Nice-Matin (Cannes)

Une compresse 100% cannoise pour soulager

Atteinte d’un cancer de l’utérus en 2011, puis du sein en 2017, une Cannoise a imaginé une compresse de graines de lin à placer sur les zones douloureus­es pendant les traitement­s

- GAËLLE ARAMA garama@nicematin.fr www.ulule.com/compresse-galla

Comment transforme­r l’épreuve de la maladie en envie vitale d’entreprend­re et d’aider les autres ? C’est le parcours jalonné d’embûches mais infiniment courageux de Marie Hardy, 50 ans. Derrière les yeux bleus rieurs, on devine les heures de détresse. Les fins de mois difficiles. L’isolement familial. Depuis l’annonce fin novembre d’un cancer du sein. Après « le premier choc » en 2011 d’un premier cancer de l’utérus. Avec une ablation à seulement 43 ans. Sa résilience à elle passe par un projet. Celui de commercial­iser en pharmacie son invention: la compresse Galla, « du nom d’une sainte foudroyée par un cancer ». Un produit qui soulagerai­t les femmes comme elles. Pour financer cette mise sur le marché, cette Cannoise sans moyens a lancé en juin une campagne Ulule sur internet. « J’ai besoin de 6 500 €. Mais cela démarre doucement».

Thermothér­apie ou cryothérap­ie

Son idée? Enveloppée­s dans des housses en velours rose lavables, des poches en coton bio remplies de graines de lin de Normandie qui, congelées, s’appliquent sur les zones douloureus­es après les séances de radiothéra­pie ou après le curage axillaire qu’impose l’analyse des ganglions sentinelle­s. «Le lin accumule le froid et la chaleur. J’ai découvert le concept par mon kiné lors de mon premier cancer. J’ai créé ma société Calinobio et j’ai commencé à en fabriquer moi-même. À l’époque, je les vendais sur les marchés et sur mon site à utiliser chaudes pour les lombalgies, l’arthrose ou les douleurs musculaire­s. Puis, mon chat est tombé malade et j’ai eu l’idée de décliner pour les animaux ». Elle imagine alors des coussins de lin grand format qui, chauffés, permettent d’éviter l’hypothermi­e du chien en postopérat­oire. « J’ai vendu 10 000 pièces à un laboratoir­e pharmaceut­ique vétérinair­e ». Et puis, un nouveau cancer. Après sa biopsie d’avant diagnostic, Marie a eu un gros hématome. A appliqué ces compresses de lin fraîches. « Au bout de cinq jours il n’y avait plus rien ! » D’où le concept décliné en plusieurs tailles selon les utilisatio­ns : mastectomi­e, radiothéra­pie, biopsie…

Fabriqué par des détenus

Ce sont les prisonnier­s du centre de détention de Toulouse qui fabrique ce produit artisanal au look raffiné. « C’est important de faire travailler les prisonnier­s », explique cette ex-travailleu­se du PLI d’Arles. « Ce projet fait partie de ma reconstruc­tion. Ce n’est pour se faire du fric sur le dos des malades », assure cette maman au RSA qui vit seule avec sa fille à la Bocca. Si elle parvient à vendre sa compresse Galla, Marie Hardy s’engage à verser un euro par compresse vendue à Odysséa. « J’espère pouvoir lancer la fabricatio­n en septembre (25 à 40 euros le kit selon la dimension) si la campagne de financemen­t qui se termine le 14 septembre aboutit», glisse-t-elle dans un sourire. Alors Marie Hardy se bat. Sur tous les fronts. Pour sa santé. Et pour apporter « son retour d’expérience­s » aux femmes concernées par cette épreuve. Épreuve transformé­e en aventure profession­nelle ? « J’ai failli mourir dix fois, c’est que j’ai encore quelque chose à faire ! » conclut cette irréductib­le optimiste.

Ce n’est pas pour se faire du fric sur le dos des malades ”

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(Photos Patrice Lapoirie) Placées au congélateu­r ou à réchauffer au micro-onde, ces compresses de bien-être sont conçues pour soulager les femmes atteintes de cancer du sein.
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