L’A bientôt à km/h
Vinci Autoroutes ne veut pas investir sans contrepartie dans un système de régulation de vitesse sur cette portion de l’A8. Du coup, le préfet décide d’autorité d’abaisser la vitesse de 110 à 90
Apartir du 1er octobre, non seulement les automobilistes azuréens paieront au prix fort l’autoroute entre Antibes et Nice-Saint-Isidore (2,10 euros pour 20,9km) mais ils ne pourront plus dépasser les 90 km/h (dans les deux sens, direction Nice et Antibes). Cet abaissement de la vitesse autorisée de 110 à 90 vient d’être décidé par GeorgesFrançois Leclerc, le préfet des Alpes-Maritimes. Le représentant de l’Etat souhaitait la mise en place d’un système automatisé de régulation de la vitesse pour tenter de limiter
(1) les bouchons matinaux. Avec 150 000 véhicules par jour, cette portion d’autoroute se retrouve bloquée 300 jours par an aux heures de pointe. Dans un courrier daté du 26 juillet, le préfet Leclerc explique aux élus que Vinci Autoroutes refuse cet investissement s’il ne peut, en contrepartie, augmenter ses tarifs. Il a donc décidé d’autorité de prendre un arrêté applicable le 1er octobre. Ce qui pourrait faire baisser de 25% le nombre d’accrochages.
Vinci prêt à discuter
Arnault de Menou, porteparole du concessionnaire, livre des explications plus nuancées : « Nous avons été effectivement sollicités par Monsieur le préfet pour mettre en place un système de régulation automatique de la vitesse, un système efficace, très vertueux. Mais c’est une décision qui ne peut être prise que par le ministère des Transports » Le responsable de la communication ajoute, pour éviter d’alimenter la polémique : « Nous sommes à la disposition du ministère pour étudier la question dans le respect du contrat… Cela n’implique pas forcément une augmentation du tarif. » À condition que Vinci ne soit pas seul à délier sa bourse pour mettre en place un abaissement ponctuel de la vitesse (jusqu’à 70 km/h) en fonction du trafic.
Colère du président du Département
Charles-Ange Ginesy, le président du Département des Alpes-Maritimes, a été le premier à réagir vivement au courrier du préfet : « Je demande à l’État de faire pression sur Vinci Autoroutes parce qu’on va aboutir à une situation inadmissible. » Au cas où la réduction de la vitesse serait effective, l’élu LR insiste : «Je n’accepterais pas que l’État renonce à imposer à la société Escota (ndr: filiale de Vinci) la gratuité de l’autoroute pour les usagers sur le tronçon Antibes-Nice SaintIsidore, une portion largement amortie.» Le président du Département précise que « la sécurité routière et la question environnementale figurent au rang de [ses] priorités ». Il milite donc lui aussi pour « un dispositif de régulation dynamique (panneaux lumineux pilotés à distance) de la limitation de vitesse aux heures d’affluence. »« Cela permettrait de limiter le phénomène de congestion, d’améliorer la sécurité routière et d’abaisser la vitesse les jours de pic de pollution », argue Charles-Ange Ginesy.
Solution éprouvée sur les autoroutes de liaison, la régulation automatique du trafic est plus controversée sur les autoroutes périurbaines. Certains professionnels de la sécurité routière estiment qu’elle ne servirait à rien à Antibes compte tenu du nombre de véhicules chaque matin. Seul un élargissement de l’autoroute pourrait absorber un flux toujours croissant. Mais les contraintes géographiques locales empêchent pour l’instant toute modification.