre cet accès total et un accord commercial ».
« Brexit sans accord »
Depuis, Emmanuel Macron s’est rendu à la mi-janvier à Sandhurst, près de Londres, pour participer au sommet franco-britannique qui a essentiellement porté sur le dossier migratoire et la situation à Calais. En visite lundi à Paris, le nouveau chef de la diplomatie britannique, Jeremy Hunt, s’est, pour sa part, déclaré « préoccupé » par le « vrai risque d’un Brexit sans accord ». « Le gouvernement britannique a proposé une solution mais je crains que beaucoup de gens pensent dans l’UE qu’il suffirait d’attendre encore pour un changement de ligne de la Grande-Bretagne », a-t-il mis en garde sur France Inter.
Le coach Salvini...
Voyant d’un mauvais oeil le retoquage du « plan de Chequers » – sorte de livre blanc passant en revue les propositions de Theresa May sur la future relation avec l’Union européenne – par le négociateur européen Michel Barnier, le nouveau ministre italien de l’Intérieur est venu à la rescousse de Theresa May dans les colonnes du Sunday Times en lui conseillant de se montrer plus dure dans les négociations avec Bruxelles sur le Brexit, si elle ne veut pas «se faire avoir ». « D’après mon expérience au Parlement européen, c’est soit vous vous imposez, soit vous vous faites avoir », a déclaré Matteo Salvini, également chef de file de la Ligue, un parti d’extrême droite eurosceptique. « Sur certaines choses, il n’est pas nécessaire de faire preuve de souplesse », a-t-il insisté. Cette faiblesse de la Première ministre à défendre les intérêts du Royaume-Uni est de plus en plus perceptible dans l’opinion insulaire. En effet, selon un sondage Sky News diffusé lundi, près de deux tiers des Britanniques (65 %) estiment que le gouvernement de Theresa May obtiendra un mauvais accord avec les Européens. Ils n’étaient que 50 % à partager cette opinion dans un précédent sondage en mars.