« J’ai retrouvé le plaisir »
A trois jours de l’ouverture du championnat face à Reims, Jean-Pierre Rivère, président du Gym, s’exprime pour la première fois sur les raisons qui ont failli précipiter son départ la saison passée
Jean-Pierre Rivère entame sa huitième saison à la tête de l’OGC Nice. Un club moribond à l’été , auquel il a permis de renouer avec l’Europe. Une entité qu’il a pourtant failli quitter lors du dernier exercice, lassé d’un début de guéguerre avec les actionnaires sino-américains. A quelques jours du début du championnat, posé dans une salle de réunion du centre d’entraînement, le boss du Gym nous a reçus. Il s’est expliqué sur les remous de la saison passée. Avec cette volonté de toujours mieux repartir de l’avant.
Quel est votre état d’esprit en cette semaine de reprise du championnat ?
Notre préoccupation est de finaliser notre mercato, mais je suis serein et confiant. D’abord parce qu’il y a un coach qui s’est parfaitement intégré, de même que son staff technique. Ils font l’unanimité en interne. Je sais qu’il y a une grosse attente autour de Patrick Vieira, mais il est là pour plusieurs saisons et nous lui laisserons le temps nécessaire. Je crois en lui ainsi qu’en notre groupe même s’il va falloir un peu de temps pour que tout se mette en place.
Les derniers rounds amicaux n’ont pas été concluants, notamment le - face à SaintEtienne. Cela vous inquiète-t-il ?
Il y a toujours une part d’appréhension avant un début de saison. C’est le cas cette année, mais pas plus que les années précédentes. J’accorde une importance relative aux matches amicaux. La première saison avec Lucien Favre (e place), je rappelle qu’on n’avait pas gagné un match d’avant-saison… La compétition arrive. Il va falloir hausser le niveau.
Le manque au niveau des attaquants n’a pas encore été comblé ?
Nous y travaillons. Deux joueurs à vocation offensive qui, nous l’espérons, nous rejoindrons bientôt. Des noms ? Évidemment que non (sourire).
Faut-il s’attendre à un nouveau coup d’éclat, du genre Balotelli, Dante ou Ben Arfa ?
Nous avons pris des risques les saisons passées, avec des joueurs qui étaient a priori inaccessibles pour nous. Nous ne sommes pas dans cette configuration cet été. Mais nous voulons une équipe compétitive, équilibrée. Nous sommes ambitieux.
Est-ce que, comme les joueurs, vous avez des fourmis dans les jambes ?
Non, pas encore. De temps en temps, ça fait du bien de casser un peu le rythme, de ne pas être sous pression en permanence et de couper avec la succession des matches, même si nos activités ne s’arrêtent jamais. Dès que la compétition s’achève, d’autres choses importantes commencent. C’est aussi ce qui fait le charme du sujet.
Vous entamez votre huitième saison au Gym…
Que ça passe vite…
Est-ce que vous abordez les événements de la même manière qu’à vos débuts ?
Non, parce que j’ai acquis une expérience qui me donne un peu plus de facilité dans la lecture des choses. Si on repart sur un cycle avec Julien Fournier (Directeur Général) et le coach, c’est qu’on le fait avec plaisir. Le plaisir avait un peu disparu pendant quelques mois (ndlr : en raison notamment d’un désaccord avec les actionnaires chinois et américains, voir ci-dessous). On l’a retrouvé.
Quels ingrédients va-t-il falloir mettre dans cette saison pour qu’elle soit réussie ?
La réussite d’un projet dépend des hommes. Si le choix des hommes est bon, vous avancez. Nous avons eu le plaisir de travailler avec Claude Puel, puis Lucien Favre ; nous avons désormais l’opportunité de continuer à collaborer avec des hommes de qualité. Le coach, Patrick Vieira, le staff, les personnes en place, celles qui arrivent : pour moi, le club progresse un peu tous les jours. Et l’objectif global ne varie pas : on veut faire grandir l’OGC Nice.
Si le choix des hommes est bon, vous avancez »
ans de présidence, c’est long. Vous disiez avoir été proche de quitter vos fonctions. Qu’est-ce qui vous a fait changer, au-delà de l’accord avec les actionnaires ?
Les réactions autour de nous. Beaucoup de gens, en interne et à l’extérieur, sont venus nous voir en nous disant que si le projet n’était plus le même, les choses allaient changer et qu’ils ne se voyaient pas rester non plus dans ces conditions. C’était la période où nous devions convaincre Patrick de nous rejoindre et où on discutait avec des joueurs. On ne pouvait pas dire à nos interlocuteurs : ‘‘Venez nous rejoindre dans notre projet, faites-nous confiance’’, et partir dans la foulée. C’est pareil pour les salariés, on ne pouvait pas leur faire ça. Une parole est une parole. On a senti que ça pouvait devenir très difficile, beaucoup de personnes allaient quitter le navire… Nous aurions mis le club en danger et ça, nous n’en avons pas le droit. Avoir fait tout ce travail pour partir en mettant en péril l’institution, il n’en était pas question. Alors on s’est dit : ‘‘On va rester, trouver un deal qui convienne à tout le monde et repartir sur un cycle de plusieurs saisons’’.
Ces derniers temps, des rumeurs ont circulé au sujet de votre rémunération. Vous toucheriez au club un salaire très conséquent...
Je suis au courant de ces rumeurs. Depuis des mois, des personnes mal intentionnées, toujours les mêmes, font courir ce bruit. En fonction de leur inspiration du jour, mon salaire oscillerait entre et € par mois. Même chose pour mon fils, euros par mois. La réalité est beaucoup plus simple. Depuis mon arrivée au club, je n’ai jamais perçu un seul centime de salaire de la part de l’OGC Nice, et idem pour mon fils. Nous n’avons jamais été salariés du club. Quand j’ai déclaré qu’on pouvait gagner de l’argent à travers un club de football, c’était très simple. Un club est une entreprise. Vous achetez une société qui a une valeur de « x », et le jour où elle a la valeur de « x + », vous avez gagné votre « + ». Je considère que la rémunération de mon travail se paye par la valorisation de l’entreprise. Je le dis aujourd’hui parce que quand ça touche le club, ça me gêne.
En quoi est-ce que cela touche le club ?
Je vais prendre un exemple concret, parce que c’est ce qui parle le plus. Un jour, je rencontre un sponsor avec qui j’ai de très bonnes relations et qui, lors de nos échanges, me parle de ce fameux salaire… Il était persuadé que ce qu’il donnait en sponsoring à l’OGC Nice allait pour partie dans ma poche ! Ce n’est absolument pas le cas, mais s’il a ça en tête, je comprends qu’il hésite à s’engager avec le club. J’ai la chance de ne pas avoir besoin d’un salaire à travers le foot. Le Gym vaut plus aujourd’hui que quand je suis arrivé : la valeur est là. J’ignore la finalité de ces « bruits », mais c’est malsain.
Et les rumeurs, encore une fois, de relations difficiles avec la mairie ?
Elles sont infondées. J’en profite d’ailleurs pour préciser que mes relations avec monsieur le maire sont excellentes, et son soutien, notamment dans cette période, a été exemplaire.
Avec l’association (section amateur du club), les relations ne paraissent pas au beau fixe...
Je confirme. Au cours de cette période délicate que nous avons traversée, nous avons été écoeurés par l’attitude de certains membres de l’association et notamment son président (ndlr : Ange Ferracci) qui ont tout fait pour déstabiliser l’institution et nous nuire. C’est d’autant plus regrettable que nous avons souhaité dès l’origine, et le nouveau centre d’entraînement en est la preuve, avoir un club uni, avec des installations communes. Notre objectif prioritaire est de professionnaliser l’ensemble de notre processus concernant les jeunes. N’oublions pas que quand nous sommes arrivés, il n’y avait pas de médecin ou de kiné au centre… On a commencé par l’équipe première, puis la post-formation, la réserve, les U, les U. Maintenant, il faut passer à la préformation. Les jeunes sont le fil conducteur de notre projet et aujourd’hui nous avons des freins qui nous empêchent de continuer de grandir.
En disant cela, vous allez faire réagir...
Des personnes fantastiques oeuvrent auprès des jeunes au sein de l’association. Mais il y en a d’autres chez qui on ne sent pas la volonté de nous suivre dans notre démarche, et qui ne partagent visiblement pas les objectifs de performance que nous souhaitons avoir à tous les niveaux du club. On ne peut pas continuer de transiger. Des agissements extrêmement graves, au sein de l’association, ont été découverts par nos soins. Et il est grand temps que cette gestion indigne cesse. Il nous faut agir làdessus, dans l’intérêt de l’OGCN.
Vous parlez d’agissements graves ?
Il s’agit d’éléments financiers, mais je ne veux pas m’étendre sur ce point.
«Jenet ouche pa sun centime de salair e» On ne peut pas continuer de transiger avec l’association ”