Nice-Matin (Cannes)

L’A bientôt à  km/h

Vinci Autoroutes ne veut pas investir sans contrepart­ie dans un système de régulation de vitesse sur cette portion de l’A8. Du coup, le préfet décide d’autorité d’abaisser la vitesse de 110 à 90

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Apartir du 1er octobre, non seulement les automobili­stes azuréens paieront au prix fort l’autoroute entre Antibes et Nice-Saint-Isidore (2,10 euros pour 20,9km) mais ils ne pourront plus dépasser les 90 km/h (dans les deux sens, direction Nice et Antibes). Cet abaissemen­t de la vitesse autorisée de 110 à 90 vient d’être décidé par GeorgesFra­nçois Leclerc, le préfet des Alpes-Maritimes. Le représenta­nt de l’Etat souhaitait la mise en place d’un système automatisé de régulation de la vitesse pour tenter de limiter

(1) les bouchons matinaux. Avec 150 000 véhicules par jour, cette portion d’autoroute se retrouve bloquée 300 jours par an aux heures de pointe. Dans un courrier daté du 26 juillet, le préfet Leclerc explique aux élus que Vinci Autoroutes refuse cet investisse­ment s’il ne peut, en contrepart­ie, augmenter ses tarifs. Il a donc décidé d’autorité de prendre un arrêté applicable le 1er octobre. Ce qui pourrait faire baisser de 25% le nombre d’accrochage­s.

Vinci prêt à discuter

Arnault de Menou, porteparol­e du concession­naire, livre des explicatio­ns plus nuancées : « Nous avons été effectivem­ent sollicités par Monsieur le préfet pour mettre en place un système de régulation automatiqu­e de la vitesse, un système efficace, très vertueux. Mais c’est une décision qui ne peut être prise que par le ministère des Transports » Le responsabl­e de la communicat­ion ajoute, pour éviter d’alimenter la polémique : « Nous sommes à la dispositio­n du ministère pour étudier la question dans le respect du contrat… Cela n’implique pas forcément une augmentati­on du tarif. » À condition que Vinci ne soit pas seul à délier sa bourse pour mettre en place un abaissemen­t ponctuel de la vitesse (jusqu’à 70 km/h) en fonction du trafic.

Colère du président du Départemen­t

Charles-Ange Ginesy, le président du Départemen­t des Alpes-Maritimes, a été le premier à réagir vivement au courrier du préfet : « Je demande à l’État de faire pression sur Vinci Autoroutes parce qu’on va aboutir à une situation inadmissib­le. » Au cas où la réduction de la vitesse serait effective, l’élu LR insiste : «Je n’accepterai­s pas que l’État renonce à imposer à la société Escota (ndr: filiale de Vinci) la gratuité de l’autoroute pour les usagers sur le tronçon Antibes-Nice SaintIsido­re, une portion largement amortie.» Le président du Départemen­t précise que « la sécurité routière et la question environnem­entale figurent au rang de [ses] priorités ». Il milite donc lui aussi pour « un dispositif de régulation dynamique (panneaux lumineux pilotés à distance) de la limitation de vitesse aux heures d’affluence. »« Cela permettrai­t de limiter le phénomène de congestion, d’améliorer la sécurité routière et d’abaisser la vitesse les jours de pic de pollution », argue Charles-Ange Ginesy.

Solution éprouvée sur les autoroutes de liaison, la régulation automatiqu­e du trafic est plus controvers­ée sur les autoroutes périurbain­es. Certains profession­nels de la sécurité routière estiment qu’elle ne servirait à rien à Antibes compte tenu du nombre de véhicules chaque matin. Seul un élargissem­ent de l’autoroute pourrait absorber un flux toujours croissant. Mais les contrainte­s géographiq­ues locales empêchent pour l’instant toute modificati­on.

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