Face à la canicule, la Croix-Rouge veille sur les démunis
Avant de s’engouffrer dans la camionette, les quatre bénévoles de la Croix-Rouge chargent l’arrière du véhicule de bouteilles d’eau fraîche et de nourriture. Une fois leur gilet orange fluo enfilé et le Samu social prévenu (1), la maraude peut commencer. Depuis une semaine, l’association fait tous les soirs le tour d’Antibes pour s’assurer qu’aucun sans-abri n’est en danger à cause de la canicule. « Normalement en août, nous sommes tous en congés, sauf en cas d’urgence comme c’est le cas en ce moment », explique Marika Roman, présidente de l’antenne locale d’Antibes-Vallauris. Tant que l’alerte canicule est maintenue, les bénévoles continueront à sillonner les rues de la cité des Remparts pour proposer bouteilles d’eau, abricots et brioches à ceux qui en ont besoin. Mardi soir, Eric Duplay, médecin hospitalier et bénévole, se joint à la maraude afin de s’assurer qu’aucun sans-abri n’est en danger ou souffre de problèmes de santé. Marika Roman poursuit : « Si on repère un cas alertant, soit on appelle les pompiers si c’est une urgence soit on informe le Centre communal d’action sociale qui peut retourner voir la personne pendant la maraude de jour. »
Suivi médical
Et au cours de la soirée, certains ont particulièrement attiré l’attention du médecin et des autres bénévoles. Un homme présente des symptômes identiques à ceux de la gale : une multitude de petits boutons rouges recouvrent ses bras. Un autre a développé deux abcès dentaires, provoquant de vives douleurs dans les dents. « Il ne faut pas s’affoler et prendre le temps de la réflexion avant de lancer un traitement compliqué », tempère le docteur. À chaque tournée, la Croix-Rouge vient en aide à une quarantaine de personnes. Bien souvent, les bénévoles connaissent les sans domicile fixe. Les cas de violences envers les hommes et les femmes de l’association sont rarissimes : « La rue nous respecte vachement, ils savent qu’on est là pour les aider et non pas les fliquer. »
Alain dort dans la rue depuis 10 ans. Forcément, il connaît bien Marika Roman et son équipe. Au milieu de ses affaires bien ordonnées, à l’ombre d’un arbre, il répond aux questions du médecin, sans broncher. Dans un haussement d’épaules, il confie : « Ca fait passer un petit moment. » Les fortes chaleurs sont aussi meurtrières que les vagues de froid. Le rôle de la CroixRouge consiste aussi à sensibiliser toujours plus sur les risques de la canicule et les moyens de s’en protéger. Le bilan humain de 2003 (entre 15 000 et 20 000 morts) reste dans toutes les mémoires.