Nice-Matin (Cannes)

Sergent Garcia : « La musique est la dernière des résistance­s »

- Vous étiez déjà sur la scène des Nuits du Sud il y a deux ans, vous êtes toujours en tournée ? Vous êtes en permanence sur la route ? Vous vous considérez comme un artiste engagé. Comment résumeriez-vous cet engagement ? Les artistes ont encore un rôle à

Sergent Garcia, le groupe formé autour du chanteur franco-espagnol Bruno Garcia, ne cesse jamais de se déplacer à travers monde. Et cette appétence pour le voyage se ressent dans leur musique aux influences africaines, latinos, caribéenne­s, reggae… Une richesse qui fait danser le public du monde entier. Derrière ces mélodies, il y a aussi des textes, engagés et porteur d’espoir. Bruno nous explique. En fait, nous n’arrêtons jamais de l’être. Quand nous terminons à un endroit, nous poursuivon­s ailleurs. Nous profitons de l’été pour venir jouer en France et en Europe. Quand nous ne sommes pas ici, nous sommes en Amérique latine, en Amérique du Sud, au Japon, en Russie… Les musiciens sont toujours les mêmes ? Aujourd’hui, nous sommes sept musiciens. Le dernier est arrivé il y a quatre ans. Mais il y a des gens de plusieurs époques. Chacun vient quand il peut, c’est un groupe ouvert. Mon engagement touche beaucoup de domaines. Depuis mon adolescenc­e, j’ai toujours été militant pour des mouvements écolos et révolution­naires. J’essaye toujours de porter la voix des plus faibles. Je suis aussi particuliè­rement touché par les problèmes écologique­s, surtout depuis que je vis sur un bateau. En voyageant, je me suis construit une autre vision du monde. Je pense les problèmes d’une manière plus globale. Les solutions aussi. Mon engagement n’est plus seulement politique, il est aussi philosophi­que. Je dirais même que la musique est la dernière des résistance­s. Par exemple, en Colombie, quand des leaders sociaux, des syndicalis­tes, des paysans, des leaders des communauté­s indiennes, sont assassinés tous les jours, la musique reste le seul moyen pour résister. C’est une façon de montrer qu’il y a encore des gens qui pensent à vous. La musique ne va pas changer les choses d’un coup, mais elle va accompagne­r les changement­s. Les artistes sèment des graines en quelque sorte. Mon père est espagnol et ma mère est française. Je suis né en France, mais j’ai grandi en Espagne. Au départ, c’était pour rester en contact avec mes racines latines. Puis, j’ai commencé à sortir à Paris dans les soirées latinos. J’ai découvert la salsa, les musiques des Caraïbes. Moi qui écoutais déjà du reggae et qui étais fan de ce type de musique, ça n’a pas été long pour que je m’oriente vers cet univers que je n’ai plus lâché depuis. Les gens ne le savent pas forcément, c’est vrai. Quand je vais au Mexique, le public pense que je suis Cubain. En Colombie, ils pensent que je suis Mexicain. Je trouve ça drôle. À Correns. Jeudi 23 août, à 17 h 30. Tarif : 37€. Rens. 06.65.90.72.74. www.endemik.fr Bob Marley ou Manu Chao ? Manu, on fait à peu près la même musique. Je le connais bien. Va pour Bob Marley Bogotá. J’y suis resté plus de deux ans. La Jamaïque a toujours été là, elle m’a beaucoup influencé. Mais la Colombie a été une véritable découverte lors d’un concert en . Ça a été un coup de foudre. L’énergie, la folie qu’il y avait à Bogotá. Le nombre de musiciens au mètre carré. On ressent également une forme de désespoir due à la situation politique du pays. Les gens vivent leur journée comme si c’était la dernière. Et encore plus qu’ailleurs, l’art est une forme de résistance. Il faudrait prendre le meilleur des deux. Ils n’ont pas fait que des choses biens. Même si ça reste des personnage­s qui ont marqué l’histoire.

 ?? (Photo Sébastien Botella) ?? Vous pourrez voir Bruno Garcia et ses musiciens sur scène lors du festival Endemik le  août, à Correns.
(Photo Sébastien Botella) Vous pourrez voir Bruno Garcia et ses musiciens sur scène lors du festival Endemik le  août, à Correns.

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