De l’ambiance sous les fenêtres du Président
Boudé par François Hollande, le fort de Brégançon renoue cet été avec les vacances présidentielles. Ambiance sur la plage de Cabasson, sous les fenêtres du chef de l’État
Un jour sur l’île du Levant – « côté militaire », précise immédiatement son attaché de presse(1) –, une fin d’après-midi dans les rues de Collobrières, une autre à Cavalaire… Il court, il court Emmanuel Macron. Pas autant, certes que Nicolas Sarkozy, adepte d’un jogging quotidien, quand ce n’était pas une sortie à vélo. Mais en vacances à Brégançon depuis le 3 août dernier, le président de la République et son épouse Brigitte multiplient les petites escapades dans le département. « Il apprécie particulièrement les villages de l’arrière-pays, beaucoup moins fréquentés que les communes du littoral », glisse le même attaché de presse.
Sauts de joie pour un selfie
Devant les grilles du fort de Brégançon, à quelques mètres à peine de la très belle plage de Cabasson, on avait un peu perdu l’habitude de cette agitation estivale que suscite la présence du chef de l’État. « Ça fait cinq ans que ce n’était pas arrivé. Mais à part les journalistes qui ont réinvesti ma terrasse, la présence du Président génère moins de mouvements que les visites du fort », tempère Robert, gérant du restaurant de plage La Paillotte depuis 19 ans. Blasé, le commerçant ? Un peu sûrement. Avec quatre Présidents à son « tableau de chasse », ça se comprend. Mais Robert reconnaît que «si Emmanuel Macron vient à La Paillotte, comme l’avaient fait, en toute décontraction, Nicolas Sarkozy et Carla, ça sera quand même une grande fierté ». Plus tard peut-être… Pour l’heure, il n’a vu que «des gens sauter de joie après avoir fait un selfie avec le Président » en début de semaine. Qu’ils soient touristes ou Varois, nombreux sont ceux à s’arrêter à nouveau devant les grilles de la résidence présidentielle. Et pas uniquement dans l’espoir d’apercevoir Emmanuel Macron. Venu en voisin depuis Cavalaire, JeanClaude Mesguich souhaite remettre une lettre au Président.
Une destinée européenne ?
En « marcheur » convaincu, ce Méditerranéen bon teint voit bien Emmanuel Macron devenir « le premier président de l’Europe dans dix ans ». Mais en ce mois d’août, c’est plus d’Histoire que d’avenir qu’il souhaite parler avec le Président. « Il est temps qu’on écrive l’histoire de la guerre d’Algérie qui pèse lourdement dans les banlieues. Ce n’est pas en refaisant les ascenseurs ou en repeignant les immeubles qu’on aidera les jeunes des cités à se sentir mieux dans leur identité française », assène-t-il. Gentiment «éconduit» par le service de sécurité du Président, JeanClaude Mesguich se résout à déposer son courrier dans la boîte. Sans trop se faire d’illusions. Assis sur le sable, Jean-François, artisan à Thiers (Puy-de-Dôme), est un habitué de la plage de Cabasson. « J’y viens en vacances depuis des années, pour la beauté des lieux, la limpidité de l’eau ». Jumelles sur le nez – « pour satisfaire ma curiosité, observer les yachts au mouillage », précise-t-il – le break estival du Président lui importe peu. « Avec à peine trois semaines de vacances par an, je suis ici pour en profiter, pas pour tenter d’apercevoir Emmanuel Macron », affirme-t-il. Originaires de Moselle, Denis et Madeleine se disent «Macron compatibles». Madeleine ajoute : « J’avais prédit qu’il sortirait vainqueur ». S’ils avouent qu’ils aimeraient bien voir le chef de l’État « en vrai », ils affirment fréquenter la plage de Brégançon avant tout « parce qu’on peut y venir avec les chiens ». C’est aussi le cas d’Octave, citoyen néerlandais. À une différence près : pas plus lui que son épouse ou son fils ne savent qu’ils ont étalé leurs serviettes de bain sous les fenêtres du président français. La destinée européenne de Macron en prend un coup… Heureusement, de retour devant le portail du fort, une famille italienne semble s’intéresser de près à la vie de notre Président. « Ça nous repose de la vie politique du pays », lâche le père, dans un large sourire. Il n’est pas le seul. En cette fin de journée d’été, les badauds se relaient devant l’entrée de la résidence présidentielle pour immortaliser l’instant. Point de couple Macron à l’horizon. Qu’importe. Faute de grive, on mange des merles…