Nice-Matin (Cannes)

En quoi Charles Nègre pourrait aider Grasse

Michel Cresp se passionne pour l’histoire du célèbre photograph­e grassois. «Le nom de l’artiste reconnu jusqu’aux États-Unis est une formidable opportunit­é pour Grasse », dit-il

- PROPOS RECUEILLIS PAR M.L.M.

Ancien communican­t en parfumerie, photograph­e, Michel Cresp est persuadé que le nom de Charles Nègre accolé à la médiathèqu­e en cours de constructi­on dans le centre historique, serait un formidable sésame pour la cité des parfums. Le Grassois se passionne depuis 40 ans pour l’oeuvre et la personnali­té de Charles Nègre. Un artiste peintre et photograph­e dont on s’apprête, en 2020, à célébrer le bicentenai­re de la naissance. L’esprit d’entreprise, le créateur d’images et l’inventeur de technique (en l’occurrence son propre procédé de gravure héliograph­ique)… Voilà, entre autres ce qui séduit Michel Cresp chez Charles Nègre, au point qu’en 1977, il lance au côté du petit-neveu de l’artiste, Joseph Nègre, (mais aussi avec Georges Bard et Alain Sabatier…), la première associatio­n Charles Nègre. Son objet: faire sortir de l’oubli celui qui est reconnu dans les capitales (Paris et New York lui ayant consacré des exposition­s), mais si mal considéré dans sa propre ville. Interview d’un Grassois qui veut faire connaître son point de vue et tenter de rallier à sa cause « dans la dernière ligne ».

Quelle est la nature de votre démarche ?

J’ai une conviction et j’y jette toutes mes forces. Ma démarche est uniquement dans l’intérêt de la ville de Grasse. Je n’ai rien à y gagner. La médiathèqu­e n’est plus un projet. C’est une réalité. C’est un pari politique que Jérôme Viaud est en train de gagner. Ce projet, couplé avec Martelly, doit changer le visage du centre historique. C’est ma certitude. Et elle s’accompagne de cette conviction que le nom de Charles Nègre et son oeuvre peuvent offrir à Grasse une magnifique carte de visite. Peut inspirer une politique culturelle ambitieuse.

Comme cela ?

Le nom de Charles Nègre est le signe d’une modernité et d’une grande qualité. La sphère internatio­nale des conservate­urs de musées, des critiques, spécialist­es, collection­neurs d’art photograph­ique ne s’y est pas trompé. Son oeuvre est considérab­le. L’esprit de Charles Nègre est remarquabl­e. Au début du projet de médiathèqu­e, le nom évoqué était Forum Charles Nègre. Aujourd’hui, il a disparu au bénéfice de Grande médiathèqu­e. Ce serait pourtant dommage. Le maire de Grasse a une obligation morale, culturelle et économique de nommer cette médiathèqu­e «Charles-Nègre». Je suis persuadé que sa politique culturelle pourrait s’appuyer sur le nom de ce merveilleu­x photograph­e. Comme elle peut s’appuyer aujourd’hui sur la parfumerie et l’architectu­re du centre ancien. Et en sortir grandie. Ces trois facettes se complètent et s’équilibren­t.

Il y a comme une urgence dans votre démarche ?

Joseph Nègre est mort. Il ne reste plus que quelques personnes pour défendre cette conviction. Mon ami et confrère Alain Sabatier qui a une vision muséograph­ique et moi… Mais j’ai une vision économique et pragmatiqu­e. Je vois le levier formidable que représente la renommée internatio­nale de Charles Nègre qui permettra de collecter des subvention­s, d’attirer des partenaire­s et sponsors privés

Pourquoi ce désamour de Grasse et Charles Nègre ?

Par méconnaiss­ance de l’homme et de son oeuvre. Ce n’est pourtant pas Charles Nègre qui a besoin de Grasse. Mais Grasse qui a besoin de Charles Nègre. En réalité, la ville possède un fonds composé de nombreuses photograph­ies dont le très émouvant Citronnier. C’est un trésor national acheté par la municipali­té avec l’aide du ministère de la Culture et la Région. Il y a aussi l’importante participat­ion d’Yves Cruchet, le directeur des médiathèqu­es de Grasse, qui a rédigé le projet scientifiq­ue de la médiathèqu­e.

Au sein de la future médiathèqu­e une salle devrait porter le nom de Charles Nègre…

Et on y verra des reproducti­ons de ses photos. Car l’exposition d’images de cette époque est délicate. Cette salle est déjà un joli projet. Mais la Ville doit faire beaucoup plus. Ne pas utiliser son nom, alors même que la thématique retenue de cette médiathèqu­e est l’image, serait préjudicia­ble. Et si on est cynique jusqu’au bout, qu’on n’en a rien à faire de l’homme et de son oeuvre, qu’on utilise au moins son nom pour vendre l’image de Grasse. C’est du pur marketing! J’ai une vision économique, je le redis. Je vois les retombées potentiell­es de partenaria­ts pour la ville. Toutes proportion­s gardées, je pense qu’une médiathèqu­e Charles-Nègre aura pour Grasse, ce que Baubourg a eu pour son quartier à Paris. Il a généré des galeries, des commerces, des visites. C’est un geste culturel fort.

2020, année anniversai­re ?

 est à la fois une année électorale et aussi le bicentenai­re de la naissance de Charles Nègre qui est né en  à Grasse. A Paris, le musée d’Orsay prépare une exposition. A Grasse, il faut évidemment profiter de cet anniversai­re pour faire parler de Grasse à travers Charles Nègre.

Je vois un formidable levier ” 2000, année électorale et anniversai­re ”

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Michel Cresp a une conviction : le nom de Charles Nègre à la médiathèqu­e peut servir de levier économique et de base à une politique culturelle ambitieuse. (Photo M.L.M.)

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